Samedi soir au Madison Square Garden, pendant que le Canadien s’apprête à jouer un match chargé d’émotion, une autre scène se déroule tranquillement sur les ondes de TVA Sports.
Pas une mise en échec. Pas un but controversé.
Une phrase. Une idée lancée en ondes par Maxim Lapierre, presque innocente, mais lourde de sens quand on prend deux secondes pour réfléchir.
En parlant du fameux casse-tête du deuxième centre à Montréal, Lapierre y va d’une réflexion qui, à première vue, semble logique.
Peut-être que le Canadien n’a pas besoin d’un centre établi.
Peut-être que la solution passe plutôt par l’ajout d’un ailier très talentueux pour compléter un trio déjà prometteur.
Jusque-là, rien de scandaleux. Le genre de discussion qu’on entend tous les soirs dans les salons sportifs.
Sauf qu’un détail dérange. Un détail majeur. L’ailier talentueux dont il parle… il est déjà là.
À ce moment précis de la saison, l’ailier qui joue avec Oliver Kapanen et Ivan Demidov porte un nom, un statut et un passé très clair.
Juraj Slafkovsky. Premier choix au total. Projet phare de l’organisation. Ailier de puissance censé incarner le futur du top six montréalais.
Alors quand Lapierre explique, en substance, que ce trio aurait surtout besoin d’un ailier offensif de haut niveau pour vraiment décoller, la question surgit toute seule.
De qui parle-t-on exactement. Qui manque à l’appel dans ce trio selon lui.
Parce que si l’ailier talentueux n’est pas Slafkovsky, c’est quoi, au juste, Slafkovsky dans cette équation.
Oublier sa présence paraît improbable.
Slafkovsky est trop visible, trop médiatisé, trop central dans le projet du Canadien pour passer sous le radar d’un analyste aussi branché que Lapierre.
Reste donc une autre hypothèse, beaucoup plus délicate.
Peut-être que, dans son esprit, Slafkovsky n’est pas encore cet ailier offensif dominant qu’on attend.
Peut-être qu’il voit ce trio comme une transition. Un laboratoire temporaire. Une étape avant quelque chose de mieux.
Et là, sans jamais le dire directement, le message devient beaucoup plus lourd.
Parce que si tu suggères d’aller chercher un ailier pour améliorer un trio où joue un premier choix au total, tu remets forcément ce joueur en question.
Lapierre ne parle pas d’échanger Slafkovsky. Il ne dit pas qu’il est mauvais.
Mais le sous-texte est là, bien réel.
Le trio Kapanen Demidov fonctionne parce que Kapanen joue sans erreurs sur 200 pieds, parce que Demidov est un talent brut capable de créer quelque chose à chaque présence.
Et Slafkovsky, là-dedans, devient presque un élément interchangeable. Un joueur qu’on pourrait théoriquement améliorer.
La réflexion devient encore plus troublante quand on pousse la logique un peu plus loin.
Si le Canadien décidait réellement d’aller chercher un ailier offensif établi pour le top six, ce ne serait probablement pas pour le coller sur un troisième trio en développement.
Ce serait pour l’installer avec Suzuki et Caufield. Et dans ce scénario, qui sort. Zachary Bolduc. Pas Slafkovsky.
Ce qui ramène à la question centrale.
Maxim Lapierre voit-il Slafkovsky comme un pilier intouchable du top six, ou comme un joueur encore en période d’essai.
Voit-il ce trio comme une solution d’avenir ou comme un simple passage obligé en attendant mieux.
Rien n’indique une attaque frontale.
Rien n’indique une volonté de provoquer. Mais parfois, les vérités les plus révélatrices sortent précisément quand personne ne force le ton.
Une phrase lancée trop vite. Une idée mal encadrée. Un oubli qui n’en est peut-être pas un.
Slafkovsky traîne déjà un lourd bagage à Montréal.
Celui du premier choix qu’on attend encore de voir exploser pleinement.
Celui du joueur qu’on protège, qu’on excuse, qu’on projette toujours dans le futur.
Entendre, même indirectement, qu’un ailier talentueux manque à son trio, ça frappe.
Au final, chacun est libre d’interpréter ce moment comme il veut.
Bourde en ondes. Réflexion mal formulée. Ou aveu involontaire sur la perception réelle de Slafkovsky dans certains cercles médiatiques.
Une chose demeure certaine. Quand un analyste commence à chercher un ailier élite pour compléter un trio où se trouve déjà un premier choix au total, la question mérite d’être posée.
Pas par provocation. Par lucidité.
Et cette fois, c’est Maxim Lapierre lui-même qui l’a mise sur la table.
Mmmm...
