Martin St-Louis en veut à Patrik Laine: ses propos envoyés à la poubelle

Martin St-Louis en veut à Patrik Laine: ses propos envoyés à la poubelle

Par David Garel le 2025-04-20

Patrik Laine a commis une grosse erreur. Et cette fois, ce n’est pas une question de rendement sur la glace.

Le Finlandais a de nouveau parlé trop vite, sans filtre, sans recul. Questionné à propos d’Alex Ovechkin — son ancienne idole, la légende vivante, le plus grand marqueur de buts de l’histoire de la LNH — Laine a répondu :

« Je ne pourrais pas plus m’en foutre. »

Une déclaration froide, livrée du bout des lèvres, avec un visage fermé, comme si l’on venait de lui parler d’un joueur de quatrième trio d’Anaheim.

La réaction ne s’est pas fait attendre. À Washington, les propos ont été surlignés, amplifiés, décortiqués. Le mot-clic “Ovechkin” est reparti en tendance. Les partisans des Capitals sont furieux. Et on peut les comprendre.

Ce n’est pas ce que Laine a dit qui dérange autant. C’est le ton. Le regard. Le mépris. En séries éliminatoires, chaque mot devient une étincelle. Et Patrik Laine vient d’en allumer une dans la poudrière la plus dangereuse de l’Est.

Il faut aussi voir plus loin. Ce n’est pas la première fois que Laine met de l’huile sur le feu. À Columbus, juste avant Noël, il avait insulté publiquement ses anciens coéquipiers.

Résultat : une volée de coups et une fin de match au vestiaire.

À Montréal, il avait glissé des commentaires passifs-agressifs envers Martin St-Louis.

On se souvient que tout avait explosé lorsque Patrik Laine avait visé son coach marge de la Confrontation des 4 nations.

Questionné sur son enthousiasme à retrouver un rôle offensif avec la Finlande, il avait lancé, le regard dur :

« Quand on joue plus, c’est plus facile de se sentir impliqué. »

Une déclaration qui, sans nommer Martin St-Louis, visait clairement son entraîneur à Montréal.

Il avait enchaîné en admettant qu’il n’avait pas été à son meilleur récemment, mais qu’il fallait aussi « se regarder dans le miroir », comme pour désamorcer partiellement la bombe.

Sauf qu’il était déjà trop tard : la déclaration circulait, les regards se croisaient dans le vestiaire, et tout le monde savait que le message était adressé à celui qui, à ses yeux, ne lui avait jamais fait confiance.

Résultat : le banc pendant une période au complet lors du premier match du CH suivant le tournoi.

Aujourd’hui, il remet ça. Mais cette fois, c’est contre une légende du sport. Un géant respecté partout dans la ligue. Et ce, quelques jours avant un affrontement direct.

Martin St-Louis déteste ce genre de distractions. Lui qui a bâti sa carrière sur le respect, l’humilité et le travail, n’a jamais supporté les provocations inutiles.

Dans sa philosophie, tu n’offres jamais à ton adversaire une motivation supplémentaire. Jamais.

Et voilà que Patrik Laine, sans même le vouloir peut-être, vient de transformer Ovechkin en homme en mission. Un monument outragé.

Mais voilà le dilemme. Parce qu’on ne peut pas parler de Patrik Laine sans parler de tout ce qu’il traîne avec lui.

Ce n’est pas un joueur comme les autres. C’est un être complexe. Un homme qui, il n’y a pas si longtemps, avouait publiquement qu’il avait sombré dans une dépression sévère.

Sur le balado Spittin’ Chiclets, il avait raconté, le cœur ouvert, qu’il ne voulait plus sortir de sa chambre, qu’il avait perdu le goût de vivre, qu’il s’évadait dans les jeux vidéo parce que le monde réel était trop lourd à supporter. Des propos glaçants. Une détresse bien réelle.

À Winnipeg, déjà, on murmurait qu’il pourrait être sur le spectre autistique. À Columbus, il s’isolait du groupe, incapable de trouver sa place dans le vestiaire.

Et maintenant à Montréal, le même scénario semble se répéter. Comme l’a raconté Maxime Truman dans Stanley25, sur les vols d’avion avec l’équipe, tandis que tous les joueurs riaient ensemble, Laine regardait par le hublot, perdu dans sa bulle.

Est-ce qu’il est toxique? Non. Est-ce qu’il est difficile à comprendre? Absolument. Et c’est là qu’il faut faire la part des choses.

Parce qu’il y a une différence entre ne pas s’intégrer et vouloir nuire. Laine n’est pas en guerre avec ses coéquipiers. Il est en guerre avec lui-même.

Il faut donc être prudent. Et c’est là que le commentaire de Stu Cowan dans The Gazette devient problématique. Dire que Laine « détruit la culture du vestiaire » est non seulement exagéré, c’est irresponsable.

Un tel jugement, sans fondement visible dans les gestes de ses coéquipiers — qui le félicitent, qui le défendent, qui se réjouissent avec lui après chaque but — met en danger un joueur déjà fragile.

Et pourtant, Laine a répondu. Sur la glace. Avec des buts. Avec de l’engagement. Avec du courage.

Sans ses buts... le CH ne serait pas en séries...

Mais au lieu d’être célébré, il se fait attaquer à nouveau. Dany Dubé, fidèle à ses réflexes, lui reproche encore son jeu à cinq contre cinq.

Louis Jean affirme qu’il ne faut en aucun cas le garder à Montréal. Et pendant ce temps, les médias s’insurgent du traitement réservé à Mike Matheson, qu’ils protègent comme un trésor québécois.

Pourquoi deux poids, deux mesures?

Pourquoi tant de haine pour Laine, et tant de compassion pour d’autres?

Est-ce parce qu’il est Européen? Est-ce parce qu’il est différent? Est-ce parce qu’il ne parle pas fort, ne sourit pas, ne donne pas de soundbites aux journalistes?

C’est injuste.

Ses buts, surtout en avantage numérique, sont parmi les plus importants de la saison. À rythme égal, il serait sur une saison de 36 à 40 buts. Et il ne joue que 12 à 14 minutes par match. C’est un sniper d’élite. Et on le traite comme un boulet.

À Montréal, on a souvent brûlé ce qu’on avait adoré. On l’a fait avec Drouin. On le fait maintenant avec Laine.

Mais attention. Parce que ce que vous voyez comme un caprice ou une paresse est peut-être la surface d’un combat intérieur immense. Et ce que vous appelez de la mollesse est peut-être une forme d’hypersensibilité qu’on comprend mal.

Un vestiaire, ce n’est pas qu’une affaire de performance. C’est une affaire d’équilibre. Et dans ce vestiaire-là, il y a des gars qui aiment Laine. Qui le protègent. Qui croient en lui.

Alors que les journalistes le mettent au banc des accusés, ses coéquipiers, eux, le soutiennent. Et ça devrait suffire pour qu’on se taise. Qu’on observe. Qu’on laisse vivre.

Le hockey, ce n’est pas une guerre. Mais détruire quelqu’un gratuitement, ça, c’en est une.

Et en ce moment, la guerre menée contre Patrik Laine est indécente.