Chantal Machabée, longtemps perçue comme un modèle de transparence et d'intégrité journalistique, fait face à une pression immense cette année.
Depuis qu'elle a rejoint le Canadien de Montréal en tant que vice-présidente des communications, l'ancienne journaliste se retrouve confrontée à un défi colossal : celui de transformer une organisation souvent jugée opaque en un modèle de transparence.
Une mission presque impossible, mais pourtant urgente, car le club approche la fin de sa reconstruction sportive, et les attentes des médias et du public sont plus élevées que jamais.
L'implication de Chantal Machabée au sein du Canadien avait suscité de grands espoirs. Après des années sous la "loi du silence" imposée par l'ex-directeur général Marc Bergevin et son chef des communications Paul Wilson, les partisans rêvaient d'une ère nouvelle.
Machabée, respectée pour sa franchise et son professionnalisme, semblait être la personne idéale pour instaurer cette nouvelle culture de communication ouverte. Toutefois, la tâche s'avère plus ardue qu'anticipée.
La scène médiatique québécoise est en pleine ébullition, secouée par des tensions grandissantes entre les médias traditionnels et les nouvelles plateformes de diffusion.
Dans ce contexte, les journalistes sportifs, tout comme les fans, réclament des réponses, de l'honnêteté et une véritable transparence de la part du Canadien.
Mais Machabée, autrefois emblème de cette ouverture, est maintenant accusée de protéger l'image du club au détriment de la vérité.
Les critiques ont atteint un sommet lorsqu'un des plus grands noms du journalisme sportif au Québec, Réjean Tremblay, a publiquement accusé Machabée de censure.
Tremblay, en décrivant un incident où Chantal aurait empêché la diffusion d'images jugées "privées" d'une rencontre amicale entre Martin St-Louis et John Tortorella, a frappé un coup dur.
"L'équipe, qui est si riche que ça, fait un deal avec TVA, elle fait un deal avec RDS et en plus, le deuxième actionnaire du Canadien c'est le propriétaire de RDS. Penses-tu qu'ils vont critiquer le co-propriétaire?"
"Après ça, 98.5 paye une somme énorme pour la diffusion des matchs. Donc, ça fait trois médias sur 4-5 qui sont contrôlés."
"Y'a pas de journalisme réel. J'vais te donner un exemple, ça va t'intéresser. Jeudi passé, Canadien va jouer à Philadelphie. Ça fait pas un an, là. Martin St. Louis, le coach que tout le monde aime, rencontre l'autre coach, John Tortorella, qui a une méchante réputation mais qui est fin comme toute en réalité."
"Martin a joué 12-15 ans pour lui, donc les deux se tombent dans les bras pis les deux se mettent à jaser et ils ont du plaisir avant que ça commence."
"Le caméraman de TVA Sports prend les images, 30 secondes. C'est cute, c'est beau. On peut faire une histoire avec ça. Chantal Machabée arrive et dit: 'Non-Non-Non. C'est des images privées ça et ça ira pas en ondes!"
"En temps normal, t'as le droit d'être grossier, bête et dire: 'Chantal, décolle! Ça c'est public, on est dans un building et on paye des droits. Ça c'est à TVA et c'est pour nos auditeurs.' Là, ça aurait été du journalisme. Les images ont jamais été montrées."
Pour lui, cet acte symbolise un contrôle médiatique orchestré par le Canadien, réduisant au silence la liberté journalistique dans un contexte où plusieurs grands médias québécois sont en affaires avec l'organisation.
Ces accusations font mal, d'autant plus que Machabée a bâti sa carrière en défendant l'indépendance et l'intégrité journalistique.
Se retrouver maintenant au centre d'une polémique sur la censure malgré elle, ne doit pas être facile à gérer émotionnellement.
Les partisans, tout comme les médias, attendent d'elle une réponse claire et publique à ces allégations.
Au-delà de ces accusations, c'est la mission même de Chantal qui est remise en question. Peut-elle réellement accomplir ce qu'elle a promis en rejoignant le Canadien ?
La fin de la reconstruction sportive approche, mais la fin du silence, elle, semble encore lointaine. Pourtant, il est temps que l'organisation et ses dirigeants redéfinissent leur relation avec les médias.
Il est temps pour les médias, eux aussi, de retrouver leur courage et de poser les questions difficiles sans crainte de représailles.
Cette saison sera donc cruciale pour Chantal Machabée. Son défi ne se limite plus seulement à la communication stratégique pour une équipe en reconstruction.
Elle doit maintenant prouver que la transparence peut exister, même dans une organisation aussi puissante et influente que le Canadien de Montréal.
En plus des accusations de censure portées par Réjean Tremblay, Chantal Machabée doit aussi naviguer dans un paysage médiatique profondément transformé par l'évolution des plateformes numériques et les nouveaux modes de consommation des contenus sportifs.
L'arrivée de la série documentaire "La Reconstruction : Au cœur des Canadiens de Montréal" sur Crave, une plateforme de Bell Média, est un exemple frappant de ce changement.
Ce choix de diffusion a suscité de nombreuses critiques, notamment de la part des médias traditionnels comme TVA Sports et RDS, qui ont vu cela comme un coup de poignard dans le dos, eux qui sont historiquement les partenaires de diffusion du Canadien.
Pour Machabée, cette décision met en lumière un autre aspect de son rôle : gérer non seulement la communication externe du club, mais aussi les relations avec des partenaires médiatiques stratégiques.
Si Crave permet au Canadien de contrôler plus étroitement son image et son contenu, il soulève également des questions sur l'accessibilité des fans à ces productions exclusives, notamment ceux qui ne sont pas abonnés à cette plateforme.
Le danger de cloisonner l’accès à l’information est bien réel, et pourrait nuire à la relation entre l’équipe et ses partisans, surtout dans un marché aussi passionné que celui de Montréal.
Cette stratégie médiatique s'inscrit dans une tendance plus large observée dans le monde du sport, où les équipes et les ligues cherchent de plus en plus à créer et diffuser leurs propres contenus, contournant ainsi les médias traditionnels.
Pour une organisation comme le Canadien, qui exerce déjà une influence immense sur le marché québécois, cette approche pourrait signifier une réduction encore plus grande de la critique externe.
Dans un tel contexte, comment Machabée peut-elle assurer une transparence véritable si elle est également responsable de veiller à ce que l'image du club soit soigneusement protégée ?
Un autre aspect qui ajoute de la pression sur Chantal Machabée est la relation tendue entre le Canadien et certains membres des médias québécois.
L'ère Marc Bergevin a laissé des cicatrices profondes, et plusieurs journalistes ressentent encore une frustration face à la manière dont le club gère l'accès à l'information et les interactions avec la presse.
Machabée, en tant que visage public de la communication du CH, se retrouve souvent en première ligne, entre un club protecteur de son image et une presse exigeante, en quête de vérités.
La question demeure : jusqu'où Chantal est-elle prête à aller pour satisfaire ces deux camps tout en préservant sa propre réputation de transparence ?
De plus, l’interdiction de montrer certaines images, que ce soit celles de l’accolade entre St-Louis et Tortorella ou d’autres moments jugés sensibles par le club, alimente l'idée que Machabée, malgré son passé de journaliste, a pris le parti de l'opacité plutôt que celui de la clarté.
Ce basculement perçu de "gardienne de la vérité" à "protectrice de l'image" la place dans une position délicate, où elle doit jongler entre son devoir envers l'organisation et son engagement envers la transparence.
La pression est aussi amplifiée par l'ère des réseaux sociaux, où chaque geste, chaque décision est immédiatement scruté, commenté, et souvent critiqué.
Les partisans, plus que jamais, réclament des réponses instantanées, des explications transparentes, et une accessibilité accrue à ce qui se passe dans les coulisses de l'équipe.
Dans cet environnement ultra-connecté, Machabée doit constamment composer avec l’opinion publique, tout en maintenant une cohérence dans la stratégie communicationnelle du club.
Enfin, il est impossible de passer sous silence les enjeux financiers qui pèsent sur le Canadien de Montréal et qui influencent directement les décisions en matière de communication.
La franchise, en tant qu'une des plus lucratives de la Ligue nationale de hockey, est également une machine commerciale bien huilée.
Toute controverse ou perception négative peut avoir des répercussions sur les commanditaires, les partenariats et, in fine, sur la rentabilité du club.
Ainsi, Machabée doit non seulement gérer l'image sportive du CH, mais aussi veiller à préserver sa valeur marchande.
La pression vient de tous les fronts : des médias, des partisans, des dirigeants et même des finances de l’organisation.
À un moment où la transparence est plus demandée que jamais, Machabée doit prouver que son engagement envers la vérité n’a pas faibli, malgré les lourdes responsabilités qu’elle porte en tant que vice-présidente des communications du Canadien.
En plus des défis auxquels Chantal Machabée est confrontée, il ne faut pas sous-estimer la pression qui pèse également sur les épaules de Martin St-Louis.
La pression est forte pour que St-Louis ne se contente pas de réciter des discours préformatés, mais qu’il prenne position, surtout à un moment où le club atteint une phase critique.
Il ne suffit plus d’être simplement charismatique et apprécié; il faut maintenant faire preuve de franchise.
Le cas de Patrick Roy, par exemple, a révélé une facette plus complexe de la gestion de la communication au sein du Canadien.
Des rumeurs ont circulé que St-Louis aurait évité certaines questions lors de conférences de presse, notamment celles sur Roy, l’une des légendes vivantes du hockey québécois.
Il faut dire que quand Roy fut nommé, le Québec était tellement excité, mais aussi jaloux des Islanders d'avoir l'idole québécoise comme coach.
St-Louis semblait vraiment fatigué des questions sur Patrick.
Si cela a été perçu comme une tentative de maintenir le focus sur l’équipe et non sur les spéculations, beaucoup y ont vu un signe de contrôle de l'information orchestré par l’organisation.
Pour les journalistes et les fans, cette absence de transparence renforce l’idée que même St-Louis, connu pour son discours direct, se retrouve parfois pris dans les filets de la communication stratégique.
Les excuses de la reconstruction ne seront plus acceptables,
Une équipe en reconstruction depuis des lunes, après des années dans la cave, ne peut pas se permettre de fonctionner dans l'ombre.
Martin St-Louis et Chantal Machabée sont dans le même bateau. L’heure est à la vérité, que ce soit sur la glace ou devant les caméras.
La loi du silence doit être éliminée.