Martin St-Louis contre Simon-Olivier Lorange : l’humiliation en direct.
Tel est le titre d'une nouvelle télé-réalité se jouant au Centre Bell.
Il y a des duels qui se jouent sur la glace, et il y a ceux qui éclatent en conférence de presse, sous les néons trop clairs de la salle de presse.
Mardi, Martin St-Louis a réglé ses comptes avec celui qui est devenu, match après match, son contradicteur le plus tenace, son adversaire le plus incisif, son irritant médiatique numéro un.
Simon-Olivier Lorange de La Presse, encore une fois, a voulu pousser l’entraîneur dans les cordes. Mais St-Louis, fidèle à lui-même, a refusé catégoriquement de livrer le combat. Il a plutôt décidé de le ridiculiser sur la place publique.
La tension était déjà évidente lorsque Lorange a pris la parole, mais tout a explosé lorsqu’il a voulu pointer du doigt ce que son texte du lendemain allait appeler « les erreurs individuelles coûteuses » du Canadien.
Ce n’était pas une question douce. C’était une accusation camouflée, un crochet au foie lancé avec calme, mais qui visait directement le système de jeu de St-Louis, sa structure, son identité. Et le coach l’a immédiatement senti.
Voic la question de Simon-Olivivier Lorange :
« Pour revenir à ce que vous disiez concernant les erreurs qui surviennent, et l’exemple que vous avez donné en première moitié, où tout le monde était bien positionné mais n’a pas fait son travail…
À ce moment-là, c’était votre gros trio, votre premier duo défensif. Ce groupe précis de joueurs a-t-il assez de confiance en lui ? Vous autoanalysez ces séquences pour comprendre ce qui n’a pas fonctionné sur la glace ou avez-vous une autre étude à faire ? »
Ce n’est pas dit franchement, mais le message est sans pitié : si ton meilleur trio et ton meilleur duo défensif sont sur la glace et se font traverser lors d’un moment clé, c’est que ton système ne fonctionne pas.
C’est ça qu’il voulait lui faire avouer. C’est ça qu’il voulait lui arracher devant tout le monde : une remise en question publique de son propre plan de match.
St-Louis, lui, n’a pas bronché. Il regardait Lorange avec du feu dans les yeux. Il a contenu son mépris envers son ennemi pour ne pas exploser, puis il a répondu d’une voix dure, tranchante :
« Historiquement, ces cinq joueurs sont très solides à cinq contre cinq. Il y avait plusieurs façons pour ce jeu-là d’être joué correctement. Nous n’avons simplement pas fait le travail à ce moment-là. »
Dans cette phrase, il y a tout St-Louis : la défense instinctive de ses joueurs, la reconnaissance froide de l’erreur, mais surtout, la volonté inébranlable de ne pas se laisser acculer par une question dont le véritable objectif n’était pas d’obtenir une réponse, mais de créer un doute.
Lorange, insatisfait, a insisté. Et c’est là que le ton a basculé.
« C’est exactement ma question. Vas-tu leur parler pour ajouter quelque chose ? »
Ouch. Le message fait tellement mal : vas-tu enfin leur dire quoi faire ? Vas-tu admettre qu’il y a quelque chose à ajuster dans ton système ?
La réponse de St-Louis est tombée comme une bombe:
« Il n’y a rien à ajouter. Bien sûr qu’on en parle. Mais nous n’allons pas changer le système à cause de ça. Non. »
Puis, pendant que Lorange essyait de répliquer, St-Louis lui a fermé le clapet :
« C’est tout. »
La salle a figé. Lorange a baissé les yeux. Le message était envoyé :
Ne t’avise plus d’essayer de me faire admettre que mon équipe n’a pas de structure. Pas après un match où mes meilleurs joueurs ont simplement manqué leur couverture. Pas devant les caméras. Pas aujourd’hui.
Saint-Louis venait de l’humilier devant les micros. Et pour quiconque connaît leur historique, la scène n’était pas une surprise.
Pour revoir la séquence vidéo au complet, la voici:
Depuis plusieurs mois, une dynamique toxique s’installe entre St-Louis et Lorange. Chaque point de presse offre une nouvelle escarmouche.
L’un pose des questions de plus en plus chirurgicales, l’autre répond avec un dédain de plus en plus assumé. Lorange attaque la structure, Saint-Louis répond avec mépris... constamment...
Dans son article publié quelques heures plus tard, Lorange a précisément décrit ce qu’il cherchait à démontrer verbalement en ridiculisant le système du coach par écrit.
Il a insisté lourdement sur le fait que les cinq joueurs impliqués dans la séquence du troisième but (Suzuki, Caufield, Slafkovský, Matheson et Dobson) avaient tout simplement raté leur couverture, et que même les meilleurs pouvaient "se fracturer" lorsque leurs lectures sont mauvaises... et que le système est mauvais.
Lorange n'avait pas le courage de confronter St-Louis verbalement... alors il est allé se cacher par écrit.
Contrairement à d’autres entraîneurs qui dissimulent leur irritation derrière une façade neutre, Saint-Louis fonctionne par instinct.
Chaque fois qu’un journaliste tente d’amener la conversation vers un terrain qu’il juge malhonnête, il réplique sèchement. Des fois trop. Des fois gratuitement. Mais toujours frontalement.
Dimanche soir, le mépris n’était plus discret : il était frontal, visible, assumé.
Lorsqu’il a dit :
« Non. C’est tout. »
C’était une manière d’indiquer à Lorange que la discussion était close, que la tentative de le faire trébucher était échouée, et qu’il n'accordait pas une seconde de plus à un débat d'un homme qu'il ne respecte pas.
Le contraste avec les réponses offertes aux journalistes suivants était brutal. Avec eux, St-Louis redevenait calme et oivert. Avec Lorange, non. Le ton, les yeux, le souffle : tout exprimait l’irritation.
Chaque crise, chaque défaite, chaque séquence difficile ramène le tête-à-tête St-Louis/Lorange à l’avant-plan du théâtre montréalais.
Message au journaliste: la prochaine fois, aie le courage de répliquer oralement. Ne va pas te cacher derrière ton article.
Car aujourd'hui, Martin St-Louis est le gagnant. Uniquement parce qu'il t'as fermé le clapet face à face. Ouch.
