Retour de Marc Bergevin à Montréal: TVA Sports dévoile la vérité

Retour de Marc Bergevin à Montréal: TVA Sports dévoile la vérité

Par David Garel le 2025-11-10

Marc Bergevin pensait sans doute avoir gagné son pari. Le jour où il a échangé Max Pacioretty contre Nick Suzuki, Tomas Tatar et un choix de 2e tour, l’ancien directeur général des Canadiens de Montréal croyait avoir signé l’échange qui allait sauver sa réputation à jamais.

Un deal brillant, dont tout le monde, médias, partisans, ex-joueurs, finirait par reconnaître la valeur. Et dans les faits, oui, cette transaction est sans doute l’une des meilleures de sa carrière.

Mais la vérité, c’est que même cette réussite a été le fruit du hasard, d’un plan B, d’un coup de chance et non le coup d’éclat visionnaire qu’on voudrait lui attribuer.

L’enquête TVA Sports a dévoilé... ce que tout le monde savait...

Il aura fallu une enquête signée Nicolas Cloutier à TVA Sports pour que la vérité officielle sorte enfin. Non, Nick Suzuki n’était pas le joueur convoité par Marc Bergevin lors des négociations avec Vegas.

En premier lieu, c’est Cody Glass (devenu un plombier) qui était ciblé. Refus catégorique de George McPhee. Bergevin a ensuite tenté sa chance avec Erik Brannstrom (qui joue maintenant en Suisse). Encore un non. Ce n’est qu’en troisième lieu, presque à contrecœur, qu’il s’est tourné vers Suzuki.

McPhee, crampé dans l’ombre, savait exactement ce qu’il faisait : échanger un espoir classé troisième dans sa propre hiérarchie contre un capitaine de 30 buts… mais qui voulait partir.

À ce moment-là, Suzuki n’était le premier choix de personne, même pas de Vegas, même pas du Canadien. Et certainement pas de Bergevin. Ce fait, longtemps masqué, refait surface aujourd’hui alors que le silence médiatique de Bergevin devient insoutenable.

Depuis son congédiement en novembre 2021, Marc Bergevin n’a pas accordé une seule entrevue à un média francophone.

Pire : même avec la venue des Kings de Los Angeles à Montréal et son retour dans sa ville natale ce mardi, lui qui est conseiller spécial du DG Ken Holland, Bergevin refuse encore toute interaction avec les journalistes québécois.

Il se cache. Il fuit. Il agit comme si la province qu’il a dirigée pendant près d’une décennie n’existait plus dans sa réalité.

Il est pourtant à Montréal. Il est vu dans les vols, repéré par des informateurs, mentionné dans les balados. Mais il ne décroche pas, même quand on lui tend la main dans un contexte favorable, comme l’avait fait Tony Marinaro à Vegas lors du repêchage 2024. Bergevin l'avait rejeté comme un moins que rien.

Marinaro n'a jamais accepté la manière dont il a été traité par l'ex-DG du CH.

« Marc fait semblant de ne pas nous connaître. Il pense que c’est de la faute des médias s’il a été congédié, mais je pense en fait que c’est grâce à nous s’il est resté encore quelques années. » avait affirmé le journaliste en furie.

Ce refus obstiné de parler devient pathologique, et aujourd’hui, même ses anciennes réussites comme le dossier Suzuki ne suffisent plus à enlever les taches à son dossier.

Il faut dire que l’histoire de Nick Suzuki, elle aussi, vient accentuer le malaise. Il a toujours été le négligé. Pas le premier choix de l’Attack d’Owen Sound dans la OHL.

Pas le premier choix d’Équipe Ontario aux Jeux du Canada. Pas le premier choix de Vegas au repêchage (Cody Glass avait été sélectionné 6e alors que Suzuki avait été appelé au 13e rang. Même pas le premier choix de Marc Bergevin dans l’échange de Pacioretty.

Et pourtant, c’est lui aujourd’hui qui est capitaine du Canadien, meilleur pointeur de l’équipe et co-leader offensif de la LNH avec David Pastrnak depuis le tournoi des 4 Nations.

Et c’est Jeff Gorton et Kent Hughes, pas Marc Bergevin, qui ont décidé de le nommer capitaine. C’est sous leur gouverne que Suzuki est devenu le vrai premier choix. Sous Bergevin, on se demandait encore s’il fallait miser sur Kotkaniemi comme premier centre. Certains rêvaient même de l’échanger contre Wayne Simmonds, qui ne joue même plus depuis des lunes (bonjour Norman Flynn).

Aujourd’hui, tout l’édifice du Canadien est bâti autour de Suzuki, Caufield, Hutson, Dobson, Demidov, Slafkovsky. Et l’échelle salariale, inspirée du contrat à rabais de Suzuki à 7,875 M$, est sans contredit une base solide.

Mais jamais Geoff Molson n’a osé remercier Marc Bergevin. Même lorsque ce contrat est cité comme la meilleure affaire financière du CH, le nom de Bergevin est évité comme la peste.

Et ce n’est pas un hasard. Geoff Molson n’a pas digéré la fin de l’ère Bergevin. Il ne l’a pas digéré sur le plan humain. Il ne l’a pas digéré sur le plan organisationnel. Et il ne veut pas qu’on associe l’avenir du Canadien à cet homme qui a voulu tout contrôler, quitte à brouiller les pistes, taire les journalistes, maltraiter les Anciens du CH et diviser l’interne.

Alors que Gorton et Hughes viennent de signer une prolongation de cinq ans, qu’ils sont salués pour leur transparence, leur approche humaine et leur vision à long terme, Bergevin se referme comme une huître.

Il refuse de reconnaître son rôle dans l’échec du CH. Il refuse même de célébrer ses réussites. Il agit comme s’il n’avait jamais dirigé le club. Comme s’il s’agissait d’un accident de parcours.

Et pourtant, la réalité est sans pitié. Quand Gorton est approché par d’autres clubs, Molson le protège comme un joyau. Quand Bergevin était en poste, il jouait au "boss des bécosses", prenant des décisions seul, excluant son entourage, installant une culture de peur et de contrôle. Et aujourd’hui, ce mur qu’il a érigé l’enferme.

Marc Bergevin voulait que l’échange de Suzuki soit sa grande rédemption. Un geste que les fans retiendraient comme le coup de génie de son règne. Mais il a été doublé.

D’abord par TVA Sports qui l'enfonce au fond du trou. Aujourd’hui, il est dépossédé même de ses propres mérites.

Quand on écrit l’histoire de Nick Suzuki, le nom de Bergevin n’apparaît plus en premier. Il est relégué à une note de bas de page. Un DG qui n’a jamais cru à fond en son joueur. Un homme qui a tout misé sur Glass, puis Brannstrom, avant de s’effondrer sur le bon choix par accident.

Alors que les Kings sont en visite à Montréal, la boucle pourrait être bouclée. Mais Bergevin préfère fuir, une fois de plus.

Et tout le Québec le regarde se cacher derrière son silence, pendant que Suzuki brille… en capitaine que personne ne voulait.