Martin St-Louis crée la commotion: Patrick Roy s'effondre en conférence de presse

Martin St-Louis crée la commotion: Patrick Roy s'effondre en conférence de presse

Par David Garel le 2025-10-14

Alors que le CH revient à Montréal avec une fiche de 2-1, fort d’un début de saison rassurant, c’est un Martin St-Louis ému, humain et assumé qui a fait vibrer les ondes du 98,5 FM dans une entrevue intime avec Mario Langlois.

Pendant ce temps, de l’autre côté de la Ligue nationale, Patrick Roy traverse une tempête identitaire à Long Island, coincé dans un rôle d’entraîneur-chef qu’il ne semble plus reconnaître lui-même.

En trois matchs, les Islanders sont 0-3. Leur gardien vedette Ilya Sorokin est méconnaissable. Leur jeu est hésitant. Leur coach, lui, est méconnaissable.

Roy a troqué sa dureté, son feu, son franc-parler sans pitié pour une approche plus douce, plus patiente, presque inspirée de celle de St-Louis.

Mais ça ne fonctionne tout simplement pas. La différence entre les deux hommes n’a jamais été aussi flagrante. Et brutalement ironique.

Dans ce long entretien radiophonique, Martin St-Louis a parlé de ses joueurs comme d’une extension de sa propre famille.

« Je les traite comme mes enfants », a-t-il lancé, la voix légèrement tremblante.

« Ils le savent. Ça ne veut pas dire que je suis doux, que je suis toujours gentil. Mais je suis juste. On se parle dans le blanc des yeux. Il y a toujours du respect. »

Ce n’était pas du théâtre. Ça venait du coeur. Le coach du Canadien, qui a 50 ans, a souvent été critiqué pour son manque d’expérience, ses phrases toutes faites sur les « intentions », le « processus », ou la « liberté créative ».

Mais ce lundi de l’Action de grâce, il n’y avait pas de jargon marketing. Il y avait un homme. Un père. Un frère de hockey. Un leader qui refuse de traiter ses joueurs comme des pions.

St-Louis a expliqué qu’il valorise le droit à l’erreur, parce que c’est en tombant que l’on apprend. Il a martelé l’importance de la culture, du respect, de l’altruisme.

Il a parlé de la rentrée au Centre Bell comme d’un moment de communion. Il a défendu l’idée de guider plutôt que punir. De bâtir un groupe plutôt que de diriger de simples joueurs de hockey.

À chaque fois que le coach parle, il crée une commotion émotionnelle chez ses joueurs. Et ça marche.

Son équipe joue bien. Ses jeunes joueurs s’épanouissent. Le lien est fort. Le CH montre un courage et une solidarité qui trahissent une identité claire, assumée, forte.

Et pendant ce temps, Roy s’effondre à Long Island.

Ce même lundi, les Islanders de New York perdaient 5-2 à domicile contre les Jets de Winnipeg. Trois matchs. Trois défaites. Une équipe sans rythme. Un gardien étoile (Ilya Sorokin) qui se cherche. Et un Patrick Roy transformé, presque perdu.

Après le match, Roy a protégé Sorokin. Il a parlé de « confiance », de « patience », et de « pas de panique ». Il a même cité son jeune défenseur Matthew Schaefer comme exemple à suivre pour les vétérans, soulignant sa « liberté » et sa « spontanéité ». Cela aurait pu sortir mot pour mot de la bouche de St-Louis.

Il est tout simplement méconnaissable dans cette conférence de presse:

Mais ce n’est pas du tout le Roy qu’on connaît. Ce n’est pas le Roy qui, à Québec, claquait des portes et confrontait ses joueurs publiquement. Ce n’est pas le Roy qui faisait du « Rough & Tough » sa marque de commerce.

Ce n’est pas le Roy qui disait qu’un bon joueur, c’est un joueur qui a peur de te décevoir. Ce Patrick Roy-là n’existe plus. Il s'effondre devant ns yeux. Pire encore, il a tenté d’imiter Martin St-Louis.

Mais il n’a ni le ton, ni le contexte, ni le lien humain que St-Louis a patiemment bâti. Son message ne passe pas. Il est brouillé, hésitant, sans fondation.

Patrick Roy n’a pas échangé les mauvaises pièces. Il s’est échangé lui-même.

Dans ses propos d’après-matc suite à la défaite les Jets de Winnipeg, Patrick Roy a livré une conférence de presse qui a choqué par sa douceur, sa complaisance et son ton presque paternaliste, bien loin de l’image de l’entraîneur fougueux et intransigeant qu’on connaissait.

Plutôt que de hausser le ton après une troisième défaite consécutive, Roy s’est lancé des fleurs à tout le monde, parlant d’« urgence de gagner » à chaque présence, tout en se félicitant de leur performance malgré le résultat.

« Honnêtement, à part ne pas avoir eu les deux points, on a joué un bon match », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que les siens ont « contrôlé la rondelle », qu’ils ont eu « un bon début de match », et que le gardien adverse avait fait « de très bons arrêts ».

Sur Ilya Sorokin, qui a concédé des buts douteux : « J’ai beaucoup de confiance en lui, beaucoup de confiance. Il a pris le blâme pour certains buts, mais de mon côté, il a ma confiance. »

Quant au jeune Matthew Schaefer, il l’a couvert d’éloges : « Ce que j’aime chez lui? Il n’a aucune hésitation. Il y va. Et tu sais quoi? Je m’en fous s’il fait une erreur, je m’en fous. Il joue. »

Même les défaillances du quatrième trio sont minimisées. À la question sur les revirements et les surnombres défensifs, Roy a reconnu que l’équipe « donne des chances sur des attaques à cinq pour une raison ou une autre », mais a tout de suite enchaîné en réaffirmant que ses joueurs jouaient « avec urgence » et que c’est « un jeu d’équipe » où il faut « rester ensemble ».

Cette nouvelle version de Roy, plus douce, plus résignée, n’a pas la même force que celle d’antan. Elle ne convainc ni les médias, ni les partisans, et surtout, elle semble trahir l’essence même du personnage qu’il a toujours incarné.

Dès son embauche, Roy a refusé de parler de reconstruction. Il voulait gagner maintenant. Il a changé ses adjoints, il a modifié certaines structures, mais il n’a pas touché au noyau.

Il a demandé à Mathieu Darche de ne pas échanger Mathew Barzal ou Bo Horvat. Il n’a pas reformaté cette équipe vieillissante et figée par le passé.

Au lieu de ça, il a tenté de les faire jouer comme s’ils étaient jeunes, rapides, instinctifs. La vérité est que cette équipe a besoin d'être détruite... pour être reconstruite..

La plus grande tristesse dans ce cauchemar, c’est que Roy a toujours méprisé les entraîneurs qui se veulent “modernes”, pleins de concepts et de langages corporatifs.

Il riait du mot “processus”, de l’approche “maternelle”. Il voulait des résultats, du feu, de la sueur. Aujourd’hui, il cite l’importance de “jouer sans hésitation”, comme St-Louis. Il protège ses gardiens comme St-Louis. Il répète que les erreurs sont “acceptables”, comme St-Louis.

Il valorise les « intentions » au lieu des chiffres. Mais tout cela sonne faux. Car chez Martin St-Louis, c’est cohérent. C’est son ADN. Chez Roy, c’est un masque. Et les joueurs le sentent.

Pendant que le CH se soude autour d’un message d’unité, les Islanders se fragmentent autour d’une identité floue.

Pendant que St-Louis pleure presque à la radio en parlant de ses joueurs comme d’une famille, Roy semble lire un script qui ne lui ressemble pas. Il est en train de se diluer. De s’éteindre. De se perdre.

Il est encore temps pour Roy de revenir à ce qu’il est : un entraîneur émotif, dur, exigeant, intense. Ce n’est pas un défaut. C’est sa force. C’est ce qui le rendait unique. Ce qui faisait trembler les bancs adverses.

Mais s’il continue d’essayer d’être Martin St-Louis, il ne survivra pas à cette saison. Tenter de copier quelqu'un dans le sport, est la mort de l’authenticité. Et Roy, en ce moment, est tout sauf authentique.

Pendant ce temps, à Montréal, le CH trace sa voie, tranquillement, mais sûrement. Son entraîneur est au sommet de sa popularité. Il parle avec son cœur, dirige avec ses tripes, et bâtit une équipe à son image.

L’un est en train de se trouver. L’autre est en train de se perdre.