Nick Suzuki écarté des tirs de barrage: le scénario parfait pour Alexandre Texier

Nick Suzuki écarté des tirs de barrage: le scénario parfait pour Alexandre Texier

Par David Garel le 2025-11-24

C’est peut-être passé sous le radar pour la plupart des partisans, mais le symbole est immense.

Alors que Nick Suzuki a échoué pour une 13e fois consécutive en fusillade lundi dernier contre les Blue Jackets de Columbus, le Canadien de Montréal a annoncé la signature d’Alexandre Texier.

Le Français est justement reconnu pour sa créativité, sa précision et surtout… ses exploits en tirs de barrage. Et même si, officiellement, on parle d’une signature « de profondeur », il est clair que l’organisation cherche à corriger une lacune devenue embarrassante : le désastre des fusillades du capitaine.

Les chiffres sont sans pitié : Suzuki n’a pas marqué en fusillade depuis le 13 décembre 2023.

Treize tentatives, treize échecs.

Pour un joueur qui avait autrefois bâti sa réputation sur une feinte à la Pavel Datsyuk, aussi déstabilisante qu’élégante, c’est une chute spectaculaire.

Le problème, c’est que la Ligue l’a décodé. Sa feinte signature, celle où il déjouait les gardiens du bout du poignet, est devenue prévisible.

Aujourd’hui, Suzuki s’avance trop près du gardien, hésite à lever la rondelle, et finit par glisser la rondelle sur les jambières. Résultat : une efficacité de 0 % sur les deux dernières saisons complètes.

Et comme pour ajouter au malaise, ce dernier échec est survenu devant Doug Armstrong, le directeur général d’Équipe Canada, le même homme qui doit décider dans les prochains mois si Suzuki mérite encore d’être dans la liste olympique.

Le pire timing possible.

Et c’est là que la signature d’Alexandre Texier prend tout son sens.

Texier n’a pas été signé par hasard. Oui, il offre de la polyvalence et un jeu sans rondelle intelligent. Mais il amène surtout une arme que le Canadien n’a plus depuis longtemps : la créativité individuelle dans les fusillades.

Son but à une main reste encore aujourd’hui un classique viral sur YouTube.

Dans les ligues mineures comme en Europe, il a fait sa réputation sur sa capacité à battre les gardiens en un contre un, souvent avec des feintes inattendues.

Et ses feintes lui servent aussi en désavantage numérique. Son but contre Mark Stone a marqué la LNH:

Et Martin St-Louis le sait très bien : à force de perdre des points en fusillade, le Canadien a besoin d’une nouvelle option.

Texier incarne exactement cela: un joueur sans peur, sans routine, capable de surprendre.

Ce qui rend cette arrivée encore plus "crunchy", c’est le contexte international.

Le Canada, selon les dernières révélations de Pierre LeBrun, est sur le point d’ouvrir la porte à Macklin Celebrini et Connor Bedard pour les Jeux olympiques de Milan 2026.

Armstrong, BriseBois et Dubas, réunis neuf heures à Toronto, ont tranché : le bassin de joueurs canadiens est désormais réduit à 35-40 noms, et Celebrini-Bedard sont devant Suzuki dans la hiérarchie.

LeBrun l’a dit sans détour :

« Je ne pensais pas que le Canada va pouvoir prendre les deux jeunes. Présentement, je mettrais Celebrini un peu plus haut que Bedard, mais les dirigeants pourraient déccider de prendre les deux. »

Celebrini est déjà dans l’équipe. Et Suzuki, lui, en sort? Imaginez si Bedard est aussi choisi. Suzuki va prendre la porte de sortie?

Pendant que les jeunes prodiges deviennent des symboles du renouveau canadien, le capitaine du CH s’enlise dans une série de tirs ratés qui fait mauvais effet.

Et voilà que le destin s’amuse à ajouter une couche d’ironie : Alexandre Texier, nouveau venu à Montréal, jouera lui aussi aux Jeux olympiques, mais avec la France, qualifiée pour Milan après la suspension de la Russie.

Autrement dit, alors que Suzuki voit son rêve olympique s’éloigner, son nouveau coéquipier s’en rapproche.

Le Canadien, en signant Texier pour un an et un million de dollars, ne fait pas seulement une bonne affaire financière. Il fait un pari psychologique.

Texier apporte au vestiaire une dimension que Suzuki a perdue ces derniers mois : l’instinct offensif dans les moments clés.

Il ne s’agit pas de remettre en question le leadership du capitaine, mais de reconnaître que le Canadien a besoin d’une étincelle dans les fusillades, un domaine où il a échappé trop de points depuis deux saisons.

Suzuki, lui, a tout essayé : tir du revers, feinte de patin, déviation rapide… rien ne fonctionne.

Et quand un joueur comme Texier débarque, avec la réputation d’un spécialiste des “skills competitions”, il devient naturellement le plan B, voire le plan A.

Martin St-Louis, toujours attentif à la psychologie de ses joueurs, devra gérer ça avec finesse.

Caufield et Demidov (qui n'a toujours pas marqué) sont assurés d'être parmi les trois premiers. Et selon ce qui circule, Texier pourrait remplacer le capitaine comme premier tireur.

Le cas Suzuki dépasse la simple question des fusillades.

C’est un symbole d’un joueur complet, intelligent, respecté, mais qui perd sa touche décisive dans les moments qui définissent les grands.

Quand il s’avance en fusillade, on sent l’hésitation. Le corps veut feinter, la tête veut surprendre, mais la confiance n’y est plus. Et dans une ville comme Montréal, cette hésitation devient contagieuse.

Ce n’est pas un hasard si St-Louis a insisté publiquement, ces dernières semaines, sur le “jeu instinctif” et la “prise de décision rapide”. Ces messages, indirectement, s’adressent à son capitaine.

En attirant Texier, le Canadien envoie aussi un message à la Ligue : Montréal redevient une destination pour les joueurs sous-estimés, mais affamés.

Texier, à 26 ans, revient de loin (dépendance, exil en Suisse, échec à Saint-Louis), mais il arrive ici avec un objectif clair : se reconstruire dans un environnement qui valorise le travail et l’identité.

Et surtout... la créativité...

Et il va le faire avec un public qui parle sa langue, dans un marché où la passion peut transformer un joueur oublié en chouchou instantané.

Le Français jouera sans pression. Suzuki, lui, en portera deux : celle du leadership et celle de la rédemption en tirs de barrage. 

Si Nick Suzuki veut reconquérir sa place, autant dans le vestiaire qu’aux yeux de Hockey Canada, il devra faire ce qu’il n’a pas réussi à faire depuis deux ans : redevenir imprévisible.