Oui, il a osé. Martin St-Louis, pendant l’entrevue à l’entracte sur les ondes de RDS, a lâché la ligne que tout le monde a compris comme un avertissement à peine voilé à l’endroit de certains joueurs : « Dans la LNH, tu gagnes en séries avec du papier sablé. »
Et ce soir, ce qu’on a vu de Florian Xhekaj, c’était exactement ça. Du papier sablé, du vrai. Et devinez quoi? Il a aussi marqué. Boom. Le genre de match qui change un camp.
Dès les premières présences, on a senti que le trio formé de Xhekaj, Ivan Demidov et Oliver Kapanen allait prendre le contrôle.
Et ils l’ont fait. Chaque shift, chaque zone d’attaque, c’était une domination. Demidov, cette espèce de génie russe au patin fluide, a débordé la défensive adverse avec un naturel déconcertant.
Et quand il a coupé au filet pour remettre à Xhekaj, qui n’avait qu’à pousser la rondelle, c’était comme un message en soi : oui, le talent est là. Mais le courage et la robustesse aussi. Premier but : Florian Xhekaj. Passe d’Ivan Demidov. Message reçu.
Et Martin St-Louis a doublé la mise : « Tu peux être talentueux, mais faut que tu sois capable de survivre au trafic. »
Une ligne simple, mais qui résonne fort pour ceux qui savent lire entre les lignes. Parce que ce que St-Louis voit, c’est que ce trio-là, il pourrait exister pour vrai. Dans la LNH. Pas juste dans un match des recrues.
Le deuxième but a confirmé l’impression. Cette fois, Demidov, encore lui, patine en entrée de zone, laisse filer la rondelle pour Reinbacher à la ligne bleue.
Et là, tic-tac-toe. Demidov récupère, attire la défensive, remise parfaite à Kapanen, qui n’hésite pas une seconde à décocher. Un tir précis dans l’enclave. 2-0. But de Kapanen. Passe de Demidov. Encore une fois, la chimie saute aux yeux.
Et Kapanen? Ce n’est plus un joueur qu’on regarde de loin. C’est un gars qui s’invite dans la conversation pour le poste de deuxième centre.
Oui, tu as bien lu. « Il joue vite, il pense vite, il est prêt à aller dans les coins. Il comprend ce qu’on veut faire ici », a dit St-Louis. Et quand tu es capable de suivre un Demidov sur 60 minutes, c’est que tu n’es pas n’importe qui.
Mais ce n’est pas juste une question de jeu offensif. C’est une question de message. De mentalité. De style. « On a appris dans les séries que tu gagnes pas juste avec des petits joueurs travaillants. T’as besoin de gars qui font mal à jouer contre », a insisté Martin.
Et le message était clair : fini le temps des quatrièmes trios avec Harvey-Pinard. Ce n’est pas contre lui. C’est juste l’évolution logique d’un club qui veut gagner.
Florian Xhekaj incarne cette évolution. Il a le gabarit, il a le tempérament, et là il commence à montrer qu’il peut marquer.
Un coach comme St-Louis va toujours préférer un joueur imparfait, mais qui se bat pour chaque rondelle, qu’un gars qui fait juste briller en avantage numérique.
Et Florian, ce soir, il a coché toutes les cases. Il n’a pas juste laissé une impression. Il a imposé sa présence.
Et puis, il y a Jacob Fowler. On n’en parle pas assez. Mais pendant une période et demie, il a été parfait. Rien n’est rentré. Il a été calme, posé, en contrôle.
Ce n’est pas lui qui a cédé. Non. C’est son remplaçant, Joe Vrbetic, qui a laissé passer deux buts rapides dès qu’il a pris la relève. Et ce genre de détail, c’est loin d’être anodin. « On veut voir qui est prêt à stepper up. Qui est prêt à livrer quand la lumière est plus forte », a glissé St-Louis, comme une flèche bien ciblée.
Ce match-là, ce n’était pas juste un match de recrues. C’était un test. Une audition. Un scanner pour voir qui a compris le mandat de ce nouveau Canadien.
Parce que cette fois, Martin n’a pas mâché ses mots. « On veut du grit. On veut des gars qui sont tough à jouer contre. Qui veulent rester là. » Et dans ce test, Florian Xhekaj, Oliver Kapanen et Ivan Demidov ont passé avec mention.
Et attention : Demidov n’est même pas encore au top de sa forme. On sent qu’il joue à 80 %. Juste pour prendre ses repères. Mais même à cette vitesse-là, il est dans une autre ligue.
Il voit tout. Il anticipe. Il exécute. Et surtout, il rend ses coéquipiers meilleurs. C’est ce qu’on appelle un générateur de jeu, un aimant à couverture, un catalyseur. Et Florian et Oliver ont su en profiter.
C’est ça, la beauté du hockey : ce n’est pas juste une question de talent. C’est une question de timing, de messages, de lectures entre les lignes.
Et ce soir, Martin St-Louis a parlé à travers ses mots… mais aussi à travers ses regards, ses décisions, et ses commentaires choisis.
C’est maintenant à Kent Hughes et Jeff Gorton d’écouter.
Parce que si ce trio continue de livrer comme ça, il ne restera pas cantonné au camp des recrues bien longtemps.
Et si quelqu’un au Centre Bell n’a pas senti le tremblement ce soir, il est peut-être temps de changer de siège.
Hahaha