Signature à Montréal: une perte de millions de dollars pour Mike Matheson

Signature à Montréal: une perte de millions de dollars pour Mike Matheson

Par David Garel le 2025-11-09

Tout allait trop bien pour Mike Matheson. 3 buts, 6 passes, 9 points pour 15 points, différentiel  +10, trop de bonnes notes dans les bulletins.

Un tel rythme était insoutenable, surtout dans un contexte où les négociations contractuelles commencent à peser lourd sur les épaules du principal intéressé.

Et samedi soir, face aux Bruins de Boston, la claque a commencé. Même Alexandre Pratt, jamais le plus sévère, a levé le ton dans La Presse.

Matheson perdait sa couverture homme à homme... toute la soirée...

Une phrase toute simple, mais lourde de sens. Le défenseur numéro un du Canadien a été méconnaissable, visiblement déconnecté de ses repères, incapable de maintenir le niveau d'excellence qu'il affichait depuis le début de la saison.

La déconcentration était évidente. Comme Lane Hutson en début de campagne, Matheson est ailleurs dans sa tête. Et pour cause : il joue probablement son avenir financier en ce moment même.

Depuis le début de la saison, Kent Hughes tente d'utiliser le bon vieux levier de l'opportunité. Il souhaite prolonger Matheson avant que sa valeur n'explose, avant que le marché des agents libres ne s'excite, avant que l'été arrive et qu'une équipe soit prête à tout fasse sauter la banque.

Le plan était simple : profiter de la relation préexistante entre Hughes et Matheson (ancien agent vs joueur), faire appel à la loyauté et à la raison, offrir un contrat court, raisonnable, pour garder la marge de manœuvre salariale en 2026. Mais Matheson, lui, regarde ailleurs. Il sait très bien qu'à 32 ans, une seule chose compte : la durée.

Selon David Pagnotta, souvent accusé de lancer des lignes à l'eau pour attraper des clics, la dernière offre du Canadien est de trois ans, entre 6,25 et 7 millions par saison. Une proposition sèche, presque hostile. Trois ans? À cet âge?

Quand des formations pourraient offrir 6 ou 7 ans à 7 millions annuellement sur le marché des joueurs autonomes?

Matheson serait fou d'accepter. Et il le sait.

« Si je prends trois ans, ça me mène à 35 ans, et là, je ne suis plus achetable » doit-il se dire.

Les défenseurs mobiles de plus de 34 ans qui signent des contrats lucratifs sont rares. Il joue donc gros. Très gros.

Selon les informations qui circulent, le clan Matheson rêverait d'un contrat de six ans, possiblement à 6,5 millions par saison pour demeurer à Montréal. Et s'il faut couper la poire en deux, un compromis de cinq ans autour de 6,5 millions annuels serait acceptable.

La réalité est qu'il pourrait aller chercher le contrat de Brandon Montour sur le marché des agents libres (7 ans à plus de 7 M$ par année).

Mais Hughes, lui, n'ira pas au-delà de quatre ans. Il sait que plus il prolonge la durée, plus il prend un risque de performance en déclin, et il a déjà plusieurs jeunes défenseurs à gérer. Il doit penser à Lane Hutson, Noah Dobson, Adam Engström, David Reinbacher, Jayden Struble, Kaiden Guhle et même Arber Xhekaj.

Un contrat de six ou sept ans donnerait un pouvoir énorme à Matheson dans la hiérarchie défensive, bloquant potentiellement l'émergence d'autres joueurs.

C'est dans ce contexte que le match de samedi fait mal. Il rappelle que Matheson, malgré ses qualités offensives, n'est pas invulnérable.

Que son jeu sans la rondelle peut être exposé. Et que les distractions, même bien gérées, finissent par laisser des traces.

Le Canadien voulait peut-être profiter d'un momentum pour le signer à rabais. Mais voilà que Matheson répond en demandant la lune. Et qu'en retour, son niveau de jeu fluctue.

Il ne faudrait pas qu'il redevienne le Matheson qu'on connaissait la saison dernière à Montréal, à Pittsburgh ou en fin de parcours en Floride, ce défenseur spectaculaire mais irrégulier, capable du meilleur comme du pire.

Pour l'instant, il semble pris entre deux identités : le général offensif dominant qu'on a vu en octobre, et le défenseur fuyable, exposé dans sa zone, vu contre les Bruins.

C'est d'autant plus regrettable que Matheson connaît début de saison canon.

Sa fiche de +10 en témoigne. Martin St-Louis lui donne les minutes d'un vrai numéro un. Et dans un vestiaire où les jeunes sont partout, il apparait comme le stabilisateur.

Mais les chiffres n'effacent pas le bruit. Et le bruit, depuis une semaine, c'est celui des négociations. La tension. L'offre jugée insultante. Le désir du joueur d'être payé comme les autres arrières élites de la ligue. Son rôle dans le vestiaire. Son lien précieux avec les jeunes.

Matheson a un lien de longue date avec Kent Hughes, son ancien agent. Leur relation pourrait faciliter une entente, mais elle n'effacera pas les règles du marché.

Matheson veut son contrat de sécurité. Il sait qu'il aura des offres ailleurs. Et le CH, pour une fois, joue dur. Il a envoyé un message à Matheson, comme il l'avait fait avec Lane Hutson :

« Tu dois accepter de perdre des millions de dollars pour le groupe ».

Même Kent Hughes a accepté de couper son salaire pour demeurer DG du Canadien de Montréal. Personne n'est au-dessus du groupe. Personne n'obtiendra un traitement royal.

Hughes sait qu'en gardant les durées courtes, il limite les risques. Mais il sait aussi que certaines situations exigent un geste fort. Matheson est peut-être l'une de ces situations.

Si les performances glissent, les discussions s'enveniment. Et si les discussions s'enveniment, les performances glissent.

Le cercle vicieux est enclenché. Il faudra une bonne dose d'empathie de part et d'autre pour en sortir. Peut-être qu'un contrat de cinq ans à 6,5 millions par saison pourrait clore le dossier.

Peut-être que le CH devra s'y rendre. Mais connaissant le DG du CH, sera 4 ans ou rien.

Ou peut-être qu'il laissera Matheson tester le marché, avec l'idée de le remplacer par un jeune ou une transaction.

Dans tous les cas, le match de samedi est un avertissement. Un signal que la distraction est réelle.

Et qu'elle pourrait coûter cher si elle perdure. Sur la glace... et dans le portefeuille du défenseur.

Avoir le CH tatoué sur le coeur en tant que Montréalais... ça peut coûter cher...