Martin St-Louis s’est fait poser la question directe en conférence de presse:
« Trouves-tu qu’on manque de respect à Samuel Montembeault ? »
Tout le monde dans la salle a compris que l’inconfort était réel.
Le journaliste Marc De Foy n’a pas lancé cette question par hasard. Il exprimait, avec franchise, ce que plusieurs ressentent : le gardien québécois du Canadien est de plus en plus vu comme un simple pont vers Jacob Fowler. Un gardien de transition. Un nom en sursis.
L'extrait vidéo mérite d'être vue:
Et c’est d’une cruauté sans nom.
Le match préparatoire face aux Penguins devait être l’occasion de se rassurer. Et Montembeault l’a fait. Vingt arrêts en trente minutes. Plusieurs séquences spectaculaires. Du calme. Du leadership. Une présence.
Mais aussitôt que Jacob Fowler est entré dans le match, tout a basculé. Le Centre Bell s’est mis à murmurer, puis à frissonner, puis à scander Fow-ler, Fow-ler...
Sur chaque arrêt, chaque déplacement, chaque regard glacé du jeune Américain de 19 ans, on entendait le même refrain dans les gradins, dans les salons, sur les ondes de radio :
« Ce gars-là est prêt. Ce gars-là, c’est Carey Price 2.0. »
Fowler n’a rien volé. Il a été solide. Il a remporté la fusillade. Il a été poli, posé, modeste devant les caméras après le match.
Mais à quel prix médiatique et émotionnel pour Montembeault.
Personne ne parle d’un échange imminent. Mais tout le monde en parle quand même.
Montembeault entame la deuxième année d’un contrat de trois saisons signé à 3,15 millions de dollars par année. Un contrat où lui et son agent ont été humiliés tellement cela représente des "peanuts".
L vérité, dans les coulisses de la LNH, est brutale : il ne prolongera pas à Montréal. Son camp le sait. Kent Hughes le sait. Et tout le monde sait aussi que Hughes n’a jamais été du genre à perdre un joueur pour rien. Il prépare ses coups, et le départ de Montembeault est déjà inscrit au tableau blanc de Jeff Gorton.
Dans ce contexte, l’explosion de Jacob Fowler ne fait qu’accélérer la mécanique. Ce n’est plus une question de si. C’est une question de quand.
Le camp 2025-2026 devait être celui de la stabilité devant le filet. Kaapo Kähkönen venait d’être signé comme adjoint. Jakub Dobeš avait de bonnes chances d’aller chercher le rôle d'auxilliaire.. On parlait d’une hiérarchie claire.
Mais tout a été bousculé.
Fowler est arrivé comme une tempête, un ouragan, une anomalie. Il joue comme un vétéran, parle comme un joueur de 30 ans, garde les émotions à zéro et les statistiques au sommet.
Son entrevue d'après-match était tellement calme. On dirait Carey Price... en plus sympathique devant les micros:
Même Carey Price n’avait pas ce calme-là à 20 ans.
Et en un seul match, Montembeault est devenu le gardien à sacrifier. Ce n’est pas juste. Ce n’est même pas logique, en surface. Mais la politique du vestiaire, les jeux de perception et les courants médiatiques sont plus puissants que la réalité du mérite.
Depuis le début du camp, Montembeault a tout fait pour rester digne. Il a parlé de l’équipe. Il a vanté les jeunes. Il a parlé des Jeux olympiques. Il a évité toute polémique.
Mais l’ambiance change. Les regards changent.
La question de Marc De Foy en conférence de presse était un point de rupture.
« Martin, trouves-tu qu’on manque de respect à Sam Montembeault ? »
La question planait depuis des jours. Le coach a répondu que personne ne lisait ceux qui clament que Fowler est le gardien qui va gagner la Coupe Stanley à Montréal.
Il a tenté de rassurer. Il a tenté de dire que la chambre avait le respect de Montembeault et c'est tout ce qui complait.
Mais il a aussi ouvert la porte à une réalité nouvelle : Montembeault n’est plus au sommet de la pyramide. Il est dans la cage aux lions.
Dans ce contexte, le téléphone de Kent Hughes sonne. Et les noms des Flyers de Philadelphie et des Oilers d’Edmonton reviennent souvent dans les discussions.
Les Flyers, parce qu’ils savent que Carter Hart ne rejouera plus jamais avec eux. Ils veulent un gardien fiable, stable, sous contrat.
Et Montembeault coche toutes les cases.
Les Oilers, de leur côté, vivent dans l’urgence absolue. Le tandem Skinner–Pickard ne fait pas l’unanimité. Connor McDavid veut des résultats pour qu'il signe sa prolongation de contrat.
Et dans les coulisses, on murmure que le nom de Montembeault est rêvé par les dirigeants des Oilers, qui ont aussi Jakub Diobes dans le viseur.
Hughes n’est pas pressé. Mais il écoute. Et il sait que le marché des gardiens peut devenir très actif si une blessure survient chez un aspirant.
Trop de gardiens, trop de tension.
Gardons-le bien en tête : le Canadien a quatre gardiens qui mériteraient un poste dans la LNH ou la Ligue américaine.
Samuel Montembeault, 28 ans, Olympien, numéro un actuel.
Jakub Dobeš, espoir de l’organisation, prêt à prendre un vrai rôle d'auxilliaire.
Kaapo Kähkönen, vétéran stabilisateur.
Jacob Fowler, le joyau. Le nouveau Price.
Il n’y a pas de place pour tout le monde. Laval ne peut pas accueillir trois gardiens. Montréal ne peut pas en garder trois non plus.
Quelqu’un devra partir. Et ce ne sera pas Fowler.
La tragédie de Montembeault, c’est qu’il est victime du même rêve qu’il a incarné. Le gardien québécois qui fait vibrer le Centre Bell, qui joue pour le peuple, qui inspire les jeunes.
Mais voilà que ce rêve a trouvé un nouveau visage. Et c’est celui de Jacob Fowler, avec son sang-froid, sa technique, sa présence et… son passeport américain.
C’est cruel. Mais c’est la réalité de la LNH. Et à Montréal, tout va plus vite, plus fort, plus tôt.
D’ici la date limite de 2026. D’ici le repêchage de 2027. D’ici la fin du contrat. À un moment ou à un autre, Samuel Montembeault ne portera plus l’uniforme du Canadien.
Il le sait. Tout le monde le sait. Même Martin St-Louis le sait.
Mais ce qui est révoltant, c’est que ça ne devrait pas se terminer comme ça. Pas après tout ce qu’il a donné. Pas après avoir porté le flambeau de la fierté québécoise devant le filet du CH. Pas après avoir accepté un contrat sous-évalué sans aucune clause de non-échange.
Ironiquement, c’est le respect du vestiaire qui tient encore Montembeault en place.
Les joueurs l’aiment. Ils le suivent. Ils savent qu’il a livré la marchandise. Ils ne veulent pas le voir partir.
Mais la réalité est la suivante : les journalistes, les fans, les dirigeants, même les agents… parlent déjà de lui au passé.
Et pendant que Fowler collectionne les fleurs, Montembeault est déjà en train de faire ses valises.