Le malaise était partout dans la salle de presse.. C'en était presque suffocant.
Pourtant, une salle de presse doit servir de lieu d’information et de transparence, mais Martin St-Louis a plutôt transformé l’exercice médiatique en scène de duel.
Et sa cible principale, encore une fois, s’appelait Martin McGuire. Ce dernier pensait poser une question humaine, pleine d’empathie, sur la situation difficile de certains joueurs blessés du Canadien. La réponse de St-Louis ? Froide, cassante, cinglante.
« Salut Martin, tu dis souvent que la Ligue n’est pas désolée pour vous autres quand il vous arrive des malchances, des blessures. Mais on peut-tu quand même être désolé pour des gars comme Guhle, Kirby et même Patrik Laine qui ont été blessés assez souvent ces dernières années chez vous? »
St-Louis, bras croisés, regard figé, lui balance sans détour :
« C’est sûr, mais je ne pense pas que c’est long terme. »
Bang. Court, sec, sans émotion. Pas de place pour la compassion, pas de place pour l’humanité. Juste une volonté ferme de ne pas nourrir un narratif de faiblesse ou de victimisation. Dans un contexte où Guhle vient d’apprendre qu’il sera absent 4 à 6 semaines, ce genre de réponse passe mal.
Mais Martin McGuire ne lâche pas. Il enchaîne avec une question tout à fait légitime :
« Votre profondeur est testée rapidement dans la saison. Comment tu vois la suite des choses avec des joueurs qui vont remplacer ceux-là? »
Et là encore, St-Louis coupe court :
« On continue. On est capable de continuer. C’est ça qu’on va faire. »
Voici l'extrait vidéo... cinglant:
Deux questions. Deux refus. Deux claques. McGuire, déjà fragilisé par plusieurs échanges précédents avec St-Louis la saison dernière, vient de se faire remettre à sa place comme un stagiaire un peu trop insistant. C’est brutal.
C’est maintenant une tradition : chaque fois que le journaliste de Cogeco prend la parole devant Martin St-Louis, le malaise s’installe.
Mais pas pour le coach. Pour le journaliste. Car St-Louis n’a pas le temps de jouer au psy. Il est là pour diriger une équipe de hockey, pas pour compatir à des blessures ou répondre à des questions tournées avec des pincettes.
Et franchement, on est du bord du coach. À force de questions mal formulées, de tentatives maladroites pour obtenir des « moments humains », certains journalistes francophones se sont eux-mêmes placés dans une position délicate.
Après ce moment de tension, Patrick Friolet de RDS tente une approche différente. Sa voix douce, presque mielleuse, cherche à amadouer l’entraîneur. Il veut parler du positif, de l’intégration des jeunes. Mais là encore, St-Louis n’a aucune envie de collaborer.
Friolet : « Aspect positif, tu parlais d’intégrer des gars. Joe Veleno qui rentre souvent, qui semble avoir connu un bon match la dernière fois au camp. Owen Beck qui a connu un bon camp d’entraînement. Est-ce que ça c’est un bon aspect pour toi d’être capable de rentrer ces gars-là rapidement dans le pro? »
Réponse de St-Louis :
« Ben oui, Joe Veleno a eu un bon camp. C’est normal. »
Même ton neutre, même volonté de couper court. Aucune chaleur. Aucun développement. Et surtout, aucun intérêt pour la question. Friolet vient littéralement d’ouvrir la porte à une réflexion plus positive sur le groupe, et St-Louis l’ignore volontairement.
L’objectif semble clair : ne rien donner. Pas de manchette. Pas de contenu exploitable. Juste le minimum. Une fermeture contrôlée.
Friolet continue quand même, dans une ultime tentative :
« Est-ce que tu vas nous partager tes changements d’avantages numériques? »
Réponse sèche :
« Non, on va voir à la soirée. »
Ce qui choque, ce n’est pas seulement la froideur de St-Louis. C’est la différence de ton entre les questions francophones et anglophones. À chaque fois que Arpon Basu Stu Cowan et Eric Engels posent une question, le coach se transforme. Il se fait réfléchi, cordial, disponible. Il prend le temps d’expliquer. Il fait même des blagues à l’occasion.
Mais face à McGuire, Friolet ou même ce journaliste anonyme qui a osé poser la question la plus absurde de la soirée, c’est le mépris total.
« Les Rangers ont de la misère à closer présentement. Vous autres, de votre côté, vous avez tout le temps le pointage légal. Vous êtes à l’avance d’un but dans les derniers matchs. Est-ce que tu penses que c’est important d’aller chercher une avance de deux buts? »
La réponse de St-Louis :
« Ce serait le fun. C’est sûr que j’aimerais ça. »
Dit avec un demi-sourire, à mi-chemin entre le mépris et le ras-le-bol. Comme si cette question n’avait même pas mérité d’être posée. Il faut avouer que la question était... insignifiante. Ce journaliste du nom de Nicolas, inconnu du grand public, est reparti la queue entre les jambes.
Pour revoir ce malaise en vidéo, voici l'extrait:
Depuis le début de la saison, on sent que Martin St-Louis était en contrôle de ses émotions avec les médias. Il n’a jamais été très loquace, mais il y avait un certain respect entre lui et les journalistes.
Ce respect semble avoir disparu aujourd'hui. On peut le comprendre. Il est tanné que les médias francophones lui mettent des mots dans la bouche en posant des réponses au lieu de vraies questions.
"Est-ce que tu aimerais avoir une avance de deux buts aujourd'hui?"
Tout le monde aurait méprisé le journaliste.
Le CH est dans une situation complexe, mais ce n’est pas au micro qu’elle se règle. Ce point de presse en est la preuve. Il n’a pas envoyé promener la presse : il a simplement remis chaque question à sa juste valeur. Et plusieurs ne valaient pas grand-chose.
Ouch.