Tout avait pourtant l’air sous contrôle, et c’est précisément ce qui rend la soirée encore plus dérangeante quand on prend un pas de recul et qu’on regarde froidement ce qui s’est réellement passé.
Le Canadien menait 3-0, le match était installé dans son rythme, l’adversaire n’imposait rien d’écrasant, et Martin St-Louis l’a lui-même admis sans détour : ce match-là était entre les mains de son équipe.
Et pourtant, en quelques décisions mal choisies, en quelques séquences mal gérées, tout s’est mis à glisser, lentement mais sûrement, jusqu’à ce que le contrôle se transforme en chaos.
Le mot que St-Louis a martelé, presque jusqu’à l’obsession, ce n’est pas système, ce n’est pas effort, ce n’est pas structure. C’est « erreurs niaiseuses ». Pas une expression lancée au hasard, pas une formule pour meubler une conférence de presse, mais un diagnostic précis, répété, assumé... pour encore envoyer Arber Xhekaj sous l'autobus.
Comme le défenseur a passé toute la 3e période sur la banc, Martin St-Louis savait ce qu'il faisait en parlant d'erreurs niaiseuses. Faire comprendre au public que dans sa tête, cette défaite appartient au shérif:
Quand il dit qu’on a donné la vie à l’adversaire, quand il parle de cadeaux, quand il refuse d’identifier les séquences parce que, selon lui, « si tu regardes la game, tu peux les voir », il envoie un message clair : ce sont des erreurs de jugement, des erreurs de lecture, des erreurs de maturité. Et c’est là que le malaise commence.
Parce que lorsque l’entraîneur-chef insiste autant sur la maturité, sur l’awareness, sur la capacité de comprendre le contexte d’un match mené 3-0, il ne parle pas dans le vide. Il veut simplement qu'on déteste Xhekaj... comme lui...
Dix minutes de jeu, un différentiel de +1, un match avec ces fameuses erreurs niaiseuses que St-Louis a dénoncées à répétition.... mais il était loin d'être le seul.
Pendant ce temps, Mike Matheson, depuis la signature de son contrat, n’est plus le même joueur. Souvent perdu, moins lucide, plus brouillon, et surtout, beaucoup trop utilisé.
Tout d'un coup, ses 5 ans et 6 millions par année donnent mal au coeur. Tout d'un coup, ça sent le brûlé. Comme si on venait d'enflammer 30 millions de dollars sous nos yeux.
Vingt-sept minutes et vingt-trois secondes. C’est énorme. C’est excessif. C’est exactement le genre de surcharge qui mène à des décisions précipitées, à des lectures tardives, à des jeux à une main au mauvais moment.
Dans ce match-là, Mike Matheson est directement impliqué dans des séquences où le Canadien se tire dans le pied.
Sur le quatrième but des Rangers, marqué 26 secondes après le troisième, St-Louis envoie volontairement ses joueurs de de confiance : Suzuki, Matheson, Carrier. Le message est clair : fermer la porte.
Or, ce qui se produit est l’inverse. Matheson force une transition inutile en zone neutre, la ligne bleue est ouverte trop rapidement, la pression recule d’un demi-pas, et J.T. Miller obtient l’espace nécessaire pour attaquer une défense qui n’est plus compacte.
C’est une erreur de jugement "niaiseuse", exactement ce que St-Louis dit détester… sauf quand ça vient de ses vétérans.
Il ne vise jamais Matheson. Il ne pointe jamais ses erreurs. Personne ne remet en question son utilisation. On accepte... et on excuse. Juste parce qu'il est multimillionnaire et que Xhekaj empoche des peanuts, autant sur la glace que dans son portefeuille?
Alex Carrier commet aussi des bourdes à la pelletée, et que dire de Noah Dobson? La réalité, c’est que le discours sur les "erreurs niaiseuses" ne s’applique pas équitablement.
Arber Xhekaj a toujours été le punching bag de Martin St-Louis. Le joueur facile à sortir. Le nom qu’on peut rayer sans trop de résistance. Celui qu’on peut sacrifier pour envoyer un message sans froisser qui que ce soit... à part sa famille et ses proches.
Et plus ça va, plus tout pointe vers une conclusion que plusieurs refusent encore d’accepter : la fin d’Arber Xhekaj à Montréal approche. St-Louis prie pour qu'on le transige demain matin.
Et pendant que le shérif se retrouve sous les roues du coach, on continue de surtaxer un défenseur qui accumule les erreurs depuis la signature de son contrat tout en punissant celui qui a joué qui est dans a niche depuis toujours, ce n’est plus une question de mérite. C’est une question de chouchous.
Comme si Xhekaj et ses 10 minutes de jeu nous avaient fait perdre la game.
Dany Dubé l’a dit à la radio, et de plus en plus de gens commencent à lui donner raison : le Canadien a un sérieux problème à la ligne bleue, et pas seulement en termes de talent, mais en termes de gestion.
27:23 pour Mike Matheson.
26:58 pour Lane Hutson.
23:45 pour Noah Dobson.
22:20 pour Alex Carrier.
11:16 pour Adam Engström.
10:13 pour Arber Xhekaj.
On parle constamment d’ajouter un défenseur sur le marché de4s transactions, mais avant même d’en ajouter un, il faudrait peut-être se demander si on utilise correctement ceux qu’on a déjà.
Martin St-Louis a raison sur une chose : quand tu mènes 3-0, le match devrait être fini à la moitié de la game si le niveau de maturité est au rendez-vous.
Mais cette maturité-là, elle ne se développe pas seulement en pointant toujours le même joueur. Elle se développe quand les responsabilités sont réparties équitablement, quand les erreurs des vétérans sont aussi assumées que celles des jeunes, et quand le message envoyé par l’alignement correspond réellement à ce qui s’est passé sur la glace.
Sinon, le message devient brouillé. Et dans un vestiaire, un message brouillé, ça fait beaucoup plus de dégâts qu’une erreur niaiseuse de trop.
St-Louis et ses chouchous... ça commence à être toxique...
