Martin St-Louis: du congédiement au Jack-Adams

Martin St-Louis: du congédiement au Jack-Adams

Par Marc-André Dubois le 2025-03-17

Tout au long de sa vie, Martin St-Louis a dû se battre. Rien ne lui a jamais été donné. Il a tout arraché de ses propres mains. 

On lui a toujours dit qu’il n’était pas assez grand, pas assez bon, pas assez formaté pour faire partie des meilleurs. Et chaque fois, il a répondu avec la même détermination inébranlable.

Aujourd’hui, alors que son équipe est aux portes des séries éliminatoires, il est temps de lui rendre hommage. Parce que ce qu’il accomplit cette saison avec le Canadien de Montréal est tout simplement exceptionnel.

On se souvient encore, il y a quelques mois à peine, Jean-Charles Lajoie annonçait sa démission imminente. Les médias ne parlaient que de son congédiement.

Il était devenu l’homme à abattre, le coach qu’on disait trop inexpérimenté, trop idéaliste, trop perdu dans ses principes pour réussir dans la LNH.

Mais Martin St-Louis a tenu bon.

Il a encaissé chaque coup, chaque critique, chaque prédiction de son échec imminent. Et au lieu de s’écrouler sous la pression, il a fait ce qu’il a toujours fait : il a prouvé que tout le monde avait tort.

Ce n’est pas la première fois qu’on doute de Martin St-Louis.

Depuis ses débuts, on lui a fermé toutes les portes. Non repêché, sous-estimé, réduit à se battre pour une place que personne ne voulait lui donner. Il a dû se frayer un chemin là où on ne voulait pas de lui.

Petit joueur de l’Université du Vermont, il n’a jamais eu la reconnaissance des recruteurs. Il n’a jamais eu le luxe de faire partie de ces jeunes prodiges à qui on promet une carrière dorée. Il a dû se battre pour chaque seconde de glace.

Quand il est arrivé dans la LNH, c’était encore pire. Les Flames de Calgary l’ont ignoré. Il aurait pu disparaître du circuit, devenir une note de bas de page dans l’histoire du hockey. Mais encore une fois, Martin St-Louis n’a jamais accepté qu’on lui dicte ses limites.

À Tampa Bay, il a écrit l’une des plus belles histoires de la LNH.

Champion de la Coupe Stanley, récipiendaire du trophée Hart, de l’Art Ross, du Ted Lindsay. Il est devenu un joueur d’élite dans une ligue qui ne voulait pas croire en lui. 

Il a imposé son nom par sa force de caractère, son travail acharné et son obsession de la victoire.

Et aujourd’hui, il refait la même chose derrière un banc.

Le coach qu’on condamnait déjà

Lorsqu’il a été nommé entraîneur-chef du Canadien en 2022, les doutes sont revenus.

Il n’avait aucune expérience derrière un banc professionnel. Il était une prise de risque, une anomalie dans le monde des entraîneurs.

Et après deux saisons de reconstruction, les critiques ont commencé à pleuvoir. Trop naïf, trop joueur, trop rêveur. On lui reprochait tout.

Cette année encore, en décembre, tout le monde le voyait déjà dehors.

La pression médiatique était insoutenable. Les rumeurs de démission circulaient. Les analystes s’entendaient pour dire qu’il ne passerait pas la saison.

Mais Martin St-Louis a refusé d’abdiquer.

Au lieu de plier sous le poids des attentes, il a galvanisé son équipe. Il a créé un groupe qui refuse d’abandonner, un vestiaire qui se bat à chaque match comme si c’était un match numéro 7.

Aujourd’hui, contre toute attente, le Canadien est en pleine course pour les séries.

Et si l’équipe y parvient, le trophée Jack Adams lui est pratiquement garanti.

Il n’y a pas si longtemps, Martin St-Louis s’est tenu devant les journalistes et a livré un discours qui restera gravé dans les mémoires.

Il a raconté comment toute sa vie, on avait douté de lui.

Comment il avait toujours cru en lui-même, envers et contre tous.

Comment il avait toujours eu le dernier mot.

Il a regardé ses joueurs dans les yeux et leur a transmis cette même conviction indéfectible.

Aujourd’hui, chaque match est un combat. Chaque match est un test de résilience.

Et ses joueurs sont prêts à traverser un mur pour lui.

L’heure de lui rendre hommage

On a souvent dit que Martin St-Louis était trop émotionnel, trop idéaliste, trop entêté.

Mais ce qu’on a sous les yeux aujourd’hui, c’est un entraîneur qui a prouvé qu’il était né pour diriger.

C’est un combattant, un homme qui ne recule devant rien, un coach qui inspire et qui élève son équipe à un niveau qu’on ne croyait pas possible.

Si le Canadien fait les séries, ce sera un exploit monumental.

Et Martin St-Louis aura non seulement sauvé son poste, mais il aura aussi forcé tous ses détracteurs à reconnaître son génie.

On disait qu’il était sur le point de démissionner en décembre.

Aujourd’hui, il est à un pas du Jack Adams.

Jean-Charles Lajoie lui présentera-t-il ses excuses?

Peu importe. Martin St-Louis n’en a pas besoin.

Il a déjà gagné.