Ce matin, Montréal a explosé.
L’article de Pierre LeBrun a mis le feu aux poudres : Sidney Crosby, enfin, a parlé de Montréal. Pas un mot de travers, pas une rumeur inventée. Non. Crosby lui-même a reconnu l’amour qu’il reçoit du public du Centre Bell. Il a avoué avoir grandi comme partisan du Canadien. Et surtout, il a laissé planer une porte ouverte. Une phrase lourde de sens :
« Savoir qu’une équipe comme ça te veut, ce n’est pas la fin du monde. »
À peine ces mots publiés, TSN s’est empressé de mettre son grain de sel. Et là, on a atteint le sommet du ridicule.
Dans l’émission OverDrive, Jeff O’Neill et ses collègues se sont demandé ce que coûterait Sidney Crosby au Canadien. Et O’Neill, sans broncher, a osé dire qu’il échangerait Ivan Demidov.
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Oui, vous avez bien vu : le joyau de 19 ans, l’un des plus grands espoirs de la LNH, contre un joueur de 38 ans qui n’a plus que deux ou trois saisons dans le réservoir.
C’est grotesque. C’est une insulte à l’intelligence. Et c’est surtout une preuve que TSN n’a rien compris au rapport de force actuel.
Montréal tient le gros bout du bâton
Rappelons la réalité : Sidney Crosby n’est pas un joueur comme les autres. Si jamais il quitte Pittsburgh, ce n’est pas Kyle Dubas qui décidera. Ce sera Crosby et son agent Pat Brisson.
Et Brisson l’a dit noir sur blanc :
« C’est toujours une possibilité. »
Une phrase qui résonne comme un avertissement.
Crosby ne choisira pas parmi 32 clubs. Sa liste est connue : Colorado, Los Angeles et Montréal. Trois équipes, pas une de plus. Et si Crosby dit « je veux Montréal », Dubas n’aura aucun levier. Il devra respecter le souhait du capitaine. Point final.
Dans ce contexte, parler de sacrifier Demidov relève de la folie pure. Le Canadien ne se mettra pas à genoux. Hughes ne donnera pas son premier choix de 2026 (protégé pour Gavin McKenna). Il ne donnera pas Michael Hage. Il ne donnera pas David Reinbacher. Et surtout, il ne donnera jamais Ivan Demidov.
Mais attention : cela ne veut pas dire que Montréal obtiendra Crosby gratuitement.
Pittsburgh exigera un retour sérieux. Et le nom qui circule avec insistance, c’est celui d’Adam Engström.
Le défenseur suédois de 21 ans a fait tourner toutes les têtes à Laval. 27 points en 66 matchs, un coup de patin d’élite, une relance fluide, une intelligence rare pour son âge. Pascal Vincent l’a utilisé dans toutes les situations, et Engström a répondu comme un vétéran.
Kyle Dubas adore ce profil. Un défenseur suédois mobile, prêt pour la LNH, avec encore une marge de progression énorme. Pour lui, Engström est la pièce qui rendrait un échange acceptable.
Et là, Kent Hughes est face à un dilemme cruel.
Un package B… mais pas Demidov.
Le scénario le plus réaliste, c’est celui-ci :
Joshua Roy,
Owen Beck,
Un choix conditionnel de première ronde protégé, et peut-être un salaire à balancer (Josh Anderson?). Dommage que Brendan Gallagher soit indésirable sur le marché des transactions, et aussi nuisible sur la glace.
Engström devient alors la pièce maîtresse.
C’est un prix lourd, oui. Mais rien à voir avec Demidov ou Hutson. Parce que dans un monde où Crosby décide de sa destination, Pittsburgh n’a pas le luxe de demander la lune.
C’est là que TSN perd toute crédibilité. Dire que le Canadien devrait sacrifier Demidov, c’est ignorer deux réalités :
L’âge de Crosby. À 38 ans, il reste un joueur élite, mais pas pour dix ans. Peut-être pour deux ou trois. Échanger un joyau de 19 ans pour un vétéran en fin de carrière est dangereux et insensé.
Le rapport de force. Crosby n’est pas un joueur « à vendre au plus offrant ». Il dicte les règles. S’il dit Montréal, Hughes n’a pas à vider son coffre.
O’Neill et ses collègues peuvent bien faire de la radio-spectacle, mais leur sortie est une honte. Une insulte à l’intelligence des partisans.
Et c’est là toute la beauté de ce dossier. Parce que pendant que TSN délire, Montréal retient son souffle.
Imaginez la scène : date limite des transactions 2026, juste après les Jeux olympiques. Montréal est en séries, peut-être même candidat à la Coupe. Et soudain, la bombe : Sidney Crosby au Canadien.
Le Centre Bell exploserait. La ville serait en transe. Crosby, en bleu-blanc-rouge, ce serait le plus grand choc de l’histoire moderne du hockey québécois.
Au fond, ce débat autour de Sidney Crosby n’est pas un simple exercice de spéculation médiatique. C’est un test grandeur nature de la nouvelle position du Canadien de Montréal dans la LNH.
Pendant trop longtemps, l’organisation a couru après des miettes, mendiant des vétérans en fin de parcours ou vendant son futur pour une illusion de compétitivité. Cette fois, la situation est inversée : c’est le CH qui a le gros bout du bâton.
Parce que Crosby, malgré son aura, n’est plus qu’à une poignée de saisons de la retraite. Il a 38 ans, il ne pourra pas exiger la Lune. Les Penguins n’ont pas le luxe de dicter les termes d’un échange.
Si le capitaine veut Montréal, Dubas devra s’incliner. Point final. C’est la clause Crosby : un privilège rare, un pouvoir absolu qui transforme le rapport de force.
Et c’est là que Kent Hughes doit jouer finement. Le Canadien n’a pas besoin de céder Ivan Demidov ou Lane Hutson, encore moins Michael Hage ou David Reinbacher. Ces jeunes représentent la colonne vertébrale de la franchise pour la prochaine décennie. Les sacrifier pour deux printemps de Crosby serait une faute irréparable.
La réalité est que Montréal peut obtenir Crosby à rabais, simplement parce que la volonté du joueur pèse plus que toutes les colonnes de chiffres.
Et pour une fois, l’organisation doit résister aux sirènes du court terme : il est possible d’accueillir une légende sans trahir son futur.
À Pittsburgh, on parlera de trahison. De deuil. De fin d’époque. Les fans, déjà meurtris par des années de fiascos sous Kyle Dubas, verront leur icône partir… et ce sera vécu comme un arrachement. Mais à Montréal, ce sera l’inverse : un séisme positif, un électrochoc qui marquera l’histoire du hockey québécois.
Le choix appartient à Crosby. Et si, comme tout le laisse croire, son cœur bat encore pour le bleu-blanc-rouge de son enfance, alors l’opportunité sera historique. Ce sera le plus grand vol de l’histoire du Canadien : arracher Sidney Crosby à Pittsburgh, sans sacrifier son avenir.
Et ce jour-là, la honte ne sera pas à Montréal. Elle sera à Pittsburgh.
Et tout ça, sans avoir sacrifié Demidov. TSN devrait avoir honte.