Ça devait être une récompense. Une reconnaissance. Un moment pour dire : ce soir, on te fait confiance parce que tu l’as gagné.
En fusillade, le message envoyé par Martin St-Louis a été exactement l’inverse.
Pendant 60 minutes, la meilleure ligne du Canadien, et de loin, portait les numéros de Slafkovsky, Kapanen et Demidov.
Présence physique, intensité, créativité, production à forces égales.
À 5 contre 5, ces trois-là ont fait ce que le CH peine à faire depuis trop longtemps : contrôler le jeu sans attendre un miracle en avantage numérique.
Slafkovsky mangeait les bandes, gagnait ses batailles, imposait le tempo.
Kapanen surprenait par son intelligence et son sang-froid. Il a marqué ... encore une fois...
11 buts depuis le début de la saison... Une saison recrue digne d'être récompensé pourtant... mais non...
Demidov, fidèle à lui-même, livrait encore un but, une passe et des tirs dangereux qui faisaient lever le monde de leur siège.
Arrive la fusillade. Et soudain, tout ça n’existe plus.
Premier tireur : Alexandre Texier. Le joker.
Le choix “créatif”.
Une feinte à une main entre les jambes… recyclée, téléphonée, connue de toute la ligue.
Résultat : un joueur qui a l’air de rejouer un vieux clip YouTube plutôt que de lire le gardien.
Malaise immédiat.
Ensuite, les choix “safe”. Cole Caufield et Nick Suzuki.
Caufield, aucun problème. Quand tu lui donnes du temps et de l’espace, il peut encore te faire payer.
Suzuki, par contre, c’est devenu une habitude qui ne fonctionne plus.
Capitaine ou pas, la réalité est brutale : 0 en 15 à ses 15 dernières tentatives.
Ce n’est plus une mauvaise séquence, c’est un signal clair.
Au début de sa carrière, ses feintes surprenaient.
Aujourd’hui, les gardiens l’attendent. Et lui force l’efficacité… qui n’est plus là.
Pendant ce temps-là, les gars qui avaient le couteau entre les dents regardaient du banc.
Aucun essai pour Slafkovsky, pourtant affamé.
Aucun pour Demidov, pourtant en confiance.
Aucun pour Kapanen, pourtant en pleine ascension.
Zéro reconnaissance. Zéro message.
La question n’est pas de dire que Suzuki ou Texier n’ont pas le droit de tirer un shootout.
La vraie question, c’est pourquoi le mérite n’existe plus quand la game est sur la ligne.
Pourquoi on récompense l’ancienneté plutôt que ce qui s’est passé sous nos yeux toute la soirée.
Pourquoi une deuxième ligne dominante est effacée au moment le plus important.
En fusillade, St-Louis avait deux options : envoyer un message de culture interne basé sur l’effort, ou rester prisonnier de décisions politiques, confortables, prévisibles.
Le choix a été clair. Et lourd de sens.
Quand tu demandes à des jeunes d’apprendre à gagner, tu dois aussi leur montrer comment on est récompensé quand on fait tout correctement.
Hier, Slafkovsky, Kapanen et Demidov ont tout donné. Et quand est venu le moment de leur faire confiance… on les a sacrifiés.
La fusillade s’est perdue sur la glace.
Mais le message, lui, a été perdu bien avant.
Misère...
