C'est terminé pour Marc Bergevin: le destin a parlé

C'est terminé pour Marc Bergevin: le destin a parlé

Par David Garel le 2025-10-15

C’est le cauchemar que Marc Bergevin avait vu venir à des kilomètres.

L’annonce du renouvellement de contrat pour Jeff Gorton et Kent Hughes, pour cinq saisons supplémentaires, a sonné comme une cloche annonçant la fin de l’ancien directeur général du Canadien de Montréal.

Non seulement cela confirme que son héritage est officiellement balayé, mais cela confirme aussi un fait brutal : il n’est plus le bienvenu dans aucun organigramme de la LNH en tant que DG ou vice-président.

Et le coup le plus humiliant dans cette saga ? Geoff Molson lui-même a pris soin de ne même pas prononcer son nom.

La conférence de presse de Geoff Molson était censée être une simple formalité. Mais chaque mot pesait lourd. On a vu un propriétaire apaisé, fier de ses dirigeants, parler de la « vision à long terme » de Gorton et Hughes, de leur travail « humain », de leur « patience » face à l’adversité.

Tout cela aurait pu être un hommage posthume à Bergevin... mais rien. Pas un mot, pas une mention, pas un merci.

Et pourtant, ironiquement, le contrat à rabais de Nick Suzuki à 63 M$ pour 8 ans, signé sous l’ère Bergevin, a été identifié comme le fondement même de l’échelle salariale actuelle du Canadien.

Une aubaine qui a permis de construire autour d’un noyau stable et à long terme, tout en gardant une flexibilité budgétaire. Et malgré cela, aucune reconnaissance publique. Comme si tout avait commencé le jour où Gorton a atterri à Montréal.

Il faut se rappeler la dynamique d’avant. Quand Marc Bergevin était VP-DG, Geoff Molson occupait le titre de président, mais en coulisses, c’est Bergevin qui menait tout.

Il avait carte blanche, manipulait la communication interne, et s’assurait de tout filtrer. Il a longtemps embobiné Molson, lui promettant des résultats sans jamais livrer la marchandise et ne faisant qu'à sa tête.

Mais aujourd’hui, avec le recul, Molson a clairement appris sa leçon. Il a rétrogradé son propre rôle. Il s’est effacé. Et il a laissé Gorton et Hughes bâtir une structure moderne, fluide, collaborative. L’ère du DG omnipotent est révolue. Et avec elle, celle de Marc Bergevin.

Il ne faut pas être naïf. Ce genre de geste n’est pas que symbolique. Il a des conséquences concrètes dans la ligue. 

Bergevin espérait une nomination à Los Angeles, où il était toujours conseiller spécial de Rob Blake. Mais malgré ses liens étroits avec Luc Robitaille, c’est Ken Holland qui fut nommé quand Blake a été éjecté.

Pourquoi ? Parce qu’aucune organisation ne veut se mouiller avec un dirigeant dont le silence prolongé, la réputation de "party boy" colérique-paranoïaque et le passé tendu avec les médias québécois le suivent comme une tache à vie.

Même Luc Robitaille n’a pas osé proposer son nom comme DG. Il le garde comme conseiller à Holland par pitié.

Mais le simple fait que le Canadien ait réglé le fiasco Bergevin avec une telle efficacité a eu l’effet d’un signal : il est possible d’avancer sans lui, et mieux encore, en l’oubliant.

L’élément central de la nouvelle entente entre le CH et son duo Gorton–Hughes, c’est la reconnaissance que la gestion moderne d’une organisation passe par la collégialité.

C’est Geoff Molson lui-même qui l’a répété :

« Dans ce marché, avec deux langues, avec autant de pression, c’est essentiel d’avoir deux personnes qui dirigent ensemble. »

Plus jamais un seul homme ne contrôlera tout. Plus jamais un DG ne filtrera l’information, imposera sa vision comme un dictateur sportif, méprisera les journalistes au point de les faire taire ou tasser les anciennes légendes de l'organisation comme si elles étaient des moins que rien.

L’époque de l’omerta Bergevin est morte. Et Molson s’en assure en confrimant la gouvernance à deux têtes.

Pendant que Bergevin se cache des médias québécois, Gorton et Hughes empilent les réussites :

Zachary Bolduc pour Logan Mailloux : un vol.

Michael Matheson pour Jeff Petry : un cambirolage.

Lane Hutson au 62e rang : un coup de circuit.

On pourrait continuer comme ça pendant longemps, (Dobson, Slafkovsky...)

Dans ce contexte, la seule mention indirecte de Bergevin, c’est son erreur : l’échange de Logan Mailloux pour un Québécois en feu. Une manière élégante de rappeler son échec… sans même dire son nom.

Pour Marc Bergevin, cette situation devient intenable. Il est invisible publiquement, ignoré dans les annonces officielles, et dépassé par des gestionnaires qu’il méprisait à l’époque. Et ce silence médiatique qu’il s’entête à maintenir devient aujourd’hui un handicap professionnel majeur.

Il n’a jamais donné d’entrevue depuis 2021, à part celle donnée à Marc Bergevin. Il n’a jamais fait son mea culpa. Et aujourd’hui, il regarde les fruits de son son contrat récoltés par d’autres, qui eux, savent parler à la presse, rassurer les joueurs, collaborer avec les agents, et surtout : être humains.

Marc Bergevin croyait se protéger en gardant le silence. En fuyant. En ne parlant à personne. En refusant de s’expliquer. Mais dans une ère de transparence, de culture collaborative et de rendement de comptes, le silence est devenu sa condamnation.

Il croyait que les médias québécois exagéraient, le persécutaient, nuisaient à sa carrière. Mais aujourd’hui, ce sont les médias eux-mêmes qui saluent le travail de ses successeurs. 

Et personne ne demande : « Qu’en pense Marc Bergevin ? »

Parce qu’au fond, plus personne ne le demande. C'est bel et bien la fin... du fantôme...