Martin St-Louis va trop loin: Zachary Bolduc lui répond sur la glace

Martin St-Louis va trop loin: Zachary Bolduc lui répond sur la glace

Par David Garel le 2025-10-22

Martin St-Louis l’a dit le matin même : « On doit prioriser l’ordinaire avant l’extraordinaire. »

Quelques heures plus tard, Zachary Bolduc lui a prouvé qu’il n’y a rien de plus ordinaire, à Montréal, qu’un coach qui refuse de faire confiance à son talent. Et rien de plus extraordinaire qu’un sniper capable de transformer un avantage numérique en chef-d’œuvre offensif.

@rds.ca Réponse à @Coleys girlfriend13❤️ BOOM! Un 4e but sur la route pour Zachary Bolduc! 🔥 #bolduc #hockey #nhl #GoHabsGo c. #Flames ♬ son original - RDS

En première période contre les Flames, Bolduc a marqué un but qui a coupé le souffle au Saddledome : un tir sec, précis, sans hésitation, d'une passe magnifique de Nick Suzuki, qui a battu Dustin Wolf.

Le genre de snipe qu’on ne voit plus souvent au sein du Tricolore. Ce but, inscrit sur le jeu de puissance, n’était pas seulement une contribution au pointage : c’était une réponse directe à son entraîneur.

Quelques heures plus tôt, St-Louis sermonnait son groupe sur les dangers de « se compliquer la vie avec du skill ».

Selon lui, les Canadiens doivent revenir à la base, exécuter les « actions ordinaires » qui mènent à l’extraordinaire. Or, c’est précisément l’extraordinaire qui a résulté en un but : la pureté du lancer de Bolduc, sa capacité à saisir un espace d’une fraction de seconde, son instinct meurtrier dans le haut du cercle gauche.

Depuis le début de la saison, Zachary Bolduc vit une drôle de réalité. À Saint-Louis, l’an dernier, il avait trouvé son rythme sur le deuxième trio, il jouait des minutes significatives, et il avait terminé la saison sur la première unité du power play.

À Montréal, Martin St-Louis le traite comme un simple figurant : moins de 12 minutes de jeu par match, sur un quatrième trio aux côtés de Joe Veleno et Joshua Roy.

Et pourtant, quand il touche la rondelle, il se passe quelque chose.

Son lancer est dévastateur, son instinct de buteur naturel. Mais dans le système de St-Louis, l’instinct semble être devenu un défaut.

L’entraîneur ne cesse de répéter que « le jeu ne te demande pas de jouer avec du skill tout le temps ». Pourtant, quand le Canadien a besoin d’un but, il se tourne vers des joueurs qui, justement, ont cette capacité de créer quelque chose à partir de rien.

St-Louis trouve Bolduc assez bon pour la première unité d'avantage numérique, mais pas pour le top 6?

Au moins, le Québécois peut se compter chanceux. Ivan Demidov, lui, ne joue oas sur la première unité d'avantage numérique.

Un prodige sur la 2e unité... ça sonne faux...

Bolduc, lundi contre Buffalo, avait déjà été l’un des rares à générer de vraies chances offensives, malgré un temps de glace ridicule. À Calgary, il a transformé sa frustration en énergie pure. 

Ce but n’a pas seulement fait 1-0 : il a mis un miroir devant le visage de Martin St-Louis.

Depuis le début du voyage dans l’Ouest, le coach se répète : « On doit être plus calculés. On doit jouer simple. » Il vante la discipline, la structure, le travail invisible. Mais à trop prôner la prudence, il finit par museler ses meilleurs éléments.

Bolduc, lui, a simplement démontré que la vraie simplicité, c’est celle du talent : un tir parfait, une lecture instantanée, pas d’hésitation.

Pendant que St-Louis parle d’“actions ordinaires”, Bolduc montre que les matchs se gagnent grâce aux gestes extraordinaires.

Le regard de Bolduc en disait long : il n’avait pas besoin de mots. Le message était clair : « Tu veux de l’ordinaire ? Moi, je suis ici pour marquer des buts. »

Cette tension entre le talent et la structure, Montréal la connaît trop bien.

L’an dernier, c’était Lane Hutson : un défenseur que St-Louis a gardé sur la deuxième unité du jeu de puissance jusqu’à ce qu’une blessure à Matheson l’oblige à le promouvoir.

Hutson a éclaté. Aujourd’hui, c’est Ivan Demidov qui subit le même sort. Malgré ses qualités de créateur, il plafonne, privé de la première unité du power play sous prétexte qu’il prendrait « le spot de Suzuki ».

Tout en jouant avec Alex Newhook, le joueur le moins intelligent du CH... et Oliver Kapanen...

Et comment il répond? En réalisant la passe de l'année pour gagner le match:

Et maintenant, c’est au tour de Zachary Bolduc, un des meilleurs jeunes tireurs de la ligue, de devoir « faire ses preuves » sur un quatrième trio.

Le parallèle avec Emil Heineman, échangé à Long Island dans la transaction de Noah Dobson, est évident. Heineman, que St-Louis préférait laisser derrière Michael Pezzetta, s’éclate aujourd’hui avec les Islanders : trois buts, une passe en six matchs, première unité de power play, trio principal avec Bo Horvat et Jonathan Drouin.

Pendant que Bolduc se bat pour des présences de 45 secondes à forces égales, Roy fait confiance à Heineman comme à un joueur établi.

Martin St-Louis a souvent dit qu’il voulait « coacher les intentions ». Qu’il détestait, lorsqu’il jouait, les entraîneurs qui le tenaient en laisse.

Mais aujourd’hui, il est devenu ce qu’il haïssait : un coach qui prêche la prudence avant la passion, la gestion avant la création.

Il ne se rend peut-être pas compte que son message, “prioriser l’ordinaire”, résonne comme une insulte pour des joueurs dont le talent repose précisément sur l’extraordinaire.

Bolduc, avec son son boulet la Calgary, lui a rappelé une vérité simple : l’ordinaire ne gagne jamais un match.

Ce sont les gestes de génie, les décisions instinctives, les coups de patin qui déstabilisent l’adversaire qui font la différence.

À force de vouloir un jeu parfait, St-Louis risque de tuer l’étincelle qui rendait son équipe imprévisible. Et dans une LNH où les talents offensifs dominent, la peur du risque est la pire des stratégies.

Bolduc ne peut plus être traité comme un “projet”.

Son tir du haut du cercle est déjà une arme d’élite. Sa vision du jeu se développe. Il comprend le tempo du niveau professionnel. Et surtout, il ne triche pas. Même St-Louis le reconnaissait récemment :

« Ses détails défensifs sont bien meilleurs que depuis le début du camp. »

Alors, qu’attend-on pour lui confier un vrai rôle ?

Il n’est pas un joueur de quatrième trio. Il n’est pas un joueur de rotation.

C’est un sniper, un pur. Et s’il faut encore une preuve, il suffit de regarder la rondelle entrer dans le haut du filet des Flames, pendant que St-Louis, bras croisés, répétait en silence son sermon sur “l’ordinaire”.