Rabaissement médiatique: Michael Hage subit la critique de l'année

Rabaissement médiatique: Michael Hage subit la critique de l'année

Par David Garel le 2025-12-29

Le timing est brutal. Presque cruel. Pendant que le Canada écrase le Danemark 9-1 après un tour du chapeau de Gavin McKenna, pendant que Michael Hage a obtenu deux passes pour porter son total de points à 2 buts 4 passes en 3 matchs, pendant que les partisans commencent déjà à le projeter dans un rôle offensif majeur à Montréal, une voix respectée vient planter un drapeau au milieu de l’euphorie et dire tout haut ce que peu osent admettre : Hage est encore loin d’être prêt pour ce qu’on lui promet.

Cette voix, c’est celle de Hadi Kalakeche, recruteur et analyste chez Elite Prospects. Et ses propos ne sont pas tièdes. Ils sont tranchants, précis, presque inconfortables.

Kalakeche ne remet pas en question le talent de Hage. Il ne nie pas son potentiel. Il ne minimise pas son excellent CMJ. Mais il pose une comparaison qui, à Montréal, résonne comme une alarme : Michael Hage risque d’être frustrant pour les mêmes raisons que Kirby Dach l’a été.

Ce mot-là, frustrant, n’est pas choisi au hasard. À Montréal, on sait exactement ce qu’il signifie.

Kalakeche explique que, comme Kirby Dach, Hage présente des lacunes qui ne disparaissent pas par magie lorsqu’on traverse la frontière entre le junior et la LNH.

Le jeu physique, le positionnement à l’intérieur, la constance en échec-avant, la capacité à s’imposer sans la rondelle, les mises au jeu : ce sont des détails au CMJ, mais des fondations dans la LNH. Et lorsque ces éléments ne sont pas maîtrisés tôt, l’apprentissage devient long, parfois douloureux, souvent décousu.

Le plus dérangeant dans son analyse, ce n’est pas ce qu’il dit sur Hage. C’est ce qu’il dit sur le contexte montréalais.

Kalakeche souligne que le système du Canadien, très axé sur la possession et le contrôle, pourrait temporairement masquer certaines failles de Hage.

Mais masquer ne veut pas dire corriger. Au contraire, ce cadre pourrait même limiter ses répétitions dans les zones où il doit apprendre à souffrir, à gagner des batailles, à jouer sans espace. Autrement dit, Montréal pourrait protéger Hage… au détriment de son développement immédiat.

Et c’est là que le miroir devient cinglant pour l’organisation.

Parce que ce discours arrive au moment exact où une partie de la base partisane commence à shooer Hage dans le top-6 comme si la transition allait être naturelle, fluide, presque automatique.

Comme si un excellent championnat du monde junior équivalait à être prêt pour la LNH. Comme si l’histoire récente du Canadien n’avait rien enseigné.

Or, la comparaison avec Dach fait mal.. Dach a montré des éclairs. De très beaux éclairs. Mais aussi des soirs d’errance, des séquences invisibles, des matchs où l’impact attendu ne venait jamais.

Et une partie de cette frustration venait précisément de ces lacunes structurelles que Kalakeche pointe aujourd’hui chez Hage.

La différence, c’est que Dach est arrivé dans un contexte chaotique, marqué par la pandémie, les blessures, et une organisation qui changeait de cap. Hage, lui, arrive dans une organisation qui veut tourner le coin maintenant.

C’est pour ça que le message fait si mal.

Kalakeche ne dit pas que Hage ne sera jamais un joueur top-6. Il dit que le placer dans ce rôle trop tôt serait une erreur, surtout pour une équipe qui aspire à monter d’un cran dès la saison prochaine.

Il ajoute même que la solution au problème offensif du Canadien ne viendra probablement pas de l’interne à court terme. Ni Hage. Ni d’autres espoirs encore verts. La solution, selon lui, se trouve sur le marché : transaction ou agents libres.

Et là, le puzzle se referme.

Le Canadien aura environ 15 millions de marge sous le plafond salarial, tous ses choix au repêchage, et une banque d’espoirs enviable.

Si Montréal veut réellement combler son trou offensif dans le top-6, ce ne sera pas avec de la patience abstraite. Ce sera avec un joueur établi, dans son prime, capable d’absorber la pression immédiatement.

Michael Hage, malgré son excellent CMJ, malgré ses buts importants, malgré l’enthousiasme qu’il génère, reste un projet. Un projet prometteur, oui. Mais un projet quand même.

Et le danger, à Montréal, n’est pas de douter de ses espoirs. Le danger, c’est de leur demander trop, trop vite, parce que le calendrier organisationnel l’exige.

Le Canada peut battre le Danemark 9-1. Hage peut continuer de briller au CMJ. Tout ça peut être vrai en même temps.

Mais la LNH ne pardonne pas les raccourcis.

Et le message de Kalakeche, aussi cinglant soit-il, dit une chose essentielle : si le Canadien veut vraiment passer au prochain niveau, il ne peut pas encore demander à Michael Hage de porter ce poids-là.

Pas en avril.

Pas l’an prochain.

Pas encore.

C’est peut-être frustrant à entendre. Mais c’est probablement la vérité dont Montréal avait besoin, justement au moment où l’émotion prenait le dessus sur la lucidité.