La tension entre Martin St-Louis et les journalistes du beat du Canadien va finir par exploser.
Depuis quelques semaines, ça éclate au grand jour. Après Martin McGuire qui se fait rabaisser jour après jour:
Après Luc Gélinas fusillé du regard, après les silences méprisants accordés aux questions les plus simples, voici maintenant que Simon-Olivier Lorange de La Presse, l’ennemi public numéro un de l’entraîneur-chef, a décidé qu’il ne reculerait plus d’un centimètre.
Et c’est ce qui a donné lieu à un moment fascinant : pour la première fois depuis longtemps, ce n’est pas seulement St-Louis qui a dégainé. C’est un journaliste qui a répondu.
Car la soirée n’a rien eu d’ordinaire hier. Le Canadien venait de livrer un match mou, glissant entre les doigts après une minute catastrophique en deuxième période, et comme toujours, St-Louis est arrivé au podium avec l’air d’un homme qui s’apprête à recevoir une contravention pour une faute qu’il conteste encore.
Les réponses étaient brèves, coupantes, souvent teintées de ce fameux ton passif-agressif qu’on lui connaît trop bien.
Mais cette fois, quelqu’un a décidé de ne pas se laisser écraser.
Siimon-Olivier Lorange, celui-là même que St-Louis prend souvent comme punching bag depuis deux saisons, a fini par livrer ce que plusieurs pensaient tout bas.
« Les défauts du Canadien ont paru dans ce match-là plus que contre Toronto. Le Canadien a encore donné un but en infériorité numérique, dans son 25e rang dans la Ligue en désavantage numérique. À 77,5 %, c’est presque un but par quatre occasions. Ça commence à caractériser cette équipe-là. »
Lorange ne tirait pas dans toutes les directions. Il décrivait simplement la réalité : une équipe incapable de tuer ses pénalités, incapable d’identifier du premier coup qui couvre quoi, incapable d’appliquer les ajustements les plus élémentaires en zone neutre, incapable de comprendre le système défensuf pourri du coach.
Puis il a décrit cette scène qui a fait grincer les dents de tout le monde dans l’organisation :
« Sur le quatrième but, la confusion était complète : Veleno et Carrier qui chutent, Xhekaj qui n’a aucune idée quoi faire sur le deux-contre-un… »
Arber Xhekaj complètement perdu, s"est jeté trop tôt sur Holloway qui n’attendait que ça. Puis, on parle de Mike Matheson qui semblait aussi totalement perdu dans le système de pauvre homme-à-homme.
Lorange a aussi reconnu que Martin St-Louis et Montréal masquaient ses propres erreurs. Il a ajouté que l’excuse des « 39 secondes » pour expliquer l’effondrement en début de deuxième période lui semblait mince tellement le CH avait été passif.
Et Martin St-Louis a envoyé Luc Gélinas sous l'autobus quand le journaliste a osé dire que le CH manquait de pace toute la soirée.
St-Louis l'a fait sentir... comme un imbécile...
C’est précisément le genre de description que St-Louis déteste : lorsque le journaliste nomme les choses par leur nom.
Et Lorange ne s’est pas arrêté là.
Le CH n’impose rien. Il subit tout. Et dès que l’adversaire ne s’effondre pas lui-même, Montréal n’a plus d’oxygène.
C’est le genre de vérité que St-Louis refuse qu’on expose publiquement.
Puis est venu le coup final.
Le moment que St-Louis a pris comme une gifle.
« L’excuse des 39 secondes, je trouve ça un petit peu mince quand même. »
Cette phrase-là, prononcée calmement, presque doucement, a fait l’effet d’un uppercut. Car St-Louis venait justement de ramener toute l’analyse du match à cette fameuse minute.
Non, ce n’est pas un accident. C'est la faute de St-Louis qui n'a pas pris de temps d'arrêt, qui n'a pas préparé son équipe pour la 2e période... et qui méprise les questions des journalistes au lieu de montrer du respect en salle de presse.
La mâchoire serrée.
Les yeux qui ne clignent plus.
Les réponses qui se raccourcissent au fil de la conférence.
Pour la première fois, un journaliste vient de lui renvoyer son propre discours et es propres contradictions en pleine figure.
Comme St-Louis réagit comme si chaque question était une attaque personnelle, c’est devenu un pattern. Et cette fois, les médias refusent d’être une cible.
La relation entre Martin St-Louis et les médias n’a jamais été simple. Mais depuis un mois, elle est devenue inflammable.
Dans une organisation encore fragile, dans un marché fou de hockey St-Louis ne peut plus se permettre de perdre patience publiquement chaque fois qu’un journaliste pointe l’évidence.
Parce que es journalistes n’ont pas seulement constaté la défaite du CH hier soir.
Ils ont constaté que le coach utilise maintenant sa frustration comme une arme.
Et pour la première fois depuis longtemps, quelqu’un a osé lui répondre en pleine face.
