Il suffit d’un regard pour comprendre. Martin St-Louis est exténué. Malade, le teint blême, la voix rauque, il se dresse malgré tout devant les caméras, fidèle à son poste, fidèle à son rôle de leader.
C’est un combat en soi, et il le mène comme il a toujours mené les autres : avec une résilience presque déraisonnable. Mais à quel prix?
L’homme a l’air vidé. Il ne triche pas, il ne joue pas de rôle. Son discours est mécanique, ses réponses courtes, mais il est là. Il aurait mille raisons de s’effacer, de céder la parole à ses adjoints, de dire simplement qu’il n’a pas l’énergie. Mais ce n’est pas son genre.
Ce n’est pas dans son ADN. St-Louis a toujours été ce gars-là : celui qui ne lâche pas, qui fonce même quand tout indique qu’il devrait ralentir.
Le hockey l’a forgé ainsi, et aujourd’hui, il refuse de laisser la tempête médiatique l’engloutir. Mais combien de temps peut-il encore tenir?
La pression ne fait qu’augmenter. Une seule victoire en huit matchs. Une équipe qui n’avance plus. Un vestiaire qui doute.
Un système qui ne produit rien en attaque. St-Louis enchaîne les matchs et les défaites comme un boxeur encaisse les coups, sans même avoir le temps de reprendre son souffle.
Et aujourd’hui, il est debout devant nous, avec une énergie qu’on sent au bord de l’effondrement. Même ses paroles semblent peser une tonne.
« On sait que c’est des matchs extrêmement importants. C’est la fin de l’année. Puis, dans le break, on veut finir d’une bonne façon. »
Il ne cherche pas d’excuses. Il sait que ses joueurs sont fatigués, qu’ils sont vidés physiquement et mentalement, mais il ne veut pas donner d’arguments pour expliquer la défaite.
Il se tient droit, digne, même si chaque mot qu’il prononce semble lui coûter un effort supplémentaire. On le sent, il en a plein le dos. Mais il refuse d’abdiquer.
Pourquoi s’impose-t-il ça? C’est la grande question. Pourquoi, après une carrière de joueur bien remplie, après avoir prouvé tout ce qu’il avait à prouver, après avoir vécu une vie paisible avec sa famille, Martin St-Louis s’inflige-t-il ce supplice quotidien?
Pourquoi, en plein mois de février, dans le froid mordant de Montréal, se tient-il encore devant une horde de journalistes à répondre aux mêmes questions, soir après soir?
Pourquoi cet homme qui pourrait être chez lui, loin du cirque, continue-t-il de se battre, même malade, même épuisé?
C’est peut-être ça, le plus grand mystère de Martin St-Louis. Une obsession? Une mission personnelle? Un devoir envers ses joueurs? Ou simplement un refus d’admettre la défaite, peu importe la forme qu’elle prend?
« Je pense qu’il faut simplement simplifier. Il faut juste revenir aux principes. Il ne faut pas se tromper. Il ne faut pas donner beaucoup à l’autre équipe. »
Il parle de ses joueurs, mais il parle aussi de lui-même. Simplifier. Revenir à la base. Rester fidèle à ce qu’il est. Ne pas se laisser emporter par le bruit ambiant.
Son approche est claire, limpide. Il sait que les matchs à venir seront aussi difficiles, mais il refuse de céder au découragement.
Ce match contre Tampa Bay, dimanche après-midi, c’est la dernière ligne droite avant une pause bien méritée. Le timing est presque trop parfait.
Il y a des moments où il faut savoir s’arrêter, reprendre son souffle. Et peut-être que cette pause arrivera juste à temps pour lui. Parce qu’on sent qu’il en a besoin. Parce que cette équipe en a besoin.
Mais une question demeure : comment va-t-il revenir après ça? Est-ce que Martin St-Louis trouvera le moyen de recharger ses batteries et d’attaquer la suite du calendrier avec un nouvel élan? Ou bien, au contraire, cette pause ne fera que confirmer l’épuisement qu’on voit déjà dans ses yeux?
Il n’y a qu’une seule façon de le savoir.
Attendre. Observer. Et voir si cet homme, qui n’a jamais reculé devant rien, trouvera encore une fois le moyen de rallumer la flamme.
À suivre ...