Pendant qu’Ivan Demidov observait le match d’en haut, les bras croisés dans un chandail d’entraînement blanc, il y avait un autre joueur, bien actif celui-là, qui ne voulait absolument pas rester dans l’ombre.
Ce joueur, c’était Kaiden Guhle.
Et dans une soirée tendue où le Canadien devait impérativement répondre à la gifle infligée par les Blue Jackets quelques heures plus tôt contre les Capitals, Guhle a décidé de jouer le rôle du shérif sans poser de questions.
Il n’a pas levé le ton, il n’a pas cherché les caméras, il n’a pas donné de longues entrevues d’avant-match.
Il a juste enfilé son casque, bien attaché sa visière, puis il a frappé tout ce qui bougeait.
À commencer par les Leafs.
Les Maple Leafs, qui croyaient pouvoir imposer leur tempo dès les premières minutes, ont rapidement compris qu’ils auraient droit à un tout autre décor ce soir.
Kaiden Guhle a décoché deux solides mises en échec dans les premières minutes, des contacts légaux, mais brutaux, du genre qui font lever les partisans et qui annoncent qu’il n’y aura pas de petite soirée tranquille au Scotiabank Arena.
Et comme si ce n’était pas suffisant, Max Domi a eu la brillante idée de lui sauter dessus, croyant peut-être que Guhle se coucherait gentiment au nom de la paix ou d’une vieille rivalité familiale.
Mais Guhle, lui, n’a pas le sang de Tie Domi.
Il a plutôt celui d’un joueur qui refuse qu’on manque de respect à ses coéquipiers et à son organisation.
Et ce qu’il a servi à Domi, ce n’était pas une poignée de main.
C’était une leçon. Un échange de coups de poing. Un message sans détour.
Un rappel clair que même en l’absence d’Arber Xhekaj, il y a toujours quelqu’un dans l’alignement prêt à protéger la forteresse.
Et ce soir, c’est Kaiden Guhle qui a porté l’étoile du shérif.
Pas parce qu’il voulait voler le titre à Xhekaj.
Pas parce qu’il cherche la gloire.
Mais parce qu’il a compris l’essence même de ce genre de match : dans une fin de saison où chaque point compte, il faut parfois répondre physiquement, montrer les dents, et affirmer son autorité quand l’adversaire commence à croire que tu vas plier les genoux.
Depuis que Kaiden Guhle est revenu au jeu, le Canadien de Montréal joue avec plus d’aplomb, plus de constance, plus de hargne dans sa zone défensive.
Et ce n’est pas une coïncidence.
Il a cette aura de joueur qui impose naturellement le respect, non seulement par son physique, mais par sa lecture du jeu, son positionnement intelligent, et son timing chirurgical quand vient le temps d’ouvrir la hanche pour frapper.
Et ce soir, il a ajouté une dimension supplémentaire : celle d’un leader silencieux, capable d’éteindre un feu naissant avant même qu’il ne devienne un brasier.
Dans ce genre de match, où les Blue Jackets ont mis une pression énorme sur le CH avec une victoire écrasante de 7 à 0 contre Washington, c’était impératif que quelqu’un réponde du côté montréalais.
Pas nécessairement par un but. Mais par un geste. Une déclaration physique. Un moment.
Et ce moment-là, il appartient à Kaiden Guhle.
On peut bien parler d’Ivan Demidov, de Suzuki, de Caufield ou de Lane Hutson, mais quand vient le temps de protéger ton vestiaire, c’est des gars comme Guhle que tu veux dans les tranchées.
Et ce soir, il a donné un cours magistral de ce que signifie être un défenseur de série.
Il n’a pas pris de raccourci.
Il n’a pas cherché la pénalité facile ou le tir de la dernière chance.
Il a juste joué du hockey robuste, responsable, sans jamais compromettre le système, tout en envoyant un signal clair à ses adversaires : le CH n’est pas là pour se faire marcher dessus.
Pas cette année. Pas avec Guhle sur la glace.
Pas quand une place en séries éliminatoires est à portée de main, avec seulement deux points manquants pour valider une saison que personne n’avait vu venir en décembre dernier.
Et pendant que les projecteurs restent braqués sur les étoiles offensives du Canadien, c’est Kaiden Guhle qui s’impose tranquillement comme le ciment invisible de cette équipe.
Le genre de joueur que tu ne remarques pas toujours sur la feuille de pointage, mais sans qui tu ne gagnes jamais ce genre de match tendu à l’étranger, en pleine course aux séries.
Le genre de gars que les adversaires finissent par redouter, non pas pour ses feintes ou ses statistiques avancées, mais pour cette certitude glaçante qu’il ne recule jamais devant l’adversité.
Le genre de gars qui ne parle pas, mais qui cogne.
Et ce soir, pendant que Max Domi ramassait ses morceaux au banc des punitions, une vérité s’est confirmée à haute voix dans l’aréna des Leafs : Kaiden Guhle n’a pas juste comblé l’absence d’Arber Xhekaj… il a redéfini ce que ça veut dire d’être un pilier défensif du Canadien.
Amen