Milliers de dollars en fumée: un scandale financier sans précédent vient ternir le CH

Milliers de dollars en fumée: un scandale financier sans précédent vient ternir le CH

Par David Garel le 2025-04-25

Il y a des moments, dans l’histoire d’un peuple, où la honte dépasse les frontières de l’indignation pour se transformer en gêne collective.

L’affaire « Go Habs Go », cette aberration bureaucratique née des profondeurs d’un excès de zèle à l’Office québécois de la langue française (OQLF), est l’un de ces moments.

Et disons-le sans détour : c’est un scandale, une gifle en pleine face pour tous les Québécois attachés à la langue française, mais aussi fiers de leur identité plurielle, de leur histoire sportive et de leur bon sens.

Car oui, il faut le dire : la décision de faire retirer l’inscription de « Go Habs Go » sur les autobus de la STM – est non seulement ridicule, mais honteuse.

Pire encore : elle nous fait passer, collectivement, pour des imbéciles aux yeux du monde entier. Le journal The Gazette l’a bien compris avec son titre devenu viral : « No Habs No ».

Et ce n’est qu’un début. Ce genre de décision, prise dans l’ombre d’un local gouvernemental, peut avoir des répercussions bien plus graves qu’on ne le croit.

Avant même d’attaquer le fond, attardons-nous sur la forme. Car cette décision, aussi absurde soit-elle, a un coût. Un coût bien réel. Combien de milliers de dollars – de nos impôts, rappelons-le – ont été dépensés pour traiter une plainte aussi insignifiante ?

Il a fallu recevoir la plainte. L’acheminer. L’analyser. La soumettre à une lecture légale. Solliciter des avocats. Rédiger une mise en demeure. Contacter la STM. Formuler un avis officiel. Modifier les messages programmés. Imprimer des communications. Informer les chauffeurs. Ajuster les systèmes informatiques.

Un processus administratif entier, coûteux, lent, inutile. Pour quoi ? Pour remplacer un mot – GO – que même le Parti québécois, le plus farouche défenseur de la langue, n’a jamais osé remettre en question.

On parle de dizaines et de dizaines de milliers de dollars.

Il y a là un mépris pour l’intelligence collective. Une insulte à la mémoire culturelle. Et une gestion irresponsable des fonds publics.

Le « Go Habs Go », ce n’est pas juste un slogan. C’est un cri du cœur. C’est un élan populaire. C’est une tradition profondément ancrée dans notre culture sportive.

Que ce soit au Centre Bell, dans les rues de Montréal ou dans les salons des familles québécoises, ce chant résonne depuis des générations.

Il est porté par les enfants comme par les grands-parents, par les francophones comme les anglophones, par les nouveaux arrivants comme les Québécois de souche.

L’idée que ce slogan serait inacceptable parce qu’il contient un mot anglais est à la fois absurde et dangereuse. Absurde parce que l’usage populaire le valide depuis plus de 100 ans.

Dangereuse parce qu’elle alimente un narratif xénophobe et étroit, où toute interaction avec une autre langue serait perçue comme une menace.

Est-ce là l’avenir linguistique que nous voulons pour le Québec ? Un avenir régi par des automatismes bureaucratiques sans nuance, sans contexte, sans intelligence ?

Même les défenseurs de la langue s’indignent.

Lorsque même les figures les plus rigoureuses du Parti québécois lèvent le drapeau blanc, c’est que quelque chose ne tourne pas rond.

Catherine Gentilcore, critique en matière linguistique du PQ, a reconnu que « la langue française fait face à de plus grands problèmes que le mot Go sur des autobus ».

Paul St-Pierre Plamondon, lui-même, a utilisé le mot-clic #GoHabsGo sur son compte officiel. François Legault ? Il dirige un parti qui s’est fait élire en jouant avec des slogans tels que « On se donne Legault ».

Mais le mot « Go », lui, serait interdit ? Où est la cohérence ?

Même les défenseurs les plus ardents de la langue française comprennent que cette lutte doit être intelligente, contextualisée, et ancrée dans la réalité culturelle du peuple québécois.

Ce que l’OQLF vient de faire, c’est l’inverse : une démonstration caricaturale de force, une attaque linguistique mal ciblée, qui rate complètement l’essentiel.

C’est l’incompréhension totale chez le Canadien de Montréal. On raconte que Geoff Molson aurait demandé un compte rendu complet de cette histoire, furieux de voir son organisation ridiculisée à travers le monde pour un simple slogan.

France Margaret Bélanger, présidente des opérations commerciales du CH, aurait elle aussi exprimé son indignation devant cette tempête absurde. Et à juste titre.

Cette décision vient nuire à l’image de marque du club. Elle ridiculise une organisation qui mise sur la passion, le folklore et la culture sportive pour rallier les foules et vendre l’expérience CH.

Et plus encore, c’est un très mauvais karma. Car au moment où les séries s’amorcent, où chaque détail peut faire la différence entre la victoire et la défaite, le Canadien voulait envoyer un message d’unité, de ralliement.

« Go Habs Go » sur les autobus, c’était un symbole. Un appel à la mobilisation. Une façon d’habiller la ville aux couleurs de l’espoir. L’OQLF, en sabotant ce message, vient d’empoisonner l’ambiance. En séries, on ne joue pas avec le karma.

Il faut aussi parler de l’OQLF lui-même. Cet organisme, censé défendre la langue française, est devenu au fil des ans un symbole de déconnexion bureaucratique. Qui décide ? Sur quelles bases ? Avec quels outils d’analyse culturelle ? Et surtout : qui surveille l’OQLF ?

Il est temps que l’Assemblée nationale prenne ses responsabilités. Que le ministre de la Langue française s’interroge sérieusement sur les mandats, les limites et les dérives de l’OQLF. Et qu’une réforme s’enclenche. Car cette institution, dans sa forme actuelle, nuit plus qu’elle ne protège.

La vérité, c’est que les langues vivantes se nourrissent d’échanges. Elles évoluent. Elles empruntent. Elles s’adaptent. Elles résistent par leur richesse, leur souplesse, leur force d’évocation. Interdire le mot « Go », c’est admettre que notre langue est faible. C’est lui refuser le droit d’exister dans une société complexe et plurielle.

Or, la langue française au Québec est tout sauf faible. Elle est magnifique. Elle est inventive. Elle est passionnée. Elle a survécu à des siècles d’assimilation. Elle s’est imposée comme langue officielle, langue de travail, langue d’enseignement.

Elle n’a pas besoin d’être protégée contre le mot « Go ». Elle a besoin d’être portée avec fierté, intelligence et discernement.

Ce qui s’est passé avec l’affaire « Go Habs Go » est une honte. Une honte institutionnelle. Une honte politique. Une honte symbolique. Une honte financière.

Nous avons gaspillé des ressources publiques pour censurer un cri du cœur collectif. Nous avons humilié notre équipe sportive, notre passé, notre intelligence. Nous avons montré au monde que nous préférons les combats absurdes aux gestes de fierté partagée.

Et le pire ? C’est que c’est nous qui payons pour ça.

Alors une dernière fois, pour ceux qui ont oublié que le Québec est un peuple capable de passion, de nuances, de grandeur :

GO. HABS. GO.