Martin St-Louis éclaboussé par Renaud Lavoie

Martin St-Louis éclaboussé par Renaud Lavoie

Par Marc-André Dubois le 2024-12-24

La récente controverse autour de Patrik Laine et des révélations troublantes sur les intentions des Blue Jackets de Columbus auraient pu — et dû — être une occasion pour Martin St-Louis de défendre fermement l’intégrité de son joueur.

Mais sa réponse lors de la conférence de presse d’après-match a laissé un goût amer, donnant l’impression qu’il était prêt à laisser tomber Laine pour éviter d’attiser davantage les flammes.

Lorsque questionné par un journaliste sur les coups répétés que Laine avait reçus pendant la première période, St-Louis a livré une réponse qui a laissé l’assistance sans voix :

« C’est un joueur qui est dangereux. Si on joue contre lui, je dirais d’être physique avec lui. »

Plutôt que de dénoncer les gestes délibérés et dangereux des Blue Jackets, l’entraîneur des Canadiens a semblé non seulement les excuser, mais presque les justifier.

Cette déclaration a immédiatement fait bondir les observateurs et les partisans, qui s’attendaient à ce que St-Louis prenne la défense de Laine, surtout après les révélations de Renaud Lavoie selon lesquelles plusieurs joueurs de Columbus avaient intentionnellement ciblé l’épaule opérée de l’attaquant finlandais.

St-Louis, ancien joueur de la LNH et figure respectée dans le milieu, sait mieux que quiconque à quel point le jeu physique peut déraper.

Il aurait pu — et aurait dû — utiliser cette tribune pour condamner fermement ces pratiques. Au lieu de cela, il a livré une réponse qui, pour beaucoup, ressemble à une validation des gestes des Blue Jackets envers son joueur.

En refusant de s’indigner publiquement, il a non seulement manqué une occasion de protéger son joueur, mais il a également renforcé l’idée que dans le hockey, les représailles physiques sont acceptables, même lorsqu’elles franchissent la ligne rouge.

Rappelons les faits : selon Renaud Lavoie, plusieurs joueurs des Blue Jackets s’étaient entendus pour viser spécifiquement l’épaule opérée de Laine, une blessure grave qui avait déjà compromis une partie de sa carrière.

Ce type de comportement, prémédité et délibéré, dépasse le cadre des « réponses physiques » souvent glorifiées dans le hockey.

On parle ici d’une tentative claire de blesser un adversaire vulnérable, avec des conséquences potentiellement dévastatrices.

Dans ce contexte, les propos de St-Louis ne sont pas seulement maladroits; ils sont complices. En minimisant la gravité de la situation, il envoie un message troublant à ses joueurs et à la ligue : la brutalité, même intentionnelle, fait partie du jeu.

Un entraîneur, surtout dans une organisation comme celle du Canadien de Montréal, se doit d’être un leader, un modèle de probité et de fermeté face aux injustices.

En choisissant de ne pas condamner publiquement les actions des Blue Jackets, St-Louis a échoué dans son rôle de protecteur.

Pire encore, il a isolé Laine, un joueur déjà fragilisé par les critiques et l’hostilité de ses anciens coéquipiers.

Comment un joueur peut-il se sentir soutenu dans une équipe où même son entraîneur refuse de le défendre dans une situation aussi flagrante?

L’incident de Columbus met en lumière un problème plus large dans le hockey professionnel : une culture où les représailles physiques sont non seulement tolérées, mais souvent encouragées.

Dans quel autre sport accepterait-on qu’un joueur cible intentionnellement une blessure connue?

Le silence ou l’ambiguïté des figures d’autorité, comme Martin St-Louis, ne fait qu’entretenir ce cycle de violence.

Au lieu de condamner ces comportements, on préfère les minimiser ou les ignorer, envoyant un signal clair que la sécurité des joueurs est secondaire par rapport à la « tradition » du hockey.

Martin St-Louis a peut-être voulu éviter de jeter de l’huile sur le feu, mais son absence de soutien envers Patrik Laine est une trahison.

En tant qu’entraîneur, il avait le devoir de protéger son joueur et de dénoncer une situation qui aurait pu — et peut-être encore — avoir des conséquences graves sur la carrière et la santé de Laine.

Le hockey a encore beaucoup à apprendre de ses erreurs. Tant que des comportements comme ceux des Blue Jackets ne seront pas fermement condamnés, la ligue continuera de cautionner une culture où la vengeance et la brutalité prennent le pas sur l’intégrité et le respect.

Quant à St-Louis, il devra réfléchir aux implications de ses paroles. En choisissant de rester en retrait, il a non seulement manqué à son devoir de leader, mais il a aussi contribué à isoler un joueur qui, pour le meilleur ou pour le pire, dépendait de son soutien.

Une chose est certaine : dans ce match, la défaite n’a pas été que sur la glace. Elle s’est aussi jouée dans la salle de presse.

Car la réponse controversée de Martin St-Louis lors de ce point de de presse le place dans l'eau chaude après les révélations de Lavoie.

Elle expose également un possible décalage entre l’entraîneur et ses joueurs. Pour qu’une équipe fonctionne, il doit y avoir une cohésion totale entre les joueurs et le staff technique.

Or, en laissant entendre que les coups portés à Laine faisaient partie de la « façon de jouer » contre un joueur dangereux, St-Louis a semé le doute sur son engagement envers la sécurité et la solidarité au sein de son groupe.

Pour comprendre l’ampleur de la déception qui entoure la situation, il faut revenir sur le contexte personnel et professionnel de Patrik Laine.

Le fait que Columbus ait ciblé cette épaule — un geste calculé et cruel — aurait dû faire en sorte que St-Louis monte au front pour son joueur.

Il connaissait cette histoire. Il savait que Laine revenait d’un long chemin de réhabilitation. Alors pourquoi n’a-t-il pas utilisé cet incident pour souligner l’importance de protéger ses joueurs?

Pourquoi n’a-t-il pas exprimé la moindre empathie envers Laine, qui, en ce moment précis, avait plus que jamais besoin de soutien?

 Les joueurs peuvent se demander : si leur entraîneur n’intervient pas pour Laine dans une situation aussi flagrante, que ferait-il pour eux dans un scénario similaire?

Et la LNH elle?

Si des gestes comme ceux des Blue Jackets sont tolérés, quelle garantie ont les joueurs qu’ils seront protégés?

La LNH, qui prétend valoriser le respect et la sécurité des joueurs, se retrouve ici dans une position inconfortable. En fermant les yeux, elle ne fait qu’alimenter un cycle de représailles où la sécurité des joueurs est compromise.

Et les Blue Jackets eux? En ciblant l’épaule opérée de Laine, ils n’ont pas seulement trahi un manque de professionnalisme, mais ils ont aussi donné raison aux critiques de Laine sur leur organisation.

À travers tout cela, Patrik Laine reste la véritable victime. Non seulement il a été pris pour cible sur la glace, mais ses coéquipiers ne se sont pas levés pour le défendre physiquement, et son entraîneur a préféré détourner la conversation plutôt que de le soutenir.

Comme si on voulait faire payer à Laine d'avoir trop parlé. Il a fait une erreur. Mais il aurait dû être protégé.

Car au final, ce n’est pas seulement le comportement de Columbus qui est en cause ici. C’est la capacité du Canadien à se souder dans l’adversité, à protéger ses joueurs et à incarner les valeurs d’une organisation respectée à travers la LNH.

Et pour l’instant, cette capacité semble cruellement absente. 

Réveille Marty...