Négociations avec Lane Hutson: Jeff Gorton perd patience

Négociations avec Lane Hutson: Jeff Gorton perd patience

Par Marc-André Dubois le 2025-07-26

Ça chauffe dans les coulisses du Centre Bell.

Alors que tout le monde pensait que les négociations contractuelles de Lane Hutson suivaient leur cours habituel, avec un Kent Hughes sans pitié à la barre, comme à son habitude, voilà qu’un nouveau joueur vient bouleverser la dynamique : Jeff Gorton.

Le vice-président exécutif des opérations hockey du Canadien, plus habitué aux négociations de transactions qu’aux clauses contractuelles, aurait décidé de prendre les rênes du dossier Hutson.

Et ce n’est pas pour aider son directeur général. C’est pour poser un mur. Un mur infranchissable. Un mur à 10 millions de dollars.

Selon plusieurs sources bien branchées, Jeff Gorton est désormais le plus grand obstacle à la signature de Lane Hutson à long terme. Ce n’est plus Kent Hughes le plus dur dans les négos, c’est Jeff Gorton.

Voilà un revirement de dynamique inattendu.

C’est pourtant Kent Hughes, ancien agent redouté, qui a bâti sa réputation sur des négociations féroces et chirurgicales. Il a pris soin de maintenir une hiérarchie salariale bien établie depuis son arrivée à Montréal : Caufield à 7,85 M$, Slafkovsky à 7,6 M$, Guhle à 5,5 M$, etc. Puis est arrivé le coup de maître : Noah Dobson, 8 ans, 76 millions, soit 9,5 M$ par année.

Un vol. Un contrat modèle. Une signature structurante pour l'avenir.

Mais au lieu de lui simplifier la tâche avec Hutson, ce contrat est devenu une véritable épine dans le pied de Kent Hughes. Pourquoi? Parce que l’agent de Lane Hutson, Sean Coffey, l’a vu d’un tout autre œil.

Dans la tête de Kent Hughes, le message était clair :

Dobson est un défenseur étoile, établi, droitier, dans son prime. Il est à 9,5 M$? Parfait, ça me donne de la marge. Je peux offrir à Hutson 8 ans, 9 M$… ou peut-être 9,5 M$ si je suis généreux. 

Mais dans la tête de Sean Coffey, c’est une insulte.

Coffey veut plus que Dobson. Il veut faire de Lane Hutson le défenseur le mieux payé de l’histoire du Canadien.

Il vise 10 M$ par année sur 8 ans. Rien de moins.

Et c’est là que Jeff Gorton a dit : Non.

Ce n’est pas banal. Dans le monde du hockey, les VP hockey ne s’impliquent que très rarement dans les détails contractuels. Ils laissent cela à leurs directeurs généraux.

Surtout que dans le fonctionnement du monstre à deux tête Hughes-Gorton, les tâches sont claires: Gorton négocie les transactions, alors que Hughes négocie les contrats.

Mais Gorton, ancien DG des Rangers de New York, a senti que la ligne rouge avait été franchie. Il a pris la parole publiquement, sans nommer Sean Coffey, dans une déclaration désormais célèbre, et visiblement dirigée vers lui :

« Les agents, ils aiment ça. C’est comme ça qu’ils s’accrochent. Le plafond monte, et là, c’est le pourcentage, le pourcentage, le pourcentage. Mais en même temps, eux, ils n’ont pas à gérer une équipe.

Ils ne sont pas dans le vestiaire, ils ne comprennent pas ce que ça fait quand un gars revient dans la chambre avec beaucoup plus d’argent qu’un autre… comment tu expliques ça? »

Le message est clair : Gorton veut éviter un déséquilibre interne. Il refuse de casser la hiérarchie salariale du club pour un défenseur, aussi brillant soit-il.

Mais c’est aussi un message frontal à Sean Coffey :

Tu ne vas pas nous en passer une petite vite. 

De son côté, Sean Coffey est inflexible. Il connaît la valeur de son client. Il le sait : Lane Hutson a gagné le Calder, a dominé offensivement dès sa première saison dans la LNH, et représente l’avenir du Canadien.

Surtout, Coffey voit plus loin que 2025. Il voit l’explosion du plafond salarial, la flambée du marché des défenseurs offensifs. Evan Bouchard (10,5 M$ sur 4 ans) a tout changé.

Et maintenant Kirill Kaprizov, qui s’apprêterait à signer 8 ans à 15 M$ avec le Wild du Minnesota. On ne parle pas d'un défenseur offensif, mais on parle d'un joueur générationnel... comme Hutson...

Sans oublier que des attaquants de premier plan, mais pas des joueurs générationnels, comme Jason Robertson (11-12 M$ ?) et Adrian Kempe (10 M$ ?), veulent faire sauter la banque.

Coffey a des étoiles et des signes de dollars dans les yeux. Il pense exactement comme Auston Matthews à Toronto : signer un contrat de transition maintenant, puis faire péter la banque à 25 ou 26 ans.

Et ça, Kent Hughes veut l’éviter à tout prix.

La pression monte. Parce que selon la convention collective actuelle, 2025 est la dernière année où les équipes peuvent offrir un contrat de 8 ans à un joueur déjà sous contrat.

À partir de 2026, si le joueur n’est pas libre, ce sera 7 ans maximum.

Donc Hughes veut agir maintenant. Il a offert 8 ans, 72 M$ (9 M$/an).

Mais Coffey a refusé. Et maintenant que Gorton s’en mêle, le dialogue est tendu. Très tendu.

Tony Marinaro l’a très bien résumé dans son Sick Podcast :

« La dernière chose que tu veux, c’est de jouer avec les sentiments d’une star. »

Et selon Marinaro, c’est ce qui est en train de se produire. Il craint que le CH bousille sa relation avec Hutson. Et si ce lien de confiance est brisé, tout peut basculer.

Ce n’est pas seulement Lane Hutson. Gorton doit penser à l’avenir. Si Hutson obtient 10 M$ par année maintenant, que feront les autres jeunes vedettes?

Ivan Demidov, dont l’agent Dan Milstein prend déjà des notes, va faire sauter la banque lui aussi.

Ces prodges devront être payés Si Hutson devient le point de rupture, Gorton craint une réaction en chaîne.

Il veut garder un système équitable, un vestiaire sain. Mais Coffey s’en fout.

L’agent ne gère pas une équipe. Il gère un joueur.

Et ce joueur, Lane Hutson, n’est toujours pas signé le 21 juillet.

Le conflit n’est pas seulement financier. C’est philosophique.

Gorton veut gérer un club avec des principes. Coffey veut battre des records.

Hughes, coincé au milieu, tente de maintenir la paix.

Mais il est pris entre deux titans.

Et maintenant que le dossier a traîné publiquement, chaque jour qui passe est une victoire pour Coffey. Il force le CH à s’exposer. Il force les médias à parler. Il force Gorton à grimacer.

Et surtout, il gagne du levier.

Lane Hutson est peut-être le joueur le plus excitant à Montréal depuis P.K. Subban. Mais la réalité est qu'il est de loin supérieur à Subban, tant au niveau de son attitude que de son jeu sur 200 pieds.

Mais aujourd’hui, il représente aussi le plus grand défi de la nouvelle ère Hughes-Gorton.

Et dans l’ombre de ces négociations tendues, il faut se rappeler d’une chose : la transaction de Noah Dobson était peut-être la plus brillante de Kent Hughes… mais aussi celle qui a tout fait déraper.

Ce contrat à 9,5 M$ est devenu une malédiction invisible. Une référence empoisonnée. Une ancre. Un plafond de verre.

Et maintenant, ce plafond, Sean Coffey veut le faire exploser.