Malaise gênant sur Cogeco : la première entrevue de Phillip Danault dérape rapidement

Malaise gênant sur Cogeco : la première entrevue de Phillip Danault dérape rapidement

Par André Soueidan le 2025-12-21

Vendredi soir, tard, presque en douce, Phillip Danault est redevenu un joueur du Canadien de Montréal.

Un retour chargé d’émotion, de symbolique, de souvenirs.

Et dès le lendemain, comme à l’époque, direction le 98,5 FM pour renouer avec les vieilles habitudes : parler après une victoire du CH.

Sur papier, tout était aligné.

Un « beau cadeau de Noël », comme il l’a lui-même dit. Un sourire dans la voix. Une ouverture sincère sur les derniers mois difficiles. Danault ne s’est pas caché.

« C’était beaucoup de montagnes russes depuis le début de la saison. Pas beaucoup de hauts. Beaucoup, beaucoup de downs. »

Jusque-là, rien de problématique.

Au contraire. Le discours est honnête, vulnérable. Il parle de conversations avec son agent, d’une entente mutuelle pour regarder ailleurs, d’un contexte devenu trop lourd à gérer mentalement.

« Si j’ai quelque chose dans la tête, le cœur, la glace ne suivra pas non plus. »

Puis arrive le moment charnière. Celui où l’atmosphère change. Où le ton devient incertain. Où le malaise s’installe, sans que personne n’ait vraiment voulu ça.

Tout part d’une impression lancée à voix haute. Danny Dubé y va avec une question qui se veut honnête, presque nostalgique, mais qui traîne un sous-entendu dangereux :

« Quand tu es revenu à Montréal, on voyait que tu n’étais pas le même Phillip que nous, on avait connu… le feu, l’acharnement, la passion dans ton jeu, on dirait que c’était moins là. »

Boom.

Pas une accusation directe. Une impression. Mais à Montréal, une impression, ça suffit pour raviver un incendie.

Silence. Micro ouvert. Puis la réponse, hésitante, défensive, humaine :

« À Montréal, je n’avais pas joué mal, je trouvais… mais bon, si tu trouves que je n’ai pas bien joué, c’est correct. »

C’est là que tout bascule.

Parce que dans cette phrase-là, il y a tout. La surprise. La blessure. Le réflexe de protection.

Et surtout, ce malaise impossible à rattraper une fois qu’il est installé.

Phillip Danault ne s’attendait clairement pas à ça.

Pas à devoir se justifier. Pas à revisiter ses années montréalaises comme si un procès venait de s’ouvrir en direct à la radio.

Dany Dubé le sent. Trop tard. Il tente de recoller les morceaux, nuance, précise qu’il ne parle pas de mal jouer, mais d’une différence d’énergie, d’étincelle.

« Non, non, non, je n’ai pas dit que tu n’avais pas bien joué, au contraire. Mais de ce que je connais de toi, il y avait une différence entre le gars qu’on avait eu à Montréal et le joueur qu’on connaissait. Même le gars de ta première, deuxième, troisième année à L.A. »

C’est là que le malaise est déjà installé.

Dubé et McGuire tentent clairement de corriger le tir, de désamorcer, de reculer sans perdre la face, mais le mal est fait : la question a touché une corde sensible, et Phillip Danault l’a ressentie comme un jugement sur son passage à Montréal.

Le mal est déjà fait. L’onde de choc est passée. Le silence entre les phrases est plus lourd que les mots.

C’est exactement ça, le danger d’un retour à Montréal.

Tu ne reviens jamais à zéro ici.

Tu reviens avec tes statistiques, tes blessures… et surtout avec tes vieux débats. Tes fantômes.

Les perceptions jamais réglées. Les saisons qu’on a aimées, celles qu’on a mal digérées. Et même quand le joueur est de bonne foi, même quand il veut juste parler hockey, la ville, elle, n’oublie rien.

Danault l’a dit lui-même un peu plus tôt dans l’entrevue : début de saison difficile, tête ailleurs, conversations avec son agent, situation ambiguë, cœur pas à 100 %.

Tout ça est honnête. Tout ça est humain. Mais à Montréal, l’honnêteté n’efface pas le malaise. Elle l’expose.

Et c’est là que ça commence tout croche.

Pas parce que Danault a mal répondu.

Pas parce que Dubé a mal questionné.

Mais parce que Montréal est incapable de laisser un joueur revenir sans lui rappeler ce qu’il était… ou ce qu’on aurait voulu qu’il soit.

Le retour de Phillip Danault ne se fera pas dans l’euphorie naïve. Il se fera dans le bruit. Dans les silences lourds. Dans les comparaisons. Dans les attentes recyclées. Et cette première entrevue l’a confirmé : même avant son premier match, même avant son premier changement, le passé lui a déjà sauté au visage.

Bienvenue à la maison.

Misère...