Lors de la présentation du bilan de mi-saison des Canadiens de Montréal, le directeur général Kent Hughes a tracé un portrait clair de sa vision à long terme pour l’équipe.
Cependant, selon l’analyste Dany Dubé, cette approche axée sur l’avenir pourrait avoir déçu l’entraîneur-chef Martin St-Louis, qui espérait davantage d’engagement pour atteindre les séries éliminatoires dès cette saison.
Dany Dubé, sur les ondes du 98,5 FM, a souligné une distinction nette entre la gestion quotidienne de l’équipe par St-Louis et la perspective à long terme adoptée par Hughes.
« Ce qui m’interpelle, c’est le fait qu’il y a une séparation très claire entre la gestion de l’avenir et la gestion du quotidien. Hughes est concentré sur le futur, tandis que St-Louis est dans l’immédiateté, dans l’objectif de gagner ici et maintenant », a-t-il expliqué.
St-Louis, reconnu pour sa mentalité de gagnant, s’attendait à ce que Hughes adopte une approche plus audacieuse sur le marché des transactions, surtout après une première moitié de saison où l’équipe a montré des signes encourageants.
Or, les propos de Hughes mercredi dernier ont plutôt laissé entendre qu’il se positionnait davantage comme vendeur que comme acheteur.
Kent Hughes a réitéré son intention de bâtir une équipe compétitive à long terme, inspirée des modèles de franchises comme la Caroline, Tampa Bay ou Vegas.
Ses priorités sont à quelques années en avant. Il veut construire une organisation durable, pas simplement se qualifier pour les séries cette année.
Cette vision pourrait freiner l’enthousiasme de St-Louis, qui aurait souhaité un appui plus concret pour maximiser les chances de son groupe actuel.
Cette divergence entre la direction et l’entraîneur pourrait avoir des répercussions sur le moral des joueurs, notamment ceux qui espéraient des renforts pour consolider leur position dans la course aux séries.
D’ailleurs, selon Dubé, St-Louis pourrait ressentir une certaine frustration face à la passivité apparente de Hughes.
Ce n’est pas un secret que St-Louis est un compétiteur. Il aurait aimé voir son DG être all-in pour cette saison. »
Alors que la deuxième moitié de la saison s’amorce, les Canadiens se trouvent à un carrefour important.
Hughes continuera probablement à évaluer ses options en vue de la date limite des transactions, mais son refus de sacrifier l’avenir pour des succès immédiats envoie un message clair : les séries ne sont pas la priorité absolue cette année.
Reste à voir comment Martin St-Louis naviguera cette situation, lui qui doit composer avec des attentes élevées de la part des partisans et des joueurs.
Pour l’instant, il semble que la vision à long terme de Hughes prenne le dessus, au risque de décevoir ceux qui croyaient en une qualification rapide pour les séries éliminatoires.
D’ici la fin de la saison, Kent Hughes semble prêt à prendre des décisions importantes qui façonneront l’avenir des Canadiens, tout en maximisant les opportunités de développement pour ses jeunes talents.
Le DG s’est engagé à garder un équilibre entre les besoins immédiats de l’équipe et son objectif à long terme : bâtir une formation capable de rivaliser parmi les meilleures de la ligue.
Logan Mailloux, qui brille avec le Rocket de Laval, devrait revenir avec le grand club avant la fin de la saison. Hughes souhaite lui offrir davantage de matchs pour qu’il puisse s’adapter aux exigences de la LNH.
Cependant, il ne s’agit pas simplement de le rappeler pour remplir un poste : l’objectif est clair, préparer Mailloux à devenir un défenseur de la LNH dès la saison prochaine.
David Savard, vétéran respecté dans le vestiaire, sera échangé à une équipe prétendante pour les séries. Cette décision, bien que difficile, permettrait aux Canadiens de libérer de la place pour leurs jeunes défenseurs tout en récompensant Savard pour ses services rendus afin de lui donner une chance de gagner la Coupe Stanley.
De son côté, Christian Dvorak représente une autre pièce que Hughes pourrait déplacer, particulièrement si une offre intéressante se présente.
En libérant Dvorak, les Canadiens pourraient évaluer la progression de leurs jeunes centres, notamment Owen Beck, qui semble prêt à relever le défi.
La priorité pour Hughes est d’évaluer les forces internes de l’organisation, et Owen Beck est un élément clé de ce processus.
Le jeune joueur, qui a montré des progrès constants, devrait avoir la chance de jouer quelques matchs avec les Canadiens. Cette évaluation est cruciale, surtout si Dvorak quitte l’équipe avant la date limite des transactions.
Un autre défi majeur pour Hughes est la gestion de la masse salariale. Le contrat de Juraj Slafkovsky, qui entrera en vigueur l’an prochain pour huit ans à raison de 7,6 M$ par saison, limitera considérablement la flexibilité du Canadien sur le marché des agents libres, sans oublier le contrat de Kaiden Guhle (5,5 M$ par année) qui commence aussi.
Cette réalité pourrait forcer Hughes à éviter de signer un joueur de renom, sauf en cas de départs supplémentaires ou de transactions créatives.
Hughes garde également un œil attentif sur des espoirs comme Ivan Demidov et David Reinbacher. Le premier a déjà démontré des progrès impressionnants dans la KHL, tandis que le second, malgré une saison compromise par une blessure, continue d’apprendre aux côtés des vétérans à Montréal.
Le développement de ces jeunes talents est essentiel pour bâtir une équipe compétitive dans les prochaines années.
En plus des décisions stratégiques liées au développement des jeunes joueurs et aux transactions potentielles, Kent Hughes devra gérer plusieurs contrats qui arrivent à échéance, ce qui jouera un rôle crucial dans la préparation de l’équipe pour les prochaines saisons.
Plusieurs contrats importants prendront fin à l’issue de cette saison, notamment ceux de David Savard, Michael Pezzetta, Christian Dvorak et Joel Armia.
Ces départs permettront aux Canadiens de libérer près de 12,16 M$ sur leur masse salariale, sans oublier que Hughes va se libérer des contrats coûteux comme ceux de Jeff Petry et Jake Allen, dont les retenues salariales disparaîtront également à la fin de la saison, Hughes gagnera 4,27 M$ supplémentaires.
Bien que cette somme semble prometteuse, Hughes devra garder en tête les nouvelles charges financières qui pèseront dès 2025, notamment avec l’entrée en vigueur des contrats de Juraj Slafkovsky (7,6 M$) et Kaiden Guhle (5,55 M$).
Cette projection pousse le DG à planifier dès maintenant pour éviter de se retrouver dans une impasse financière lorsque viendra le temps d’améliorer l’équipe avec des joueurs établis.
Le plan de Kent Hughes montre une approche calculée et prudente. Bien qu’il ne soit pas "all-in" pour cette saison, ses décisions montrent qu’il cherche à maximiser le potentiel de l’équipe sur le long terme.
Toutefois, cette stratégie, bien que rationnelle, pourrait frustrer les partisans et certains membres du personnel, dont Martin St-Louis, qui aspirent à des résultats immédiats.
Pour Hughes, la route vers un succès durable passe par des choix difficiles, mais nécessaires.
Quitte à froisser son coach.