Tout avait pourtant l’air sous contrôle.
Un match bien amorcé, de bonnes possessions, un Canadien installé dans le rythme, une avance de 3-0 qui n’avait rien d’un mirage. Martin St-Louis l’a dit lui-même après la rencontre : le match était entre les mains de son équipe. Peu de choses concédées, pas de panique, pas de domination écrasante adverse.
Et pourtant, tout a basculé.
Le ton change précisément au moment où le mot revient. Erreurs niaiseuses. Pas une fois. Pas deux. Plusieurs fois. Et chaque répétition frappe un peu plus fort.
Martin St-Louis ne parle pas d’un mauvais système. Il ne parle pas d’un manque d’effort collectif.
Il parle de cadeaux. De décisions qui n’ont pas leur place dans un match mené 3-0.
De joueurs qui cessent d’être conscients du moment, du contexte, du score, de ce que la game exige à ce moment précis.
« On prend le contrôle du match… puis là, on commence à faire des erreurs niaiseuses, puis on leur donne la vie », lance-t-il, visiblement frustré, sans chercher à adoucir le propos.
Lorsque la question revient, plus directe, plus insistante, le ton change subtilement.
Un journaliste lui demande s’il y a des types d’erreurs en particulier qui l’achalent davantage.
La réponse tombe, sèche, sans détour :
« Oui, les erreurs niaiseuses. Celles-là m’achalent beaucoup. »
Et quand on lui demande de définir ce qu’il considère comme une erreur niaiseuse, Martin St-Louis ne prend même pas la peine d’élaborer.
« Si tu regardes la game, tu peux les voir. »
Pas d’exemple. Pas de pédagogie. Juste une évidence, selon lui. Comme si la réponse était déjà sous les yeux de tout le monde, inutile de la répéter.
Pas besoin de tableau blanc. Pas besoin d’analyse avancée. Pas besoin de nommer qui que ce soit. Le message est clair : les images parlent d’elles-mêmes.
Le mot qui revient encore plus souvent que « erreurs », c’est maturité.
Martin St-Louis y revient sans cesse. Pas comme un concept abstrait. Comme une exigence concrète. Une responsabilité individuelle.
« Si notre niveau de maturité est plus élevé, ce game-là… elle devrait être finie à la moitié de la game. »
Ouch...
Ça, ce n’est pas une critique générale. C’est une condamnation précise de certaines décisions prises après le 3-0.
Des décisions qui n’avaient rien à voir avec le système, et tout à voir avec le jugement.
St-Louis insiste
La maturité, c’est l’alerte
La maturité, c’est l’awareness
La maturité, c’est comprendre où on est dans le match et ajuster son jeu en conséquence
« Juste être conscient d’où on est dans la game, des décisions que tu prends, d’où tu vas sur la glace. »
Et quand il parle de conscience du match, difficile de ne pas penser à ce moment précis où un défenseur choisit de jouer la rondelle à une main au lieu de rester avec son homme.
Difficile de ne pas voir la séquence. Difficile de ne pas faire le lien.
St-Louis ne nie pas la malchance sur certains buts. Il en concède même un.
Mais la racine du problème, selon lui, est ailleurs. Elle est mentale. Elle est dans le timing. Elle est dans l’incapacité de fermer la porte quand le match te le demande.
Même en parlant de Jacob Fowler, le discours reste cohérent.
Ce match-là, selon l’entraîneur, fait partie de l’apprentissage.
Mais jamais il ne laisse entendre que le jeune gardien est la raison du déraillement. Au contraire, Fowler a fait ce qu’il devait faire dans un contexte où l’équipe aurait dû être plus mature devant lui.
La conclusion de St-Louis n’a rien d’émotif. Elle est froide. Calculée. Presque clinique.
« Quand tu mènes 3-0, la question devient : quel genre de shift on veut maintenant. C’est là que ça se joue. »
Et visiblement, certains n’ont pas posé la bonne question.
Pas besoin de pointer Arber Xhekaj du doigt. Pas besoin de prononcer son nom.
Le message est passé en direct, devant tout le monde, sans filtre.
Et quand un entraîneur répète autant les mots erreurs niaiseuses et maturité dans la même mêlée de presse, ce n’est jamais un hasard.
Le Canadien n’a pas perdu parce qu’il manquait de talent.
Le Canadien a perdu parce que quelqu’un, à un moment critique, a oublié où il était rendu dans la game.
Pensez-vous qu'Arber va jouer le prochain match...
Parfois se poser la question, c'est d'y répondre
Misère...
