La défaite d'hier soir n'a pas seulement fait mal au classement,
En regardant la furie sur les réseaux sociaux, on voit une fracture beaucoup plus profonde.
On ne parle plus seulement d'un match échappé, un système imparfait ou une décision discutable, mais bien une rupture émotionnelle entre un entraîneur et une partie importante de l’opinion publique québécoise.
Une cassure nette, brutale et presque irréversible dans la façon dont ses paroles sont reçues, interprétées et retournées contre lui.
Tout avait pourtant l’air sous contrôle. Une avance de 3-0, un rythme maîtrisé, un Canadien qui semblait enfin comprendre comment jouer avec le score et non contre lui, une soirée qui s’annonçait comme une démonstration de maturité collective après des semaines de débats sur le fameux man-to-man.
Puis tout a basculé, non pas seulement sur la glace, mais surtout devant les micros, au moment précis où Martin St-Louis a choisi ses mots, pour faire comprendre au Québec en entier... à quel point il méprise Arber Xhekaj.
C'est ce qui a vraiment tout fait dérailler. Il n’a pas nommé Xhekaj, mais il a tout fait pour que tout le monde comprenne que c’était lui, il l’a cloué au banc durant toute la 3e période, il a parlé d’« erreurs niaiseuses » avec insistance, il a martelé le mot maturité: en une seule sortie médiatique, il a organisé une mise en accusation publique sans droit de réplique.
Ce que le Québec ne pardonne jamais. Ici, on peut accepter un coach dur, exigeant, même impitoyable sur la performance, mais on déteste profondément la dynamique du bouc émissaire, surtout quand elle vise un jeune joueur flamboyant, imparfait, mais adoré pour son courage et son authenticité.
En ne protégeant pas Xhekaj, en ne contextualisant pas ses propos, en laissant volontairement planer l’ambiguïté tout en sachant très bien comment elle serait interprétée, St-Louis a donné l’impression de frapper vers le bas, de « bully » un joueur déjà vulnérable, et c’est exactement à ce moment-là que quelque chose s’est brisé avec le public.
Martin St-Louis a perdu le contrôle du narratif, et surtout, il a perdu l’adhésion émotionnelle d’un peuple qui n’accepte jamais qu’on humilie l’un des siens, même au nom de la discipline.
Pendant que St-Louis parlait de maturité, une grande partie des partisans, eux, ont commencé à dresser leur propre liste de décisions jugées immatures, mais cette fois du côté du banc.
Ivan Demidov qui joue moins que Joe Veleno. Jake Evans envoyé en prolongation avant de se retrouver au cœur d’une pénalité fatale. C'est quoi qui est niaiseux Martin.
Sur les réseaux sociaux, la réaction a été d’une violence rare.
Ce qui change aujourd’hui, c’est que la patience collective semble épuisée par le décalage entre le discours d’intransigeance envers les joueurs et l’absence d’autocritique publique du côté du banc. St-Louis demande de la maturité situationnelle à ses joueurs, mais refuse obstinément de reconnaître que son système man-to-man amplifie mécaniquement le coût de la moindre erreur individuelle, transformant chaque mauvais pas en surnombre, chaque lecture ratée en chance de marquer immédiate.
Quand il affirme qu’il n’y a « rien à ajuster », il envoie un message très clair : il va vivre et mourir avec ce système, peu importe les dégâts collatéraux. Pour certains, c’est du courage. Pour beaucoup d’autres, c’est de l’entêtement.
À force de répéter que le problème est la maturité des joueurs, il finit par donner l’impression qu’il se place au-dessus de l’équation, comme si le système, lui, était intouchable, presque sacré.
Hier soir, le Canadien n’a pas seulement perdu un match. Martin St-Louis a perdu une partie du capital de confiance émotionnel qu’il avait bâti depuis son arrivée.
Le Québec est tanné. Violemment tanné...
