Il y a des moments où un joueur arrête de jouer pour produire.
Il commence à marquer une époque. Nick Suzuki vient de franchir cette ligne. À genoux. Littéralement.
Samedi soir, contre les Flyers, le Centre Bell a retenu son souffle.
Le CH est en désavantage numérique. Suzuki glisse, tombe à genoux, mais ne lâche pas la rondelle.
Il se relève. Et BANG. But.
Un but qui résume tout ce qu’il est devenu : résilient, talentueux, imprévisible… et clutch.
Le genre de but qu’on voit une fois par saison.
Le genre de but qu’on ne voit jamais d’un joueur qui traîne encore des doutes autour de son statut.
Le capitaine que Montréal attendait depuis… 20 ans?
Depuis 2007-2008, Alex Kovalev et ses 84 points trônent seuls au sommet de la modernité offensive du Canadien.
Devinez qui est à 83 points, avec six matchs à jouer?
Nick. Suzuki.
Mais ce n’est pas qu’une histoire de statistiques.
C’est une histoire de momentum, de leadership, de timing.
Quand l’équipe en avait le plus besoin, Suzuki a élevé son jeu à un niveau qu’aucun centre du CH n’avait atteint depuis Saku Koivu.
Brendan Gallagher : “On savait que ça allait venir”
Après le match, Gallagher, 20 buts au compteur, avait la voix posée d’un vétéran qui sait qu’il est entre bonnes mains.
On s’est juste dit de rester patients. Qu’on avait ce qu’il fallait dans ce vestiaire pour aller chercher la victoire. La dernière fois à Philly, on a paniqué. Pas cette fois.
Et quand un journaliste lui demande si c’était une victoire sans leur A-game :
Non. Le PK nous a gardés dans le match, et après ça, on contrôlait tout. On savait que ça allait venir.
Traduction libre : “Nick Suzuki allait s’en charger.”
Samuel Montembeault : “Il est clutch”
Pas le genre à sortir des phrases chocs pour le plaisir, Monty y est allé simple, direct, lourd de sens :
Suzuki, il est clutch. Quand tu le vois aller à genoux en PK, garder la rondelle, se relever et marquer… tu sais que t’as un vrai gamer dans ton équipe.
Et le pire, c’est qu’il dit ça comme si c’était normal. Comme si Suzuki faisait ça tous les samedis.
Martin St-Louis : “Je veux même pas lui mettre de plafond”
Le coach a vu des grands. Le coach est un ancien grand. Et pourtant, devant les médias, il est resté admiratif, presque ému.
Je veux même pas parler de plafond. Je veux le regarder évoluer pis le laisser définir lui-même où il peut aller. C’est impressionnant ce qu’il fait. C’est un privilège d’être témoin de ça.
Et pour illustrer ce que Suzuki incarne, Martin a sorti sa philosophie fétiche :
Avant, on se faisait marquer un but et on paniquait. Là, c’est juste un faceoff au centre, puis on continue. What’s next.
“What’s next”. Trois mots simples. Mais dans la bouche de St-Louis, et dans les actions de Suzuki, ça devient une culture.
Lane Hutson aussi entre dans la discussion
Pendant que Suzuki réécrivait l’histoire à l’avant, Lane Hutson faisait de même à l’arrière.
Un but incroyable. Une première étoile méritée. Et un message clair envoyé à Matvei Michkov, qui était de l’autre côté de la glace : la meilleure recrue ce soir, c’était le petit défenseur du CH.
Mais même lui, même avec ce but, savait que la lumière appartenait à Suzuki.
Ce que Suzuki est en train de faire ne s’enseigne pas...
Il y a des gars qui font des points. Il y en a d'autres qui gagnent des mises en jeu. D’autres qui jouent en désavantage.
Suzuki fait tout ça en même temps. Tous les soirs.
Et il le fait avec une sérénité qui frôle l’arrogance. Mais c’est pas de l’égo. C’est du calme absolu. Un calme qu’il impose à tout le vestiaire.
S’il atteint 85 points…
Si Suzuki atteint ce fameux 85e point, il dépasse Kovalev. Et il établit une nouvelle norme pour un capitaine du CH moderne.
Mais même s’il ne l’atteint pas, le message est passé : Nick Suzuki est un joueur de concession.
Un premier centre digne de ce nom.
Un capitaine générationnel.
Il a effacé les doutes. À coups de passes laser. De replis défensifs. Et de buts à genoux.
Le CH entre en territoire dangereux
Parce qu’avec un Suzuki en feu, avec un Lane Hutson décomplexé, avec un Montembeault solide…
Le CH n’est plus une équipe de reconstruction.
C’est une équipe dangereuse.
Et si jamais ils font les séries…
tu peux être sûr que ça va commencer par là :
Nick Suzuki, à genoux, qui entre dans l’histoire.
AMEN