Miracle à Long Island sous les yeux de Patrick Roy et Mathieu Darche

Miracle à Long Island sous les yeux de Patrick Roy et Mathieu Darche

Par André Soueidan le 2025-12-28

Avant même que la rondelle touche la glace, quelque chose flottait dans l’air à Long Island.

Un silence différent. Un respect instinctif. Un moment qui dépassait le hockey.

À 104 ans, Dominick Critelli, vétéran de la Deuxième Guerre mondiale, est apparu au centre de la patinoire, saxophone à la main, pour livrer l’hymne national américain.

Pas une mise en scène. Pas un gadget marketing. Un vrai moment de chair, de mémoire, de vie.

Cent quatre ans. Des guerres. Des pertes. Des générations qui ont passé.

Et pourtant, encore debout, encore là, encore capable de faire vibrer une aréna complète avant un match Rangers–Islanders.

À cet instant précis, le hockey est devenu secondaire.

Les joueurs l’ont senti. La foule l’a compris. Et sans le savoir, cette soirée venait déjà d’être gagnée.

Ensuite, les Islanders ont fait le reste.

Une victoire de 2-0 contre les Rangers, l’ennemi juré, comme pour prolonger cette énergie étrange, presque sacrée.

Un match maîtrisé. Calme. Structuré.

Du hockey adulte. Du hockey de séries.

Matthew Schaefer a mangé 27 minutes de glace comme si c’était normal. Comme si c’était ça, maintenant, la norme à Long Island.

Et quand on regarde le classement, difficile de ne pas lever les sourcils.

46 points. Une moyenne de 0,605.

Quatre points d’avance sur les Devils pour une place en séries.

Sixième rang de toute la LNH pour les buts accordés.

Une équipe qu’on disait rafistolée, patchée, condamnée à flotter dans le milieu du classement… qui se retrouve soudainement plus stable, plus mature, plus crédible que bien des clubs prétendument “en reconstruction”.

Sous les yeux de Patrick Roy, l’architecte de l’exigence.

Sous les yeux de Mathieu Darche, le cerveau calme qui a osé des décisions que plusieurs n’osaient même pas imaginer.

Laisser partir Noah Dobson. Accepter le risque.

Récupérer Emil Heineman et deux choix de première ronde.

Encaisser les critiques.

Et aujourd’hui? Regarder le tableau et voir une équipe qui joue mieux, qui défend mieux, qui croit mieux.

Ce qui se passe à Long Island, ce n’est pas un feu de paille.

C’est une culture qui prend forme.

Un vestiaire qui comprend ce qu’il représente. Une organisation qui, sans tambour ni trompette, est en train de se redéfinir.

Et quelque part, à Montréal, impossible de ne pas faire le lien.

Impossible de ne pas imaginer. Une équipe du Canadien qui se bat elle aussi pour sa place.

Un Patrick Roy face à Martin St-Louis en séries.

Une confrontation chargée d’histoire, d’émotion, de symboles.

Ce serait du bonbon pur. Pour les partisans. Pour les médias. Pour la planète hockey.

Mais avant tout ça, il y a eu un homme de 104 ans. Un saxophone. Une patinoire silencieuse.

Et ce rappel brutal que le hockey, quand il est bien entouré, peut devenir beaucoup plus qu’un sport.

À Long Island, hier soir, ce n’était pas juste une victoire.

C’était un moment.

Et parfois, c’est exactement comme ça que les vraies saisons commencent.

AMEN