Le Centre Bell venait à peine de digérer un autre match où le système défensif de Martin St-Louis s’était effondré en plein milieu de la glace que l’entraîneur-chef du Canadien s’est retrouvé devant les caméras, les lumières brûlantes et les questions inévitables sur le chaos tactique de la soirée.
Puis le moment est arrivé. Le moment où tout le monde a cessé de respirer.
Anthony Martineau, de TVA Sports, l’un des rares journalistes de ce marché à oser poser les vraies questions, a fait ce que personne d’autre n’osait faire : pointer directement le cœur du problème. Son problème. Le système man-to-man.
La question était simple. Légitime. Professionnelle.
« Qu’est-ce qui différencie le système man-to-man de quand ça va bien versus quand ça semble aller moins bien? Qu’est-ce qui fait la différence? »
La salle entière savait que cette question brûlait depuis des semaines dans l’esprit des partisans, des anciens joueurs, de Patrice Bergeron, de Maxim Lapierre, des analystes et de quiconque regarde plus de cinq minutes du Canadien.
Et Martin St-Louis, lui, a choisi de recevoir cette question comme une attaque personnelle.
« Je parlerai pas du système ce soir. »
Sec. Glacial. Brutal.
L'extrait vidéo de la scène nous donne mal au coeur:
La température dans la salle de presse a chuté de dix degrés en une demi-seconde. Les journalistes se sont figés. On aurait entendu une mouche voler.
Martineau, solide sur ses patins, a tenté de relancer le coach méprisant au plus haut point:
" C'est une question d'intensité plus que d'autre chose." ?
Mais St-Louis n’a rien voulu entendre.
Il a balayé la question d’un revers de main intellectuel :
« Tu peux jouer n’importe quel système, il faut que tu sois alerte. Aucun rapport le système. »
Aucun rapport, vraiment?
Après un match où le système a permis à Artem Zub de s’installer dans l’enclave comme dans une maison de campagne?
Après un match où Caufield, Bolduc, Evans et compagnie se retrouvaient à jouer défenseurs improvisés dans un désordre total?
Après un match où le coach lui-même avait promis de punir « quiconque ne défend pas bien dans notre zone »?
L’explosion de St-Louis a mis fin au débat avant même qu’il ne commence.
Pas de nuances. Pas d’explications. Seulement un mur.
Et pourtant, ce même St-Louis a ensuite admis devant un autre journaliste :
« Défensivement, on n’était pas là. »
« Ils savent tout. Ils connaissent leurs responsabilités. La structure, ils pourraient l’enseigner eux-mêmes. C’est une question d’attitude. »
C’est là que la commotion a pris une ampleur encore plus grande. Parce qu’en une seule réponse, St-Louis venait de :
Rejeter la responsabilité du système.
Rejeter la responsabilité de l’exécution.
Rejeter la responsabilité sur les joueurs,
Et rejeter un journaliste qui faisait simplement son travail.
Nick Suzuki, lui, a confirmé que Martin avait perdu patience au vestiaire :
« Si un joueur n’arrivait pas à défendre notre territoire, qu’il n’arrivait pas à faire son travail, il allait rester sur le banc. »
Il l’a fait. Evans a sauté une période complète. Josh Anderson a été cloué à son siège. Même Florian Xhekaj a effectué une seule présence en troisième.
L’entraîneur était en furie. Le système tombait en ruine. Les joueurs se faisaient punir. Mais le seul sujet tabou, celui qu’il refuse d’aborder, celui qui déclenche son irritation immédiate, c’est le système.
Et c’est là que la perte de contrôle s’est vue le plus clairement. Parce qu’un entraîneur qui maîtrise son équipe, sa structure et son vestiaire n’a pas besoin d’éviter les questions. Il n’a pas besoin de renvoyer un journaliste au vestiaire. Il n’a pas besoin de dire :
« Je parlerai pas du système. »
C’est la phrase d’un coach qui sent le plancher chauffer.
C’est la phrase d’un coach qui sait que, ce soir-là, le système qu’il défend bec et ongles, le man-to-man rigide, inflexible, impossible à exécuter pour plusieurs joueurs, venait d’être exposé en direct, encore une fois, par trois buts consécutifs où tout l’édifice défensif s’est écroulé.
Cette défaite de 5-2 appartient à la passoire Montembeault, à Evans le plombier surestimé, à Josh Anderson qui manque de courage et à tous les joueurs qui étaient perdus sur la glace.
Mais cette dégelée appartient surtout... à Martin St-Louis...
Le jour où le coach acceptera de se regarder dans le miroir... le CH ira mieux.
Mais tant que le "royaume de Martin St-Louis" méprisera tout le monde... cette équipe continuera de couler...
