La tension est à son maximum à Brossard. Alors que Jared Davidson est rappelé de Laval pour remplacer Alex Newhook, Martin St-Louis a saut une coche après la dégelée de 7-0 subie à la maison.
Le coach du CH en avait gros sur le cœur. Sa conférence de presse, pourtant censée être routinière, s’est transformée en message cinglant envers les médias.
Un coach à boutte, visiblement irrité, les traits tirés, la mèche courte. On a vu un Martin sur la défensive, cassant, sec, même méprisant avec les journalistes.
"Je ne m'attendais pas à ce qu'on finisse 75-7" a-t-il affirmé pour commencer, tombant dans l'arrogance dès le début.
Dès la première question, on a compris que l'entrevue allait créer des étincelles.
À la question : « Ça ressemblait à quoi, la séance vidéo ce matin? »
St-Louis a répliqué, glacé : « Ça ressemble à une TV. Une TV, puis on montre des exemples. »
Ouch.
Aucune explication. Pas de contexte. Aucun détail sur le contenu, les fautes abordées, le ton employé. Rien. Juste une réplique sèche, livrée comme une claque.
Et quand un journaliste a tenté une relance pour savoir quel ton il avait utilisé avec les joueurs :
« Je vais pas te dire le ton. OK? J’ai fait ma job aujourd’hui. »
Cet extrait vidéo donne des sueurs froides dans le dos:
Cette attitude-là, ce n’est pas celle d’un coach confiant. C’est celle d’un homme sous pression, qui ne veut pas se faire remettre en question.
Et pourtant, il le faut. Parce que son équipe s’est fait humilier à domicile. (la plus grosse défaire de l'histoire du Centre Bell). Parce que les gardiens s’effondrent. Parce que les jeunes prodiges ne jouent pas (Bolduc, Demidov). Et parce que dans les moments difficiles, il faut du leadership. Du vrai.
Mais vendredi, ce n’était pas le cas. Martin St-Louis, en entrevue, a préféré être passif-agressif. Il a esquivé les questions sur l’état de Newhook, il a refusé de parler de ses cartes, il a été vague sur les performances individuelles. Et à chaque fois qu’on cherchait un éclaircissement, il répondait avec une condescendance qui en disait long : il n’a pas envie de justifier quoi que ce soit.
Et pourtant, c’est exactement ce qu’il doit faire. Le CH vient de manger deux humiliations consécutives. Il n’y a pas eu d’effort visible pour corriger les lacunes majeures.
L’exécution est déficiente? Il le dit lui-même. Mais il refuse de nommer les coupables, de détailler les ajustements. Il se réfugie derrière son discours de “on va regarder, on va voir demain”. Trop flou. Trop tiède. Pas ce que les partisans veulent entendre.
Quand on lui parle de Bolduc, qui stagne après un bon début de saison et qui est puni par le coach, St-Louis se cache :
« C’est comme le reste de l’équipe. On a perdu un peu notre exécution. »
Aucune analyse. Aucun plan. Juste une généralisation paresseuse. Pareil pour le powerplay, pareil pour les trios. Toujours les mêmes réponses évasives. Toujours ce réflexe de s'enfuir.
Mais le plus frappant, c’est qu’il ne semble même plus croire au feu qu’il vendait l’an dernier. Son discours est vide. Aucune énergie. Aucune remise en question. Quand un journaliste l’interpelle sur le fait qu’il avait des cartes inédites cette saison, comme de la profondeur, du talent et des options, sa réponse :
« C’est sûr, on a plus de choix. Il faut prendre des décisions qui vont aider l’équipe. » Mais quelles décisions? Où est le coaching? Où est l’audace?
Le CH affronte Boston samedi. Le timing est peut-être bon, mais l’attitude du coach, elle, est inquiétante. Il s’est présenté comme un homme sans solution, sur la défensive, déjà usé.
Il a refusé de reconnaître la gravité de la situation. Il a préféré se fermer, se replier, jouer la carte de l’orgueil blessé. C’est petit. C’est inquiétant. Et ce n’est pas comme ça qu’on redresse une équipe qui coule.
La LNH, c’est 82 matchs. C’est dur. Mais ce qu’on a vu jeudi, ce n’était pas un coach combatif. C’était un coach méprisant. Un coach qui coupe les ponts. Et dans une ville comme Montréal, où la pression médiatique fait partie du décor, c’est un très mauvais signe.
Si Martin St-Louis n’est pas capable d’absorber les critiques maintenant, qu’est-ce que ce sera en février, en mars, quand l’équipe sera possiblement hors du portrait des séries?
Son travail, ce n’est pas juste de faire du vidéo ou de gérer l’énergie des gars. C’est aussi de répondre aux questions. De donner le ton. De montrer qu’il est encore en contrôle. Et jeudi, il a échoué sur toute la ligne.
Martin St-Louis a toujours prêché par l’intensité. Par le travail. Par le mérite. Mais quand il protège des vétérans finis, quand il refuse de jouer ses jeunes, quand il éteint les feux au lieu de les allumer, il trahit ce qu’il a lui-même vendu. Et il perd le bénéfice du doute.
Ce n’est pas juste une mauvaise passe. C’est une crise. Et ce n’est pas une TV, Martin. C’est Montréal. Et ici, il faut répondre. Même quand ça fait mal.
