Martin St-Louis se ravise : excuses maladroites à Alexandre Texier

Martin St-Louis se ravise : excuses maladroites à Alexandre Texier

Par André Soueidan le 2025-12-07

On se rappelle tous du moment où Martin St-Louis avait été questionné sur la venue d’Alexandre Texier à Montréal.

Une signature surprise, un joueur qui arrivait d’un parcours cabossé, et un coach qui, visiblement, n’avait aucune envie d’en dire plus.

« Je ne le connais pas vraiment… on verra avec qui il va jouer », avait-il laissé tomber devant les caméras, dans un ton sec qui avait fait lever bien des sourcils.

Une manière polie de dire : je ne veux pas parler de lui, et je n’ai rien à dire.

Sauf qu’hier, après la feinte d’une vie au Scotiabank Arena, la réalité vient de lui revenir en plein visage.

Parce que samedi soir, Texier a offert bien plus qu’un tir de barrage.

Montréal a assisté à une forme de renaissance, à un geste technique qui appartient déjà à la petite histoire du Canadien, exécuté avec une assurance qui ne se fabrique pas :

« C’est la feinte que j’avais planifiée… je l’ai faite souvent », a expliqué l’attaquant à TVA Sports, devant Dave Morissette, Maxim Lapierre et son ami Antoine Roussel.

Un but signature, maîtrisé, calme, précis. Un but qui ne doit rien au hasard ni à la chance, et surtout pas à l’indifférence initiale de son entraîneur.

Et c’est exactement là que la maladresse de Martin St-Louis a repris toute la lumière.

Lorsqu’on lui demande ce qu’il a pensé de la feinte, l’entraîneur a trouvé le moyen de ramener le moment à lui, comme si tout passait obligatoirement par son propre bagage.

« Moi, comme joueur, je n’avais pas ça dans mes bagages », a-t-il affirmé avec un sourire qui sonnait plus comme une justification personnelle que comme un hommage.

On aurait dit une manière détournée d’admettre le talent de Texier… tout en s’assurant que la conversation reste centrée sur lui-même.

C'est moyen un peu... Texier aurait mérité plus de tendresse de son coach

Cette retenue s’est d’ailleurs vue quelques minutes plus tôt, quand Martin a reparlé de « passagers » dans son équipe, un terme qu’il sort toujours quand il sent qu’on l’entraîne sur un terrain où il doit encenser un joueur qu’il ne connaît pas encore, ou pire : un joueur qu’il n’a pas choisi.

Texier n’est pas un de ses projets personnels, et ça paraît.

On dirait qu’il marche sur des œufs dès que vient le temps de reconnaître son impact.

Comme si chaque compliment devait être balancé par un avertissement général, au cas où un joueur dans le vestiaire se mettrait à croire qu’il a enfin gagné la confiance de l’entraîneur.

Martin reste prudent, très prudent. Presque trop. On voit qu’il essaie de dire les bons mots, mais on voit encore plus qu’il n’a pas envie qu’on lui impose qui doit être célébré.

Texier, lui, a tout fait pour ne pas mettre son entraîneur dans l’embarras.

Il a parlé de travail, d’opportunité, de sa volonté de « faire son trou » dans cette équipe, en avouant sans détour :

« Je n’ai pas le talent de Demidov… j’essaie d’apporter de la vitesse et de travailler chaque shift. » Une humilité désarmante venant d’un gars qui, 24 heures plus tôt, venait de clouer torontois et analystes au silence. Son langage corporel, son ton, tout dans son entrevue respirait la gratitude et la reconstruction d’un homme qui revient de loin.

Et pendant que Texier ouvre son cœur en direct, son coach multiplie les petites révisions de discours.

On l’a entendu décrire la feinte comme « impressionnante », puis insister sur sa réussite en carrière en fusillade, comme pour dire : oui, ok, je savais un peu, mais pas tant que ça.

Une manière bancale de dire qu’il avait peut-être jugé trop vite, ou mal évalué ce qu’un joueur capable d’une telle audace pouvait apporter à son équipe.

Une forme d’excuse à la Martin St-Louis : jamais frontale, jamais assumée, mais tellement évidente qu’elle saute aux yeux de tout le monde.

Et comment ne pas voir dans son ton une reconnaissance forcée, presque arrachée, tant la feinte de Texier était impossible à nier?

Martin aime projeter l’image du coach qui sait tout, qui a tout vu, tout vécu, tout compris.

Or samedi, une simple feinte à une main est venue fissurer cette façade. Texier lui a offert un moment qu’il ne pouvait ni expliquer, ni minimiser, ni s’approprier.

Un moment où le joueur a devancé l’entraîneur, point final.

Reste maintenant à voir comment Martin gérera la suite.

Parce que Texier est en train de gagner le vestiaire, les partisans, les jeunes, les vétérans, et même ceux qui doutaient encore de lui il y a une semaine.

Et si ce but devient le point de bascule de sa saison ... et possiblement de sa carrière à Montréal ... l’histoire retiendra un détail savoureux : le coach qui ne voulait pas trop parler de lui a été forcé de se raviser en direct, incapable de faire autre chose que d’admettre, maladroitement, que ce joueur-là possède quelque chose qu’il n’avait « pas dans ses bagages ».

Au fond, c’est peut-être la plus belle conclusion possible.

Parce qu’un homme qui revient de l’enfer comme Texier n’a pas besoin que son entraîneur le porte aux nues.

Il a juste besoin qu’on ouvre les yeux.

Et samedi soir, même Martin St-Louis n’a pu les garder fermés.

AMEN