Moment difficile pour Brendan Gallagher: la fin approche

Moment difficile pour Brendan Gallagher: la fin approche

Par David Garel le 2025-10-03

À Brossard, les jours sont de plus en plus difficiles pour Brendan Gallagher.

Le vétéran n’arrive pas à suivre. Pas à ce rythme. À un moment donné, il donne l’impression qu’il va vomir tellement il est à bout de souffle.

Les jambes raides, les bras lourds, le souffle court, les traits tirés : Gallagher se vide complètement pour simplement survivre aux séances d'entraînement.

Chaque exercice imposé par Martin St-Louis ressemble à un supplice de fin de carrière. Et tout le monde le voit. Tout le monde le sent.

Le Canadien a beau parler de respect, d’éthique, de vestiaire, la réalité du sport de haut niveau est sans merci. La LNH ne pardonne pas la fatigue. Elle l’élimine. Et n'a pas de pitié pour un guerrier qui n’a plus les jambes de sa volonté.

Brendan Gallagher le sent. Il ne le dit pas, il ne le montre pas, mais son corps le sait. Le regard des autres aussi. Le tempo de son cœur ralentit à chaque répétition, à chaque fois qu’il jette un coup d’œil vers ceux qui, bientôt, prendront sa place dans l’alignement.

Martin St-Louis tent4 de le rassurer. Ou du moins, de ne pas l’éteindre trop vite. Il lui a donné une combinaison de trio avec Kirby Dach et Zachary Bolduc, comme pour lui dire :

« Je ne t’ai pas oublié. Tu comptes encore. » Mais derrière cette mise en scène polie, Gallagher a compris ce qu’on ne lui dira jamais en face. Ce n’est plus son équipe. Ce n’est plus son époque.

Le problème, c’est que Brendan Gallagher n’a jamais été un joueur qui savait ralentir, doser, calculer. Depuis le jour 1, il a été le cœur battant d’une équipe souvent sans âme.

Il a été l’homme qu’on détestait affronter et que tout vestiaire rêvait d’avoir. Il a été le bâton dans les roues des défenseurs, le premier dans les coins, le dernier à abandonner. Il a été un Canadien de Montréal au plus profond de son coeur.

Mais aujourd’hui, ce n’est plus suffisant.

Renaud Lavoie, qui l’a toujours défendu, continue de monter au front pour lui. Il a dit à l’antenne qu’il y aurait « de l’intérêt » pour Gallagher si le CH décidait de l’échanger.

Une phrase qui n’aurait jamais été prononcée il y a deux ans. Pas après les séries de 2021. Pas après les combats, les buts clés, les blessures traversées sans plainte.

Mais voilà : en 2025, tout est différent. Son contrat de 6,5 M$ par année jusqu’en 2027 est devenu un fardeau sur la masse salariale. Il est devenu, aux yeux des analystes, un actif à liquider.

Ce mot, « actif », est précisément ce qui rend l’histoire si inhumaine. Brendan Gallagher n’est pas un actif. C’est un être humain, un guerrier, un cœur en sueur, un joueur qui a tout laissé sur la glace pendant plus d’une décennie.

Et pourtant, il vit chaque jour comme s’il devait convaincre le monde qu’il n’est pas fini. Il vit chaque exercice comme une audition, chaque présence comme un plaidoyer. Mais la vérité, c’est que le plan du Canadien est déjà en marche.

Le journaliste Nicolas Cloutier, dans une excellente entrevue, a mis le doigt sur ce que personne n’ose nommer à haute voix : le remplaçant de Gallagher est déjà connu. Il s’appelle Vinzenz Rohrer. Et ceux qui l’ont affronté le décrivent comme un Gallagher 2.0.

Tim Bozon, un ancien espoir du CH aujourd’hui établi en Suisse, a raconté avec émotion ses affrontements contre Rohrer.

« C’est un Gallagher. »

Parce qu’il joue avec la même rage, la même intensité, la même volonté de déranger l’adversaire.

Rohrer est plus jeune, plus rapide, moins abîmé. Et dans l’esprit des dirigeants du CH, 2027 est l’année de la transition. Gallagher, lui, n’a plus que deux saisons devant lui. Deux saisons pour prouver qu’il mérite encore cette place qu’il a conquise à la sueur de tout ce qu’il est.

Mais il sait que la fin approche. Pas parce qu’on lui a dit. Parce qu’il n’est pas stupide.

Dans les vestiaires, les regards ont changé. Les jeunes ne le regardent plus comme un modèle, mais comme un has been. Un gars qui « a fait son temps ». Ils le respectent, mais ils ne le redoutent plus. 

Et cette réalité, elle est plus douloureuse que n’importe quelle blessure. Elle est invisible, mais elle ronge. Elle t’attaque la nuit, quand tu t’endors en te demandant combien de temps il te reste. Tu penses à ce chandail, à ce logo, à cette ville, à tous les moments passés. Et tu sais que le train ne t’attend pas.

Brendan Gallagher, a donné sa vie au Canadien de Montréal. Il a porté le club sur ses épaules quand plus personne ne croyait. Il a joué avec des côtes cassées, un pouce arraché, une main farcturée, un visage tuméfié. Il a été la voix du vestiaire quand personne n’avait le courage de parler. Il a été un exemple vivant de résilience.

Aucune statistique ne peut effacer ce qu’il a fait. 

Ce qu’on retiendra, c’est qu’il a été un homme d’exception.

Et peu importe ce que disent les observateurs, peu importe s’il termine sa carrière très bientôt, Brendan Gallagher restera, à jamais, l’un des plus grands Canadiens de sa génération.

Pas pour ses buts. Pour sa grandeur...