Après une humiliation de 8 à 4 contre les Capitals de Washington, c’est un Martin St-Louis agacé, tendu et visiblement irrité qui s’est présenté en salle de presse.
Mais c’est l’échange avec le journaliste Simon-Olivier Lorange qui a mis le feu aux poudres après l'humiliation au Centre Bell.
Un moment d’une rare hostilité.
La question, posée calmement par Lorange, visait à comprendre ce que l’équipe pourrait faire de plus pour aider les gardiens, particulièrement mis à mal encore une fois (Montembeault a cédé trois buts sur dix tirs, Dobes en a concédé quatre sur 25).
Rien d’offensif dans la formulation, mais tout dans la réponse de St-Louis trahissait son exaspération.
« Est-ce qu’ils peuvent être meilleurs? C’est sûr qu’ils peuvent être meilleurs », a-t-il commencé. «
Mais il faut qu’on fasse une bonne job en avant d’eux. On ne les aide pas toujours. »
Puis, voyant que Lorange s’apprêtait lui demandait de préciser sa pensée, St-Louis a enchaîné avec un ton sec, chargé de sarcasme :
« Tout le monde veut plus d’arrêts. Tu veux que je dise que je veux plus d’arrêts? Tout le monde veut plus d’arrêts! C’est sûr que les gardiens peuvent jouer mieux, mais je ne blâmerai pas juste les gardiens. »
Et c’est là qu’il a explosé, en regardant Lorange dans les yeux, visiblement excédé :
« On peut mettre les pucks en profondeur. On peut avoir moins de revirements. On peut se défendre mieux. On peut sortir la puck quand elle est à la bleue. On peut prendre moins de punitions. On peut bloquer des lancers. On peut pogner les bâtons en avant du net. T’en veux d’autres? T’en veux d’autres? » a-t-il répété avec un ton agressif qui a figé la salle.
Comme si St-Louis voulait frapper le journaliste avec ses paroles.
Cet extrait vidéo nous donne mal au coeur tellement le coach manque de respect envers le pauvre Lorange:
C’était brutal. Glacial. Et la salle de presse, normalement habituée aux pirouettes verbales de St-Louis, a été choquée. Des regards de malaise. St-Louis n’était plus dans le contrôle : il était à nu, craquant sous la pression d’une saison qui déraille à vue d’œil.
Le tonnerre intérieur qu’il retenait a fini par éclater quand la question a été posée trop précisément. Et son comportement a révélé l’ampleur du malaise interne.
Il l’a dit d’entrée de jeu :
« Je suis déçu parce que c’est comme si on est retournés dans le temps un peu ce soir. On s’est tiré dans le pied. C’est comme si on avait reculé de 13 ou 14 mois. »
Puis, comme si la frustration montait au fil des questions :
« Il y a des moments ce soir qui m’ont rappelé des affaires tough à regarder. Mais je pensais encore qu’on pouvait gagner en 3e. Ce n’était pas impossible. »
Mais cette obstination à protéger ses gardiens à tout prix semblait aussi porter les marques d’un aveuglement volontaire. À un moment, il a même lancé à propos de la situation devant le filet, alors que le nom de Jacon Fowler est partout au Centre Bell. Le Québec veut le rappeler du prodige le plus rapidement possible.
« Ce n’est pas quelque chose que je m’arrête avec ça. Est-ce que les gardiens peuvent être meilleurs? Oui. Et c’est les premiers qui vont te le dire. Mais ce n’est pas juste ça. »
Dans l’ombre, Montembeault et Dobes n’ont pas été rendus disponibles après le match. Le message était clair : on les protège. On les cache. Ou peut-être, on les ménage. Mais visiblement, on ne veut pas qu’ils s’expriment publiquement quand la situation est aussi désastreuse.
Les chiffres sont impitoyables : sept défaites lors des huit derniers matchs, deux petites victoires en neuf rencontres au mois de novembre, et des gardiens au cœur d’une tourmente. Mais selon Mike Matheson, il ne faut pas paniquer :
« C’est difficile quand les victoires ne sont pas là. Tu vois qu’on force les choses un peu plus qu’avant. Nous devons trouver des façons de remettre les choses en perspective. »
Le seul problème? La perspective, en ce moment, c’est un entraîneur qui réagit avec agressivité à une question de base. Un entraîneur qui, au lieu de rassurer, donne l’impression d’être acculé au mur, prêt à exploser à la moindre étincelle. Et un vestiaire qui regarde ça… en silence.
Nick Suzuki, pourtant capitaine, s’est contenté de commentaires neutres, même après la mise en échec violente de Tom Wilson sur Jake Evans :
« Il a déjà eu des problèmes de commotion par le passé. J’espère que ce n’est qu’une précaution. Wilson est parti de loin, avec les mains hautes. »
Wilson, justement, a tout fait pendant ce match. Double-échec à Demidov. Plaquage sur Evans. Et rien. Pas de réponse. Pas de bagarre. Pas d’émotion. Juste un coach furieux… contre un journaliste.
Et pendant ce temps, le Canadien coule. En silence.
Et Martin St-Louis, lui, frappe sur les journalistes comme s'ils étaient des punching bags.
Plus méprisant que ça... c'est impossible...
