Il y a des moments en séries où le hockey dépasse le hockey.
Des moments où les buts deviennent des messages, où les poignées de main deviennent des règlements de compte, où les sourires deviennent des coups de couteau dans le dos de ceux qui t’ont laissé partir.
Hier soir, Mikko Rantanen n’a pas marqué trois buts pour Dallas.
Il a marqué trois reproches au Colorado.
Trois réponses à chaque dirigeant qui a osé penser qu’il ne valait pas ses 14 millions.
Trois clins d’œil cruels à une organisation qui l’a sacrifié sous prétexte qu’il était un “produit MacKinnon”.
Et ironiquement, c’est sans MacKinnon que Rantanen vient d’éliminer MacKinnon.
Ce n’est pas une série. C’est une vendetta.
Dès les premières secondes, on sentait que quelque chose bouillonnait chez le #96.
Il touchait à toutes les rondelles.
Il patinait comme un homme qui joue sa réputation.
Et il ne laissait personne oublier ce qu’on avait perdu à Denver.
Le premier but a été marqué sur un tir voilé en avantage numérique.
Le deuxième sur une échappée, à peine croyable.
Et le troisième, celui qui a scellé le sort de l’Avalanche, est venu d’un tir parfait dans une cage béante, pendant que les partisans de Dallas hurlaient “MVP”.
Mais ce n’est pas le but qu’on va se rappeler.
C’est la poignée de main.
Il y a eu Landeskog en premier. Une accolade franche.
Puis Cale Makar, qui n’a pas pu soutenir le regard.
Et Nathan MacKinnon, le frère de toujours, celui qui a tout partagé… jusqu’au divorce.
Sans oublier son compatriote finlandais, Arturri Lehkonen qui, rappelons-le, n'a pas toujours été le préféré de Mikko.
Rantanen a murmuré quelque chose à chacun.
Et d’après les spécialistes en lecture labiale, il aurait dit :
« Je vous l’avais dit… j’allais vous le faire payer. »
Est-ce vrai? Est-ce déformé?
Peu importe.
L’image est déjà gravée dans le marbre des séries 2025.
En conférence de presse, Rantanen est resté digne. Mais tranchant :
« Ce sont mes frères, pour de vrai. La plupart, je les connais depuis dix ans. Nate, Landy… je les aimerai toujours hors de la glace. Mais sur la glace, ce sont des ennemis. »
Et quand un journaliste lui demande si c’est une revanche personnelle :
« Je ne sais pas si on peut parler de revanche. Comme je l’ai dit plusieurs fois, c’est du business. Je suis juste content d’être du bon côté cette fois. »
Ce qu’il ne dit pas, mais que tout le monde comprend, c’est que cette saison a été un calvaire.
Échangé deux fois. Bousculé dans les médias. Sous-estimé par tout le monde, y compris son ancienne équipe.
« Une année difficile mentalement. Me faire échanger deux fois dans la même saison, ce n’est jamais facile. Je dois remercier tout le monde à Dallas de m’avoir accueilli. »
Et la cerise sur le sundae?
« Si quelqu’un m’avait dit au camp d’entraînement que j’allais faire un tour du chapeau dans le match #7 pour éliminer le Colorado, j’aurais quitté la pièce en riant. »
Mais c’est exactement ce qui s’est passé.
Et le plus ironique, dans tout ça?
Le Colorado a tout perdu.
Nečas n’a rien apporté.
L’équipe s’est effondrée au moment crucial.
Et c’est Rantanen, celui qu’ils ont largué, qui leur a administré la piqûre létale.
Il voulait de l’argent. Ils ont répondu par une transaction.
Il a répondu par un massacre.
Le coach des Stars, Peter DeBoer, n’a pas mâché ses mots :
« Ce soir, Mikko n’a pas seulement marqué trois buts… il a déchiré le cœur d’une franchise. »
Dans l’Ouest, tout s’enflamme.
Dallas passe au deuxième tour avec un vent de folie.
Et Rantanen, lui, vient peut-être de vivre le plus grand soir de sa carrière.
Ce soir-là, ce n’est pas un joueur qui a gagné.
C’est un homme qui a été rejeté.
C’est une dignité qui a été bafouée.
C’est une revanche qui a été servie… glaciale.
Et le message est clair.
Tu peux tout prendre à Mikko Rantanen.
Tu peux même lui enlever son chandail.
Mais tu ne peux pas lui enlever son orgueil.
Amen