Pour la première fois depuis son arrivée derrière le banc du Canadien de Montréal, Martin St-Louis a laissé transparaître une critique à peine voilée envers son directeur général, Kent Hughes.
Et tout cela a été habilement orchestré par le journaliste Martin McGuire, qui savait très bien ce qu’il faisait en soulevant la question de Sean Monahan.
Lors de son point de presse, St-Louis a été cinglant en évoquant l'importance de Monahan pour le Canadien, surtout dans le contexte actuel d'une équipe jeune et en apprentissage.
Il a décrit Monahan comme un joueur "capable de jouer dans différentes situations" et surtout comme un leader naturel.
« Il est ce dont on avait besoin avec tous nos jeunes. Il a coché beaucoup de cases pour nous. »
Ces paroles sont lourdes de sous-entendus. Elles envoient un message clair : St-Louis regrette ouvertement la perte d’un joueur qui aurait pu combler un vide criant dans le vestiaire montréalais.
Avec une équipe qui manque cruellement de vétérans pour guider les jeunes talents, Monahan aurait été un leader essentiel pour une chambre en déroute.
Lorsque Kent Hughes a envoyé Monahan aux Jets de Winnipeg en février dernier en échange d'un choix de repêchage, la décision semblait logique sur papier.
Après tout, Monahan avait une valeur élevée, et l’organisation a pu sélectionner Michael Hage, un espoir de la NCAA comparé de plus en plus à un prodige.
Mais dans la réalité de la saison actuelle, l’absence de Monahan est ressentie de manière lourde. Surtout, le CH avait la chance de le signer sur le marché des agents libres.
Pendant que le Canadien peine à trouver un équilibre entre ses jeunes joueurs et ses quelques vétérans, Monahan s’épanouit à Columbus, où il mène le premier trio avec des Russes comme Dmitri Voronkov et Kirill Marchenko.
Selon David Savard, son ancien coéquipier, Monahan est devenu l’exemple parfait pour les jeunes joueurs.
« C’est un gars qui a une éthique de travail parfaite. Il était apprécié de tout le monde. »
«Il a un peu fait la même chose ici qu'il fait en ce moment à Columbus. Il amène tout le monde à bord, si je peux dire. Dans le temps, ce n’était pas tout le temps comme ça, les vétérans qui aident les jeunes."
"C’est un excellent exemple. Il s’assure que tout le monde se sente bien dans le vestiaire et que tout le monde fasse partie de l’équipe. C’est agréable de voir qu’il prend ce rôle-là à cœur.»
Ces déclarations surlignent à quel point Monahan était un élément stabilisateur pour le CH, sur la glace comme dans le vestiaire. Et elles accentuent l’évidence : son absence laisse un vide difficile à combler.
En glissant subtilement une critique sur le manque de vétérans dans l’effectif, St-Louis a touché un point sensible pour Kent Hughes, qui a bâti cette équipe en misant sur un rajeunissement massif.
La déclaration du coach, soulignant qu’"on ne peut pas avoir assez de vétérans", sonne presque comme un défi lancé au DG.
« C’est sûr qu’on est jeune. Tu ne peux pas avoir assez de vétérans. Tu peux encore moins avoir trop de vétérans. C’est un équilibre. »
C'est à ce moment que St-Louis a été sans pitié envers Hughes.
« Ces gars-là, il y en a, mais il n’y en a pas gros ».
St-Louis voulait passer le message direct que quand tu as un joueur comme Monahan, tu fais tout pour le signer, surtout que son premier choix était de revenir à Montréal cet été.
Un équilibre, certes, mais un équilibre que Hughes n’a visiblement pas trouvé. Les choix actuels en termes de leadership — Josh Anderson, Brendan Gallagher, Mike Matheson et Joel Armia — peinent à compenser le départ de Monahan. Et St-Louis n’a pas hésité à le rappeler indirectement.
En plus des transactions et du ballottage, plusieurs attaquants d’expérience sans contrat pourraient répondre aux besoins du CH.
Des noms comme Blake Wheeler, Phil Kessel, Cal Clutterbuck et Sam Gagner sont évoqués par TVA Sports pour aider le CH, mais Hughes ne semble pas intéressé. Pourquoi ? C’est une question que St-Louis, tout comme les partisans, pourrait se poser.
Mais la réponse est claire et nette: Hughes veut la cave et le meilleur choix au repêchage possible.
St-Louis, qui a répété que "le vétéran va prendre du temps de glace ou retarder la progression d’un joueur", semble lui-même perdu sur la stratégie à adopter.
Mais en rappelant l’importance de joueurs comme Monahan, il envoie un message clair : le CH a besoin de plus de maturité et de leadership pour encadrer ses jeunes.
Ces tensions naissantes entre l’entraîneur et le DG pourraient bien annoncer une fracture plus profonde au sein de l’organisation.
Alors que les rumeurs de congédiement commencent à entourer St-Louis, sa critique évidente de Hughes risque de ne pas jouer en sa faveur.
Après tout, un entraîneur qui commence à pointer du doigt son DG est souvent sur un siège éjectable.
Mais la responsabilité ne repose pas uniquement sur les épaules de St-Louis. Si le CH continue de stagner, voire de régresser, Kent Hughes devra lui aussi répondre de ses décisions.
L’échange de Sean Monahan, bien qu’apparemment judicieux à court terme, pourrait rester comme un exemple flagrant d’une vision à long terme mal calculée.
La tension se sent à Montréal, et il est clair que l’organisation du CH soit à un moment charnière. Martin St-Louis a déjà choisi leur camp :
"Monahan aurait dû rester."