Depuis des semaines, Kent Hughes tente de trouver une porte de sortie au dossier Carey Price.
Et, comme tout le monde le pressentait, c’est bel et bien avec les Sharks de San Jose que ça se joue. Mais les négociations sont loin d’être simples.
Au départ, San Jose demandait la lune : un choix de deuxième ronde en retour de l’absorption du contrat de 10,5 millions de dollars de Price. (mais 2 M$ en argent réel)
Trop cher, trop risqué, et Hughes a immédiatement fait savoir qu’il ne donnerait pas un tel prix. Mais voilà que la situation des Sharks complique encore plus le dossier.
San Jose compte déjà 49 contrats signés, soit un de moins que la limite maximale de 50 fixée par la LNH. Cela signifie que, pour accueillir Carey Price, les Sharks doivent absolument faire de la place, surtout qu'ils doivent encore signer Michael Misa.
Et au lieu de libérer un contrat de vétéran, ils tentent de refiler leurs plombiers de la AHL/ECHL à Montréal dans le cadre du deal.
C’est le journaliste Nicolas Cloutier (TVA Sports) qui a lancé la nouvelle bombe : deux noms précis circulent, ceux d’Artem Guryev et de Gannon Larocque.
Âgé de 22 ans, défenseur droitier, Gannon Larocque (sélectionné 103e au total, 4e ronde en 2021) devait être une pièce d’avenir pour l’organisation californienne. Mais les blessures ont ruiné son développement.
Deux opérations à la hanche, des saisons gâchées, et des statistiques quasi inexistantes en 2024-2025. Résultat : Larocque a disputé seulement neuf matchs dans la AHL avec les Barracuda, avant de retomber dans l’anonymat de la ECHL.
À 6 pieds 2, 201 livres, il avait le profil physique pour percer, mais il n’a jamais réussi à s’imposer dans la Ligue américaine. Pour plusieurs observateurs, il est devenu un contrat de trop, et San Jose essaie clairement de le passer au Canadien comme boulet contractuel.
Même constat du côté d’Artem Guryev, défenseur gaucher de 22 ans, choisi 135e au total (5e ronde en 2021). Avec son gabarit de 6 pieds 4 et 215 livres, il avait tout pour devenir une police de l’arrière-garde. Mais là encore, les blessures, l’inconstance et un style de jeu trop limité ont freiné sa progression.
En 2024-2025, Gouriev a disputé 47 matchs dans la ECHL et aucun dans la ligue américaine (signe qu’il n’était même pas jugé assez solide pour s’imposer dans la AHL à temps plein), accumulant surtout des minutes de pénalité.
Il est vu comme un défenseur de profondeur, incapable pour l’instant de s’imposer dans un rôle significatif, même dans la pauvre ECHL.
Voilà donc le véritable nerf de la guerre : si Hughes veut vraiment fermer le dossier Carey Price avec les Sharks, il devra accepter de récupérer ces contrats indésirables. En échange, San Jose pourrait baisser ses exigences, passant du fameux choix de 2e ronde réclamé au départ à un choix de 3e ronde en compensation.
Mais le dilemme est clair : accepter deux joueurs qui n’ont aucune chance réelle de percer à Montréal, juste pour alléger le casse-tête des Sharks, ou insister pour trouver un autre partenaire d’échange (Chicago, Pittsburgh) quitte à attendre encore.
San Jose sait qu’il est en position de force : ils doivent signer Michael Misa, leur joyau, mais ils n’ont plus d’espace contractuel.
Kent Hughes, lui, sait qu’il doit libérer le contrat de Carey Price pour obtenir la flexibilité salariale nécessaire afin d’ajouter un deuxième centre.
Résultat : une guerre d’usure où chaque camp tente de refiler ses problèmes à l’autre.
Si Guryev et Larocque finissent à Trois-Rivièresl, ce sera la preuve que Hughes a préféré encaisser des contrats « morts » plutôt que sacrifier un choix de deuxième ronde.
Mais pour la famille de Carey Price, le voir se faire échanger contre deux flops blessés avec un choix de 3e ronde aura forcément un goût amer.
Au-delà des chiffres, des cap hits et des choix de repêchage, il y a un homme, une famille. Angela Price a eu l’honnêteté d’admettre publiquement que ce feuilleton n’était pas facile à vivre.
Elle sait que Carey ne l’avouera jamais car il est trop fier, trop loyal, trop discret, mais que ça le gruge de voir son nom barouetté de Pittsburgh à Chicago en passant par San Jose comme s’il n’était plus qu’une ligne de comptabilité.
Chaque rumeur lui rappelle sa rechute, sa carrière écourtée, et ce vide qu’aucun trophée ne pourra combler. Oui, Price veut aider, oui, il a accepté de lever sa clause pour donner un peu d’oxygène à l’organisation, mais il y a un prix émotif qui se paie derrière les coulisses.
On oublie trop souvent que ce contrat symbolise aussi la douleur d’un champion incapable de rejouer. Alors, peu importe où ce papier sera refilé, nos pensées vont à Carey et à sa famille.
Parce qu’avant d’être un chiffre sur une masse salariale, il demeure une légende du CH… et un homme qui traverse l’une des épreuves les plus difficiles de sa vie.
Mais Geoff Molson n'en a que faire. Tout le monde dans l’entourage du Canadien sait que le président-propriétaire du club, Geoff Molson, n’a qu’une envie : en finir au plus vite avec ce dossier Carey Price.
Pour lui, c’est un cauchemar comptable qui n’a que trop duré. Chaque été depuis trois ans, il doit répondre aux mêmes questions, justifier les mêmes manœuvres de plafond salarial, se cacher derrière les subtilités de la LTIR.
Molson est un homme d’affaires, un bâtisseur, et il sait qu’il ne peut pas écrire une nouvelle ère tant que ce contrat plane comme une ombre sur la franchise.
On dit même qu’il est devenu le plus impatient de tous dans ce dossier. Il pousse, il presse, il aimerait que Hughes accélère les démarches. Il rêve du jour où le nom de Price ne sera plus associé à ses livres comptables, où il pourra, littéralement, ouvrir une bouteille de champagne dans son bureau et tourner la page d’un chapitre à la fois glorieux et douloureux de l’histoire du Canadien.
Molson n’oublie rien du joueur, de l’icône, de l’homme. Mais pour le dirigeant, le fardeau est trop lourd. E
t c’est cette tension-là, entre la patience calculée du DG et l’empressement assumé du propriétaire, qui rend le dossier encore plus explosif.