Match extérieur du CH au parc Jean-Drapeau: Montréal en liesse

Match extérieur du CH au parc Jean-Drapeau: Montréal en liesse

Par David Garel le 2025-11-14

Montréal aura enfin son match extérieur… et il aura fallu que Valérie Plante parte

Il aura fallu patienter des décennies, des discussions avortées, des projets morts-nés et des années de frustration pour y arriver, mais cette fois, c’est fait : Montréal aura son match extérieur de la LNH en 2027, et ce sera au parc Jean-Drapeau, sur les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame, dans un projet plus ambitieux et plus solide que tout ce qui a précédé.

Les décideurs du parc le disent sans détour : toutes les conditions sont réunies, la ville est prête, les partenaires sont alignés… et surtout, diront plusieurs partisans, la mairesse qui bloquait systématiquement toute initiative sportive majeure n’est plus là.

Parce qu’il faut le dire franchement : il fallait que Valérie Plante s’en aille. Pendant son administration, chaque projet sportif d’envergure semblait se heurter à une un dégoût idéologique ou bureaucratique du sport, et Montréal s’enlisait.

La comparaison est cruelle, mais évidente : Plante quitte, et soudain, l’un des plus grands événements sportifs de l’histoire récente de la ville se matérialise.

Ce match extérieur n’est pas seulement une fête du hockey : c’est aussi la preuve tangible qu’un changement politique peut débloquer ce que des années de discours vides n’ont jamais livré.

Et c’est exactement ce que laisse entendre Véronique Doucet, directrice générale de la Société du parc Jean-Drapeau, qui décrit une démarche structurée, préparée et sérieuse.

« Les étoiles sont alignées, affirme-t-elle à La Presse, convaincue que toutes les conditions exigées par la LNH sont désormais sur la table.

Selon elle, le parc est « le lieu tout indiqué »pour accueillir ce genre d’événement, et surtout, la proposition a franchi un niveau de maturité qu’on n’avait jamais vu jusqu’ici.

Ce n’est pas une demi-idée, ce n’est pas une rumeur, ce n’est pas un souhait vague : c’est une proposition complète, validée, prête à être déposée officiellement à la LNH. Et les dirigeants du Canadien sont déjà engagés dans le processus.

« On pense que ça va vraiment intéresser la Ligue nationale », explique Doucet, tout en confirmant que le Canadien a été approché formellement cette année.

Elle précise d’ailleurs que l’organisation montréalaise pourrait amener le dossier directement à la table lors de la prochaine rencontre des gouverneurs, début décembre au Colorado. Autrement dit, le timing est parfait.

« Le Canadien veut cette classique depuis longtemps », résume Doucet, en insistant sur le fait que le parc a initié le contact cette année. Pas l’inverse. C’est le parc qui est allé frapper à la porte du CH pour dire : on est prêts, on a un vrai plan, embarquez.

Et selon toutes les informations obtenues, le projet est massif : construction d’un amphithéâtre temporaire, installation de gradins modulaires, capacité prévue entre 40 000 et 45 000 spectateurs, seuil minimal exigé par la LNH pour attribuer une Classique hivernale officielle.

Les deux îles, Sainte-Hélène et Notre-Dame, offrent plusieurs options d’aménagements, toutes déjà validées en fonction des normes de la ligue.

Doucet répète : « On a la capacité, on a l’expertise, et on est capables de rallier les partenaires ». Son message est clair : Montréal n’est plus en mode hypothèse, Montréal est en mode livraison.

Parce qu’en 2015, rappelons-le, La Presse rapportait qu’un projet similaire avait été discuté, mais il n’avait jamais décollé. Doucet elle-même, avec une franchise étonnante, explique que cette tentative-là était embryonnaire :

« Ce n’était même pas rendu à la LNH », dit-elle. Le plan de l’époque, basé sur un parc qui n’avait pas encore été repensé ni modernisé, ne répondait plus aux standards actuels. Aujourd’hui, tout a changé :

« Ce qu’on propose maintenant répond à tous les critères. On est ailleurs. »

Et cette dernière phrase résume bien l’ambition de 2027 : Montréal est ailleurs.

L’événement serait d’une ampleur comparable à ce que la ville a connu lors des grands projets sportifs installés sur le circuit Gilles-Villeneuve, comme le Beach Pro Tour de volleyball de plage présenté cet été.

Le parc a démontré qu’il pouvait accueillir des événements internationaux complexes, monter des installations massives en quelques jours, et gérer des foules importantes.

Le CH, la LNH, le parc Jean-Drapeau, le gouvernement du Québec, Tourisme Montréal : tous les astres sont alignés.

Et il faut le répéter encore une fois : il manquait un ingrédient politique.

Ce match extérieur n’aurait jamais avancé sous l’ancienne administration municipale. Trop frileuse. Trop anti-sports. Trop déconnectée de l’importance des événements sportifs dans l’image d’une métropole. Montréal perdait des événements pendant que Québec, Ottawa, Toronto et même Hamilton avançaient.

Maintenant que le blocage est levé, Montréal rattrape le temps perdu.

Le match extérieur de 2027 ne sera pas seulement un événement de hockey : ce sera un marqueur symbolique. Une reprise de pouvoir. Un renouveau. Une démonstration que Montréal peut encore rêver grand et livrer grand, lorsqu’elle cesse de s’excuser d’exister.

Et comme le résume Doucet : « On pense que c’est le temps, on pense que le timing est bon, et on va être prêts. »

Pour une fois, tout semble vrai. Pour une fois, Montréal ne se raconte pas des histoires. Pour une fois, un rêve de hockey prend enfin forme dans la vraie vie.

Et ça commence par un coup d’envoi en plein hiver, sous les projecteurs, au parc Jean-Drapeau, en 2027.

La Classique hivernale de Montréal.

Enfin.

Et il fallait juste que Valérie Plante s’en aille.