Vie personnelle de Nick Suzuki exposée: Montréal sans aucune pitié

Vie personnelle de Nick Suzuki exposée: Montréal sans aucune pitié

Par David Garel le 2025-12-22

Pauvre Nick Suzuki.

Il y a quelque chose de profondément cruel dans ce qui arrive au capitaine du CH en ce moment. Pas parce qu’il joue mal. Pas parce qu’il est devenu inutile. Mais parce qu’il est en train de payer le prix d’avoir toujours été fiable.

À Pittsburgh, le constat a frappé de plein fouet. Le premier trio a été pratiquement invisible. Suzuki n’avait pas de jambes, pas d’explosion et aucun mordant. Cole Caufield n’a jamais trouvé d’espace. Zachary Bolduc a flotté. Et pourtant, quand le match s’est décidé en tirs de barrage, Martin St-Louis a encore envoyé son capitaine.

On connaît la suite. Un échec. Encore...

Nick Suzuki est maintenant 0 en 15 à ses 15 dernières tentatives en tirs de barrage. Ce n’est plus un échantillon. Ce n’est plus un hasard. Et surtout, ce n’est plus silencieux. Tout le monde en parle. Les partisans, les analystes, les réseaux sociaux, les dirigeants adverses... les dirigeants olympiques aussi.

Et là où ça devient dur, c’est que Suzuki n’a jamais été un gars flashy. Il ne compense pas par des gestes spectaculaires quand l’énergie n’est pas là. Son jeu repose sur la lecture, le timing, la constance et la gestion de l’effort. Quand il est fatigué, tout se voit.

Or, Suzuki est fatigué. Ça saute aux yeux.

Il n’a jamais manqué un seul match depuis le début de sa carrière dans la LNH. 491 matchs consécutifs. Aucun repos forcé. Aucune pause. Aucun reset. Il a toujours été là. Pour le club. Pour les entraîneurs. Pour les coéquipiers. Pour le vestiaire. Pour les partisans.

Et aujourd’hui, cette loyauté se retourne un peu contre lui.

On parle de sa séquence en tirs de barrage. On parle de sa baisse de domination à 5 contre 5. On parle du fait qu’il a l’air plus lent dans les coins.

On parle du lancer bloqué qui lui a fait mal au pied il y a quelques semaines. On parle de la fatigue mentale. On parle même, et c’est là que ça devient cinglant, de son bébé à venir.

Ouch. Nick Suzuki attend la naissance de son premier enfant au printemps, exactement au moment où la saison entre dans son corridor le plus exigeant : la course aux séries, les matchs serrés, les minutes lourdes.

Suzuki n’a jamais levé le pied depuis son arrivée dans la LNH, et cette nouvelle réalité personnelle, aussi heureuse soit-elle, ne lui offrira pas plus de repos.

Au contraire. Les nuits écourtées, l’énergie mentale sollicitée ailleurs que sur la glace, tout ça s’ajoute à une charge déjà immense.

Ce n’est pas une critique, c’est un fait humain. Et quand on regarde la fatigue qu’il traîne déjà, on est en droit de se demander dans quel état il arrivera au printemps, si le Canadien est encore dans le mix.

Si vie personnelle est devenue un facteur de performance à débattre sur la place publique.

C’est là que Nick Suzuki commence à perdre quelque chose de précieux : l’indulgence collective.

Les partisans du Canadien, qui l’ont porté comme capitaine modèle, commencent à dire tout haut ce qu’ils n’auraient jamais osé dire l’an dernier :

« Peut-être qu’il ne devrait même pas aller aux Olympiques. »

Pas par méchanceté. Par inquiétude. Par fatigue partagée.

Parce que le Canadien, en ce moment, a besoin du Suzuki de l’an dernier. Celui qui dictait le rythme. Celui qui contrôlait un match sans avoir besoin de points. Celui qui rendait les autres meilleurs simplement par sa présence.

Or, ce Suzuki-là apparaît par flashes seulement.

Et pendant ce temps, le contexte olympique rend tout encore plus lourd. Les dirigeants canadiens observent. Les comparaisons s’accumulent. Macklin Celebrini et Tom Wilson, qui étaient en lutte avec Suzuki, sont assurés de faire l'équipe canadienne selon Pierre LeBrun.

Les candidats pour les derniers postes arrivent avec de l’énergie, de la fraîcheur, de l’insouciance. Suzuki, lui, arrive avec des kilomètres dans le corps.

Ce n’est pas une faute. C’est une réalité.

Ce qui est dur à avaler, c’est que Nick Suzuki ne triche pas. Il ne se cache pas. Il ne demande pas de congé. Il continue d’affronter les meilleurs trios. Il continue de prendre les mises au jeu défensives. Il continue de jouer contre les Crosby, les McDavid, les Matthews. Et plus il s’use, plus on lui reproche de ne plus briller.

C’est le paradoxe du capitaine fiable.

Il ne s’effondre pas assez pour qu’on lui donne un break. Il n’excelle plus assez pour qu’on ferme les yeux.

Alors il se retrouve dans un entre-deux inconfortable, où tout le monde parle de lui, mais rarement avec tendresse.

Nick Suzuki ne connaît pas une mauvaise saison. Il connaît une saison humaine. Une saison où le corps et l’esprit rappellent qu’ils ne sont pas inépuisables. Une saison où le statut de capitaine devient un poids plutôt qu’un bouclier.

Et c’est peut-être pour ça que, tranquillement, une idée impensable commence à circuler :

Et si ne pas aller aux Jeux olympiques était finalement une bénédiction déguisée ?

Pas pour son ego. Pour sa longévité. Pour sa santé. Pour le Canadien.

Parce que si le CH veut aspirer aux séries, il n’a pas besoin d’un Suzuki héroïque en février à Milan. Il a besoin d’un Suzuki plein en mars et avril à Montréal.

Et en ce moment, Nick Suzuki n’a pas l’air plein. Il a l’air vidé.

Le pire dans tout ça ? C’est qu’il continue quand même. Comme toujours. Sans se plaindre. Sans excuses. Sans détour.

Et c’est précisément pour ça que cette période est aussi dure à regarder.

Parce que quand tout le monde commence à douter d’un gars qui a toujours répondu présent, ce n’est pas lui qui a changé en premier. C’est le contexte autour de lui.

Et ce contexte-là, en ce moment, n’est pas tendre avec Nick Suzuki.