Ce soir, c’est tout un effondrement qui s’est produit sous les yeux du Canada entier. Le Canadien de Montréal menait 5-3 contre les Oilers d’Edmonton avec moins de dix minutes à faire.
En contrôle, calme, patient, du moins en apparence. Et pourtant, ce qui devait être une victoire solide s’est transformé en catastrophe nationale : une défaite de 6-5 après une série de décisions honteuses, d’erreurs mentales et d’un coaching paralysé par la peur.
Tout a basculé sur un « soft call » contre Mike Matheson, une pénalité complètement douteuse. Leon Draisaitl a marqué quelques secondes plus tard sur une passe de Connor McDavid, ramenant tout le monde à 5-4.
Puis, la folie. Josh Anderson, frustré, a crié à l’arbitre, il l’a insulté, en pleine glace, excédé par l’injustice du moment.
Le résultat fut catastrophique : inconduite pour conduite antisportive. Les Oilers, déjà galvanisés, n’en demandaient pas tant. Edmonton a profité du cadeau pour égaliser 5-5.
Et dans la dernière minute, la défense montréalaise s’est encore effondrée. Six-cinq. Fini. Une défaite atroce, humiliante, d’autant plus impardonnable qu’elle a été provoquée par la main même de Martin St-Louis.
Parce que la vérité, c’est que ce n’est pas l’arbitre qui a fait perdre le match. C’est le coach. C’est sa peur du talent.
Sa peur ridicule de laisser ses meilleurs joueurs prendre le contrôle du jeu. Ivan Demidov a joué à peine 11 minutes 29 secondes. Zachary Bolduc, 10 minutes 11.
Deux des joueurs les plus explosifs du Canadien, capables de créer quelque chose à chaque présence, ont été traités comme de simples figurants.
À 5-3, St-Louis a choisi de défendre au lieu d’attaquer. Il a envoyé ses vétérans, ses plombiers, ses bloqueurs de tirs. Il a éteint la flamme. Et ce soir, ce manque de courage lui coûte le match.
Ivan Demidov a été invisible non pas par manque d’effort, mais parce qu’on ne lui a jamais donné la chance d’être visible.
Comment comprendre qu’un joueur de ce calibre, celui qui a fait gagner le match précédent à Calgary, soit limité à un rôle de figurant alors que l’équipe étouffe ? C’est incompréhensible.
Bolduc, encore une fois, réduit à quelques présences marginales, alors qu'il semble de plus en plus déprimé à Montréal.
C’est le conservatisme d’un entraîneur qui ne croit plus à son instinct, qui a peur de perdre plus qu’il ne veut gagner.
Samuel Montembeault ? Encore un effondrement. Une fois de plus, incapable de fermer la porte dans les moments cruciaux.
Son sixième but accordé, à une minute de la fin, est un cauchemar pour tout gardien de la LNH. Mauvais angle, aucun déplacement, regard perdu.
C’est le portrait du gardien qu’il est devenu : nerveux, vulnérable, incapable de supporter la pression. Après Calgary et Buffalo, ce nouveau naufrage enterre définitivement l’idée qu’il puisse être un vrai numéro un. L’heure de Dobes a sonné, et tout le monde le sait.
Mais la plus grande honte, ce n’est pas Montembeault. C’est Martin St-Louis. C’est sa philosophie suicidaire. À chaque fois que le Canadien prend l’avance, le coach se crispe, se referme, se barricade dans un hockey de survie.
Ce soir, la peur a enfin puni Montréal. Les joueurs ont reculé, se sont mis à défendre leur coussin au lieu d’imposer leur rythme. Et le résultat, c’est une implosion en direct, une équipe effrayée alors qu’elle dominait.
Les arbitres ? Oui, ils ont été déplorables. La punition contre Matheson est une farce, et l’inconduite d’Anderson un jugement de diva.
Mais une équipe solide, bien dirigée, ne perd pas un match comme celui-là à cause de deux mauvaises décisions.
Une équipe forte garde le contrôle, garde la rondelle, étouffe l’adversaire. Le CH, lui, a paniqué. Et quand ton entraîneur panique, ton banc panique avec lui.
Le plus tragique dans tout ça, c’est la fracture que St-Louis est en train de créer dans son vestiaire. Les jeunes se demandent ce qu’ils doivent faire de plus pour gagner du temps de jeu.
Les vétérans voient qu’on protège certains, qu’on punit d’autres. Tout le monde sent que les cartes ne sont plus distribuées selon la performance, mais selon la peur.
Et à Montréal, ce genre d’ambiance dégénère vite. Il suffit d’une ou deux défaites de plus pour que les fissures deviennent des fractures.
Ce soir, Demidov n’a pas été le problème, il a été la victime. La même logique s’applique à Bolduc. Ce sont les deux symboles d’une équipe qui se bat contre elle-même, qui refuse d’assumer son talent.
Pendant que Connor McDavid et Leon Draisaitl jouaient un shift sur deux, St-Louis se contentait de rationner ses artistes.
Les Oilers ont étouffé Montréal, comme un serpent qui finit par écraser sa proie. C’est ce qu’on appelle une leçon de courage. McDavid ne craint pas les erreurs. St-Louis, lui, en a peur au point d’en provoquer.
Le voyage dans l’Ouest devait être celui de la confirmation. Il devient celui du doute. Deux matchs, deux visages, deux identités. À Calgary, le Canadien avait montré du caractère. À Edmonton, il a montré sa fragilité.
Et tout ce que disait Jean-Charles Lajoie cette semaine se vérifie : St-Louis a peur du talent. Il met Demidov dans sa niche, il freine Bolduc, il favorise les chouchous plombiers. Et le hockey, ce soir, l’a puni.
Le vestiaire était muet après la sirène. Josh Anderson, encore furieux, n’a pas parlé aux journalistes, mais a pris le temps d'aller insulter les arbitres après le match,
Mais personne n’a osé nommer ce que tout le monde pense : cette défaite appartient à Martin St-Louis. Et tant qu’il n’aura pas compris qu’un joueur comme Demidov doit jouer vingt minutes par soir, pas dix, le Canadien restera ce qu’il a été à Edmonton : une équipe qui meurt avec sa peur.
