Tragédie à l'université Brown: Martin St-Louis prononce un discours pour son fils

Tragédie à l'université Brown: Martin St-Louis prononce un discours pour son fils

Par David Garel le 2025-12-14

Ce soir, le résultat est devenu secondaire,

Après la victoire du Canadien contre Edmonton, Martin St-Louis n’est pas entré en conférence de presse comme un entraîneur qui vient de battre les derniers finalistes de la Coupe Stanley.

Il est entré comme un père. Un père visiblement ébranlé, la voix fragile, le regard ailleurs, encore accroché à une angoisse vécue à distance, mais ressentie jusqu’aux tripes.

Avant même de parler de hockey, avant même de répondre à la moindre question sur le match, St-Louis a tenu à s’arrêter. À respirer. À prendre ce temps que personne n’ose réclamer dans ce métier où tout va vite.

Il l’a fait parce que ce qui s’était passé à l’Université Brown ne pouvait pas être relégué en note de bas de page. Parce que, pour lui, ce n’était pas une nouvelle abstraite. C’était sa réalité. Son fils, Ryan St-Louis, est étudiant à Brown.

Il est en dernière année. Il était sur le campus la veille. Il a dû se barricader. Se cacher. Trouver refuge pendant que, à des centaines de kilomètres de là, son père dirigeait un match de la LNH.

« Mon fils étudie à l’Université Brown. Il est en dernière année. Il était sur le campus hier, donc il a dû se mettre à l’abri pendant le match d’hier soir. C’est une tragédie. Ça nous a frappés de plein fouet. »

Ces mots, Martin St-Louis les a prononcés lentement, pratiquement pour que les larmes ne viennent pas à ses yeux. On sentait qu’il revivait sa peur, alors qu'il a douter un moment que son fils aurait pu faire partie des victimes.

Il parlait d’un appel qu’on redoute tous. D’une peur qu’aucun parent ne devrait connaître. Voici son discours qui nous a donné la chair de poule:

La fusillade survenue à l’Université Brown, à Providence, a fait deux morts et neuf blessés, dont huit gravement atteints mais dans un état stable.

Une personne dans la vingtaine a été arrêtée dimanche matin, et les autorités ont levé les mesures de confinement après le déploiement massif de plus de 400 policiers.

Les tirs ont éclaté dans un édifice où se tenaient des examens, transformant un lieu de savoir en scène de chaos. Des étudiants ont fui en laissant leurs effets personnels derrière eux. Des professeurs ont tenté de protéger leurs élèves, accroupis, silencieux, terrifiés. Une université entière s’est figée.

Pour St-Louis, cette tragédie n’était pas qu’un titre dans un fil de presse. Elle frappait directement son foyer.

« Je veux offrir mes pensées et mes prières à toutes les personnes impliquées : les étudiants, les familles, toute la communauté. Ce genre de chose ne devrait jamais arriver. »

Il parlait pour Brown, mais aussi pour toutes ces familles qui, cette nuit-là, ont attendu des nouvelles. Pour les parents qui ont rafraîchi leur téléphone pendant des heures. Pour ceux qui, contrairement à lui, n’ont pas entendu les mots qu’on espère tous entendre : "il est en sécurité".

« Il est en sécurité. Il est de retour à la maison. Mais ça a été une période difficile pour tout le monde. »

À ce moment précis, le silence dans la salle en disait long. Il n’y avait plus d’entraîneur à analyser, plus de stratégie à disséquer. Seulement un homme qui venait de frôler l’impensable.

On oublie parfois, dans l’univers du sport professionnel, que ceux qui dirigent ces équipes vivent les mêmes peurs que tout le monde.

Qu’ils sont parents avant d’être entraîneurs. Que leur sang se glace exactement comme celui de n’importe qui lorsque le mot fusillade est associé au nom de l’école de leur enfant. Le hockey devient alors ce qu’il devrait toujours rester dans de tels moments : secondaire.

Cette tragédie à Brown s’inscrit dans une réalité américaine brutale, répétitive, presque normalisée par la fréquence.

Plus de 300 fusillades de masse depuis le début de l’année. Des campus, des églises, des commerces, des rues, frappés sans logique, sans avertissement. Et toujours les mêmes images. Les mêmes récits. Les mêmes familles brisées. Les mêmes étudiants marqués à vie.

Dimanche soir, Martin St-Louis a rappelé à tout le monde, sans discours politique, sans slogans, que derrière les casques et les bancs de pénalité, il y a des êtres humains.

Que parfois, la victoire la plus importante n’est pas celle inscrite au tableau, mais celle de pouvoir serrer son enfant dans ses bras après avoir craint le pire.

Les pensées et les prières vont aux victimes, à leurs familles, aux blessés, aux étudiants de Brown, à toute une communauté secouée.

Et aussi à cet entraîneur du Canadien qui, pendant quelques minutes, n’était plus un visage public, mais simplement un père reconnaissant, bouleversé, conscient que le hockey, ce soir-là, n’était qu’un bruit de fond face à l’essentiel.

Merci à Martin St-Louis d'avoir prononcé ce discours avec émotion. La salle de presse a versé une larme...