Martin St-Louis subit un malaise en salle de presse

Martin St-Louis subit un malaise en salle de presse

Par David Garel le 2025-12-03

Pauvre Martin St-Louis.

Déjà qu'il semblait fragile devant les médias hier, il a subi un malaise complet face à la presse francophone.

On peut de plus en plus voir ce que le marché montréalais fait réellement vivre à l’entraîneur du Canadien.

La scène, pourtant, n’avait rien d'hostile au départ. Le coach voulait la traduction de  "mental toughness". 

Martin St-Louis s’est retourné vers Chantal Maccabée, la personne qui depuis trois ans protège son image, filtre les demandes, apaise les tempêtes, pour lui demander comment traduire cette expression en français.

« Mental toughness… c’est quoi en français? »

Chantal Maccabée a éclaté de rire en répondant "la dureté du mental".  Les journalistes francophones aussi étaient crampés.

Et ce n’était pas un rire méchant. Ce n’était pas un rire dirigé contre lui.

C’était le rire instinctif de toute une génération qui a immédiatement pensé à la réplique la plus culte des "Boys", quand Marc Messier, dans son personnage de Bob...

« La dureté du mental! »

Le hockey québécois a ses codes, ses phrases sacrées, et celle-là est probablement la plus connue. Chantal Maccabée l’a répétée dans un fou rire nerveu, et les journalistes ont ri encore plus fort.

Mais St-Louis, lui, ne riait pas du tout. Il regardait autour de lui comme un homme à qui on refuse l’information.
Comme un homme convaincu qu’on rit de lui, pas avec lui.

Son visage a changé instantanément.

Le ton s’est durci, les yeux se sont plissés, l’irritation s’est installée. Le malaise de l'année, à voir dans l'extrait vidéo suivant:

À cet instant précis, Montréal a vu quelque chose que le public ne voit jamais : un entraîneur qui se sent attaqué, déstabilisé, incompris dans sa propre langue, dans son propre marché, devant sa propre salle de presse.

C’est là que tout s’explique.

Cette scène, aussi banale qu’elle puisse sembler, est la clé pour comprendre ce qui s’est produit quelques minutes plus tôt avec Anthony Martineau.

Un journaliste francophone qui pose une vraie question sur le système défensif, la question que tout le Québec se pose depuis trois semaines :

« Qu’est-ce qui différencie le man-to-man quand ça fonctionne et quand ça ne fonctionne pas? »

Et St-Louis a répliqué, agressif, fermé, sec :

« Je parlerai pas du système ce soir. Aucun rapport avec le système.»

Fin de la discussion. Pas de nuances. Pas de patience. Pas d’explication:

Pendant des mois, plusieurs observateurs se sont demandé pourquoi St-Louis devenait si bête, si nerveux, si sur la défensive dès qu’un journaliste francophone veut simplement creuser un peu plus.

La scène du « mental toughness » a fourni la réponse sur un plateau d’argent.

Quand Chantal Maccabée et les journalistes se sont mis à rire, St-Louis n’a pas compris la référence aux Boys.
Il n’a pas compris que ce n’était pas lui la cible.

Il n’a pas compris que l’expression avait une portée culturelle propre au Québec.

Il a seulement entendu le rire. Et il a cru que le rire était dirigé vers lui.

Dans le sport, il n'y a rien de plus dangereux pour la relation entre un coach et son marché qu’un entraîneur convaincu qu’il est ridiculisé.

À cet instant précis, St-Louis s’est fermé comme une huître.

Et c’est ce malaise-là, ce fossé entre son intention et la perception de la salle de presse, qui explique pourquoi il s’est montré si méprisant.

Voilà pourquoi il était dans un mode défensif total. Un mode où n’importe quelle question devient une critique. Un mode où tout ce qui vient du côté francophone lui semble chargé, piégé, hostile et moqueur.

Ce soir, St-Louis n’a pas été le coach confiant qui explique calmement sa philosophie.

Ce soir, St-Louis a été un coach sur ses gardes, sur le qui-vive, convaincu, à tort, que tout le monde riait de lui.

Ceux qui suivent les points de presse quotidiennement l’ont remarqué depuis longtemps : Martin St-Louis ne répond pas de la même façon aux deux groupes médiatiques.

Mais cela n'a jamais aussi été aussi flagrant qu’hier.

Quand Anthony Martineau pose la question sur le système : stoppé net.

Quand un autre journaliste francophone tente d’élargir la discussion : réponses sèches, agacées, défensives.

Puis Eric Engels, côté anglophone, pose… exactement la même question. Mais cette fois, miracle :

St-Louis devient patient, détaille sa pensée, donne des exemples explique ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, développe même longuement sur l’écart entre exécution et intention.

Deux réalités, deux tons, deux traitements diamétralement opposés.

Même question. Même sujet. Deux réponses qui n’habitent pas la même planète. Il suffit d’observer ses yeux pour comprendre : avec les anglophones, il se sent respecté, écouté, compris.

Avec les francophones, il se sent observé, jugé, attaqué.

La scène du « mental toughness » lui a confirmé, dans sa tête, qu’on riait de lui. Et toute la fin du point de presse a été contaminée par cette impression.

Un coach qui se sent ridiculisé devient un coach qui attaque. Et hier, ce sont les journalistes francophones qui ont encaissé la tempête.

Hier soir, St-Louis a montré un malaise profond : il ne comprend pas toujours les codes culturels du Québec, il ne décèle pas l’humour local, il interprète les rires comme des attaques, et il réagit en conséquence.

Pour la première fois depuis qu’il est en poste, Montréal a vu un coach qui ne maîtrise plus la dynamique avec sa propre salle de presse.

Un coach qui croit, sincèrement, qu’on se moque de lui.

Comment ce malaise va-t-il évoluer si les défaites s’enchaînent et que les critiques deviennent plus lourdes?

Si un entraîneur perd confiance envers sa propre presse francophone, c’est tout le rapport entre l’équipe et son marché qui va se briser.

Ça nous pue au nez.