Depuis une semaine, tout le monde se préparait mentalement au même scénario.
Samuel Montembeault devait rejoindre le Canadien à Pittsburgh, reprendre sa place, refermer la parenthèse Laval et relancer la machine.
L’idée avait même été semée publiquement par Martin St-Louis lui-même en conférence de presse.
À Montréal, quand une information sort de la bouche du coach, elle devient rapidement une certitude collective.
Et pourtant.
Le Canadien a choisi de reculer. Volontairement. Calmement. Et pour une fois, intelligemment.
Renaud Lavoie a mis les choses au clair ce matin :
« Samuel Montembeault est revenu avec le Rocket hier et aura deux entraînements à Brossard demain et mardi. Les parties impliquées s’entendent pour dire qu’il est préférable ainsi avec le fait que Jakub Dobeš aura probablement le départ ce soir et probablement Jacob Fowler mardi. Montembeault va maintenant rejoindre le CH pour le voyage qui débute à Tampa le weekend prochain. »
Traduction hockey : on arrête de précipiter les choses.
Après tout ce qui s’est passé dans le dossier des gardiens au cours des derniers jours, ramener Montembeault trop vite aurait été une erreur de plus à ajouter à une liste déjà bien garnie.
La semaine dernière a été intense, bruyante, émotionnelle.
Jacob Fowler projeté trop vite sous les projecteurs.
Jakub Dobeš qui gagne, puis qui cède quand même sa place.
Un vestiaire qui cherche de la stabilité pendant que l’extérieur réclame des réponses immédiates.
Mais samedi soir, au Centre Bell, quelque chose a changé.
Fowler a repris le filet et a livré son premier blanchissage de l’année. Une ovation sentie, spontanée, méritée. Un moment fondateur dans une carrière de gardien, un de ceux qui restent gravés à vie.
À partir de là, impossible de parler de retour à Laval.
C’est exactement pour ça que la décision prise autour de Samuel Montembeault cette semaine mérite d’être lue autrement.
Pas comme un recul paniqué. Pas comme un aveu d’échec. Mais comme une tentative ... enfin ... de ralentir le tempo.
C’est une décision qui reconnaît deux réalités en même temps.
La première : Fowler mérite de rester ici. Point.
Pas pour sauver la saison, pas pour porter l’équipe sur ses épaules, mais parce qu’il vient de prouver qu’il peut respirer sous la pression du Centre Bell.
La deuxième : Montembeault avait besoin de temps. Pas d’un retour précipité dans un environnement chargé émotionnellement, mais de répétitions, de structure, de calme.
On a passé la dernière semaine à tout mélanger. Résultats, développement, émotions, urgence médiatique. Là, pour une rare fois, le Canadien semble accepter de ne pas tout régler en 48 heures.
Dobeš continue de faire ce qu’on lui demande : être prêt, répondre présent quand son numéro est appelé, accepter une rotation imparfaite sans broncher.
Fowler, lui, vient de vivre un moment charnière qui change la perception autour de lui ... celle du public, du vestiaire, et probablement la sienne aussi.
Et Montembeault, malgré le bruit, malgré le contraste brutal avec ce qu’il vivait il y a quelques mois à peine, obtient enfin un espace pour se reconstruire sans servir de paratonnerre.
Ce n’est pas spectaculaire. Ce n’est pas vendeur. Mais c’est cohérent.
Et surtout, pour une fois, le Canadien ne vient pas écraser un moment positif sous prétexte de « gestion d’actifs ».
Fowler a gagné son droit de rester. Montembeault a gagné le droit de respirer. Dobeš continue de gagner le respect à force de professionnalisme.
Après une semaine à courir après le feu, Montréal a finalement accepté de baisser le volume.
Et dans une position aussi fragile que celle du gardien de but, c’est peut-être la décision la plus intelligente prise depuis longtemps.
AMEN
