Moment difficile pour Michael Hage: une première crise

Moment difficile pour Michael Hage: une première crise

Par Nicolas Pérusse le 2025-11-22

C’était inévitable. À un moment ou un autre, la bulle allait se fragiliser. Et aujourd’hui, pour la première fois depuis sa sélection par le Canadien de Montréal, Michael Hage traverse une zone de turbulence sérieuse.

Les doutes s’installent. Les recruteurs, jadis unanimes sur son potentiel de futur centre top-6, réévaluent tranquillement leur position. Et les chiffres, bien qu’honorables en surface, cachent un malaise plus profond.

Hage affiche une fiche de 8 buts, 11 passes pour 19 points en 15 matchs dans la NCAA. Rien de honteux. Au contraire, pour un joueur de première année, c’est même une production solide. Mais les analyses plus fines sont beaucoup moins flatteuses.

Car l’écrasante majorité de ses points ont été récoltés en avantage numérique, contre des clubs de seconde zone. Face aux puissances, aux vraies défensives structurées, Hage disparaît. Pire encore : plusieurs dépisteurs présents dans les dernières semaines ne le voient plus comme un centre. Pour eux, c’est désormais un ailier.

Il vient d'être blanchi pour un 2e match de suite (Penn State et Ohio State), mais il a tout tenter pour marquer... sans succès...

Ce n’est pas exagéré de dire que Michael Hage est, depuis quelques mois, au cœur de presque toutes les discussions impliquant le Canadien de Montréal et des échanges pour un gros centre.

Même avant que la rumeur de Sidney Crosby à Montréal ne s'éteigne,, le même nom revenait à Pittsburgh : Michael Hage.

« Si vous voulez un vrai centre top-6, on commence par Hage », aurait dit un dirigeant. Et tout le monde s’y ralliait. Il représentait cette monnaie d’échange crédible, une promesse emballante, un profil assez complet pour faire croire à un futur deuxième centre de la LNH.

Mais si ce même Michael Hage devient, dans l’évaluation interne des recruteurs adverses, un ailier, son attrait chute vertigineusement. Montréal n’a pas repêché Hage pour en faire un ailier. Le Canadien cherche un centre. Un vrai. Et là réside toute la crise : Hage pourrait ne plus correspondre à ce besoin stratégique.

Il faut aussi s’interroger sur l’effet des rumeurs sur la performance du joueur. Depuis plusieurs semaines, son nom circule partout. Il est perçu comme la clé d’un futur gros coup de Kent Hughes. Hage le sait. Son entourage le sait. Les rumeurs de Buffalo (Tage Thompson), les chuchotements en provenance de Saint-Louis (Kyrou, Thomas), la fièvre Crosby : tout converge vers lui.

Or, depuis que ces rumeurs s’intensifient, ses performances ont ralenti. Son jeu à cinq contre cinq est beaucoup moins fluide, moins décisif. Il conserve moins bien la rondelle, hésite davantage dans ses lectures.

Et soudainement, des recruteurs murmurent qu’il ne contrôle pas assez bien le jeu au centre. Qu’il coupe trop tôt ses trajectoires. Qu’il fuit le centre de la glace. Que ses instincts naturels sont ceux d’un ailier.

Il ne faut pas grand-chose pour qu’un espoir glisse. Et le problème, c’est que dans un marché aussi féroce que celui de Montréal, ces glissements deviennent des tempêtes.

Surestimé? Ou mal utilisé?

Le débat est lancé : Michael Hage a-t-il été surestimé? C’est une question difficile, qui exige de prendre du recul. Hage a traversé l’adversité avant d’atteindre la NCAA. Il a connu des blessures, des revers personnels,  il a perdu son père.

Il s’est reconstruit. Il a brillé dans l’USHL et brille aussi dans la NCAA depuis son année recrue l'an passé. Mais est-il vraiment ce générateur de jeu naturel, ce distributeur de rondelle capable de porter un trio?

Pour certains, non. Il aurait été projeté trop rapidement dans une case qui ne lui convient pas. Son coup de patin, sa finition, son flair offensif pur sont réels, mais ce sont des qualités d’ailier. Pas de centre. Et ce glissement dans l’évaluation est une onde de choc, car toute la structure de la relève du CH au centre dépend de lui. Sans Hage, il n’y a que Suzuki, Dach (toujours blessé), Newhook... et Alexander Zharovsky qui est maintenant l'espoir pour devenir le centre numéro deux tant attendu.

Et pour Kent Hughes, c’est un problème énorme. Car chaque fois qu’il appelle un DG pour tenter un échange d’envergure, on lui demande Michael Hage. C’est la clé. Le joueur qu’il ne voulait pas sacrifier trop vite. Mais si le marché commence à "déranking" Hage, il devient urgent de réagir.

Alors, que faire? Continuer à croire que Michael Hage va retrouver son rythme contre des équipes plus relevées, prouver qu’il peut être un vrai centre? Ou profiter du fait que sa fiche brute de 19 points en 15 matchs masque encore les doutes, pour le vendre au sommet de sa valeur perçue?

C’est là toute la complexité. Parce que si Hage ne redevient pas un centre crédible, sa valeur chute. Il devient un ailier parmi tant d’autres.

Et pendant ce temps, les recruteurs adverses révisent leurs rapports. On se regarde dans le miroir, on se demande si on a été trop optimiste. On réévalue. Et c’est ainsi que naissent les premières vraies crises d’un espoir prometteur : quand l’extérieur commence à douter.

Michael Hage a encore le temps de redresser la situation. Il a le talent. Mais les projecteurs sont désormais braqués sur lui. 

Et ce sont parfois les projecteurs qui brûlent les illusions. À lui de relever la tête. Il a tout le talent du monde pour s'en sortir...