Déconfiture à Philadelphie: Matvei Michkov dans de beaux draps

Déconfiture à Philadelphie: Matvei Michkov dans de beaux draps

Par Nicolas Pérusse le 2025-10-19

Matvei Michkov est un joueur de talent. Il ne fait aucun doute qu’il possède les mains, le tir et l’instinct d’un futur marqueur de 40 buts.

À 20 ans à peine, il a terminé sa saison recrue avec 27 buts, 37 passes et 64 points, dans une équipe dysfonctionnelle des Flyers de Philadelphie. Ce n’est pas rien.

Mais ce qu’on voit en ce début de deuxième saison… c’est l’autre Michkov. Le vrai Michkov. Celui que Martin St-Louis et Kent Hughes ont choisi d’éviter.

Hier soir, face au Wild du Minnesota, l’attaquant russe a encore étalé ce qui fait enrager ses entraîneurs depuis des mois : un repli défensif digne d’un Pee-Wee nonchalant. L’action est simple : une perte de rondelle en zone neutre, les Flyers en désavantage, et Michkov qui patine mollement vers son territoire, sans jamais rattraper le jeu.

Résultat? But du Wild. Et Michkov… toujours pas rentré dans sa zone.

Trop, c’est trop.

Rick Tocchet, déjà excédé par l’attitude du jeune prodige, l’a encore une fois puni : zéro présence en prolongation, banc en troisième, aucune confiance dans les moments clés. Et ce n’est pas un incident isolé. En cinq matchs cette saison, Michkov a déjà été cloué au banc trois fois.

On est très loin du joueur intense qu’il prétendait être.

Souvenons-nous de l’été 2023. Michkov avait fait savoir qu’il ne voulait rien savoir du Canadien de Montréal. Non pas à cause du climat, de la pression médiatique ou de la fiscalité. Mais parce qu’il ne voulait pas jouer pour Martin St-Louis, qu’il jugeait trop “soft”, trop conciliant, incapable d’encadrer un joueur comme lui.

Il voulait un entraîneur dur. Un général. Quelqu’un comme John Tortorella, puis Rick Tocchet. Des hommes de poigne, qui ne laissent rien passer. C’est ce qu’il avait dit, c’est ce qu’il avait revendiqué. Il voulait un encadrement brutal, honnête, exigeant.

Et aujourd’hui?

Michkov est hors de forme. Michkov ne replie pas. Michkov boude. Michkov est benché. Trois fois en cinq matchs.Même quand l’équipe gagne. Même quand le match est serré. Ses coachs ne veulent pas de lui sur la glace.

C’est tout dire.

Ce n’est pas juste l’interprétation des partisans. Même les gars de Spittin’ Chiclets, balado pourtant toujours indulgent avec les jeunes, ont tiré la sonnette d’alarme.

« Matvei Michkov est arrivé au camp en mauvaise forme physique », ont affirmé Ryan Whitney et Paul Bissonnette.

Ce n’est pas une rumeur lancée au hasard. Paul Bissonnette travaille étroitement avec Rick Tocchet à TNT. Il sait tout ce qui se passe à l’interne. 

S’il le dit, c’est que Tocchet l’a validé. Et Tocchet, lui-même, n’a jamais caché son malaise. Il a évoqué une cheville blessée, une préparation estivale inadéquate, mais jamais il n’a nié que Michkov avait du retard sur les autres joueurs.

Et maintenant, c’est dans son jeu que ça se voit.

Tocchet, comme Tortorella avant lui, essaie de brasser Michkov pour qu’il devienne un vrai professionnel. Il le punit. Il le sort de l’alignement dans les moments cruciaux. Il le critique publiquement.

Mais la réaction ne vient pas.

« Il faut que le message passe », disait hier un analyste de la région de Philadelphie.

« Et on dirait que Michkov ne l’entend pas. »

C’est ça, le vrai problème. Le talent est là. Mais l’écoute, la responsabilité, l’effort défensif, l’éthique de travail… absents.

À 20 ans, Michkov agit encore comme s’il avait tout compris, comme si les règles ne s’appliquaient pas à lui.

Et c’est là qu’on se dit : Martin St-Louis avait peut-être raison.

Martin St-Louis a été critiqué, parfois à juste titre, pour sa gestion des jeunes joueurs. Sa patience excessive avec Slafkovsky, sa bienveillance envers Dach, ses explications philosophiques floues en conférence de presse.

Mais s’il y a une chose qu’il a toujours su lire, c’est le caractère des joueurs. Et dès le départ, il n’a pas voulu de Michkov.

Pas parce qu’il ne l’aimait pas. Mais parce qu’il savait que son profil était incompatible avec la culture qu’il tentait d’instaurer à Montréal.

Parce qu’il savait qu’un joueur comme Michkov exige de la rigueur… sans jamais en offrir. Qu’il veut un coach dur… sans accepter la discipline. Qu’il veut briller… sans se salir.

Et cette lecture est aujourd’hui confirmée par les faits.

Kent Hughes et Jeff Gorton ont été humiliés publiquement par les partisans lorsque Michkov est tombé au 7e rang. On leur a reproché d’avoir choisi David Reinbacher. On a hurlé à l’incompétence. On a crié à la lâcheté.

Mais aujourd’hui, le recul nous force à admettre une chose : ils ont évité un désastre.

Imaginez Michkov à Montréal. Dans un environnement médiatique explosif. Avec un entraîneur qu’il méprise. Avec une culture de vestiaire encore en reconstruction. Avec des attentes irréalistes, des comparaisons constantes avec Ovechkin, et aucun filet de sécurité.

Il aurait explosé. Pas sur la glace. Dans le vestiaire.

Le verdict est tombé

Matvei Michkov est un joueur extraordinaire. Mais il n’est pas encore un professionnel. Et ceux qui l’avaient vu venir, Jeff Gorton, Kent Hughes et Martin St-Louis en tête, méritent aujourd’hui d’être salués.

Les bancs en troisième période. L’absence en prolongation. Les replis paresseux. Le camp hors de forme. Tout ça démolit le narratif qu’il a tenté d’installer l’an dernier : celui du guerrier russe qui veut un coach... dur...

Il a eu Tocchet, puis Tortorella. Et ça ne marche pas.

Alors la vraie question est la suivante : est-ce que le problème, c’est l’entraîneur? Ou est-ce que le problème… c’est Michkov lui-même?

Martin St-Louis aurait-il fait de Michkov un joueur plus complet?

N'allez pas demander à Patrik Laine. Non... Martin St-Louis n'aime pas les lâches...