Zachary Bolduc est dans l'eau chaude jusqu'au cou.
Il existe des conférences de presse où l’entraîneur répond aux questions, et d’autres où il règle ses comptes sans jamais prononcer le nom de celui qu’il vise.
Son message à Zachary Bolduc était explosif. Lorsqu'un journaliste a demandé au coach ce que devait faire le Québécois pour lui faire plaisir comme Alexandre Texier (qui a gagné sa place sur le 2e trio), la réponse de St-Louis était tellement cinglante:
"Je ne veux jamais que les joueurs jouent pour me faire plaisir. Je veux qu'ils jouent la game en avant d'eux autres. Quand tu joues la game en avant de toi et que tu as les bonnes intentions, ce n'est pas de faire plaisir au coach, c'est de faire les actions que la game a besoin que tu fasses à ce moment-là.
Es-tu capable de reconnaître ça? As-tu un risque qui estcalculé? As-tu des intentions qui protègent l'équipe aussi? Ce n'est pas comme je veux qu'ils me fassent plaisir. Tu es capable de jouer la game? Je sais qu'il y a des choses que tu aimes faire, tu sais, pis ça, c'est ta game. Mais il faut être capable de jouer la game."
Imaginez la face de Bolduc en entendant son coach:
La sortie publique de Martin St-Louis est un message cruel. Chaque compliment adressé à un joueur devient une gifle donnée à un autre, où l’on comprend instantanément que le véritable sujet n’est pas Texier, Kapanen, encore moins Demidov, mais bien Zachary Bolduc, laissé à lui-même, humilié pour une deuxième journée consécutive, condamné à un rôle qui ne cesse de rapetisser sous ses pieds comme un plancher qui s’effondre.
Lorsque St-Louis a vanté les mérites d’Oliver Kapanen et d’Ivan Demidov, lorsqu’il a parlé de responsabilité, de constance, de maturité défensive, lorsqu’il a expliqué qu’un joueur “qui fait un match sur 200 pieds convainc le coach de lui en donner plus”, tout le monde à Brossard a entendu la même chose : Bolduc ne fait rien de tout ça.
C’était clair et tranchant.
Pendant que Kapanen obtenait 20 minutes 07 secondes, plus que Nick Suzuki lui-même, et que Demidov jouait sa soirée la plus chargée à vie avec 19 minutes 29 secondes, Zachary Bolduc, lui, n’était même pas dans la conversation. Pas une mention. Pas une nuance. Pas une porte ouverte. Rien.
Le silence, dans ce métier, dit souvent plus que les mots, et aujourd’hui, le silence autour de Bolduc résonnait comme un verdict.
Le message caché : “Voilà ce qu’ils font… et voilà ce que toi tu ne fais pas”
St-Louis a littéralement décrit point par point ce qu’il reproche à Bolduc, mais en l’enrobant d’éloges destinés à d’autres.
Lorsqu’il parle de Kapanen comme d’un joueur “mature”, “responsable”, “capable de penser au jeu défensif avant la feuille de statistiques”, il ne félicite pas son centre. Il expose son ailier gauche.
Lorsqu’il souligne que Demidov “prend de l’expérience”, “ralentit le jeu”, “fait les bonnes lectures”, il ne bâtit pas un prodige. Il détruit Bolduc et son entourage.
Et ce n’est pas un hasard si St-Louis a pris soin de souligner les données les plus sensibles : les présences en fin de match: les présences en prolongation et la confiance défensive accordée aux recrues.
Chaque fois qu'il a souligné une qualité chez Demidov ou Kapanen, il signalait une absence chez Bolduc.
À Toronto, ce sera l’enfer pour Bolduc et tout le monde le sait.
Si les 7 minutes 54 secondes de mercredi constituaient une humiliation pour un joueur qui, 48 heures plus tôt, avait débuté sur le premier trio, ce qui l’attend à Toronto pourrait être d’une violence incomparable.
Car à Toronto, Martin St-Louis n’aura pas le dernier changement. Donc, il ne pourra pas protéger Bolduc.
Donc, son rôle pourrait carrément disparaître dès la première gaffe, la première hésitation, le premier duel perdu.
Et la logique de St-Louis est cinglante:
Le premier trio est figé : Slafkovský-Suzuki-Caufield.
Le nouveau deuxième trio roule comme jamais : Texier-Kapanen-Demidov.
Le troisième trio est indérogeable parce que Anderson, Gallagher et Anderson sont les pantoufles de Martin St-Louis.
Il ne reste donc qu’un seul espace dans la hiérarchie : le quatrième trio. Avec Joe Veleno et Jared Davidson. Ouch.
Le traitement réservé à Bolduc n’est pas accidentel. Il est idéologique.
St-Louis n’a jamais caché qu’il ne jure que par le jeu sans la rondelle. Ce matin encore, il a répété que Bolduc devait trouver une maturité défensive, une responsabilité, une intelligence sans la rondelle, une constance dans la pression, une compréhension des lectures adverses.
C’est sa religion.
Bolduc, lui, vient d’une autre église.
Bolduc est un marqueur né, un joueur instinctif, un joueur de rythme, un attaquant qui a besoin de toucher la rondelle, de sentir l’adrénaline offensive, d’être placé en zone offensive, d’être utilisé comme un tireur, pas comme un vulgaire plombier.
Et pendant que Kapanen bloque des tirs, que Demidov récupère des rondelles libres, que Texier relance l’attaque à la moindre ouverture, Bolduc, lui, demeure prisonnier d’un système qui ne voit que ses défauts et refuse de reconnaître ses qualités.
Pour St-Louis, Bolduc n’est pas un jeune talent offensif, mais bien un risque.
La situation prend un virage dangereux : le malaise est maintenant public.
Quand Jean-Charles Lajoie dit : « Martin, si tu n’aimes pas Bolduc, dis-le à tes boss. »
Quand Tony Marinaro ajoute : « Ils n’ont pas confiance en son jeu sans la rondelle. »
Quand Rick Dhaliwal rapporte que Vancouver surveille Bolduc, possiblement en échange de Kiefer Sherwood, ce n’est plus un bruit de fond. C’est un dossier actif.
Ce matin, avec ses réponses, St-Louis n’a rien fait pour éteindre l’incendie. Et il a laissé tout le monde tirer la conclusion qu’il ne prononcera jamais, mais qu’il pense clairement :
“Je ne vois pas où Bolduc cadre dans mon équipe.”
Quand un coach parle ainsi, la suite est rarement une réconciliation.
Et si tout cela annonçait la fin de Bolduc à Montréal ? Car ça sent bel et bien la fin entre le Québécois... et son coach...
