Noah Dobson : l’assurance-vie que Lane Hutson attendait depuis ses débuts

Noah Dobson : l’assurance-vie que Lane Hutson attendait depuis ses débuts

Par André Soueidan le 2025-11-23

Personne n’en parle. Personne ne s’emballe. Personne ne crie au miracle.

Pendant que Dobson affronte les premiers trios adverses, qu’il mange les mises en jeu défensives et qu’il avale les minutes lourdes aux côtés de Mike Matheson, Hutson profite d’un environnement allégé où il peut faire ce qu’il fait de mieux : attaquer, feinter, créer, jouer librement sans porter la responsabilité écrasante du “shutdown”.

Dobson ne joue pas avec lui, mais il joue pour lui....et c’est ça toute la nuance que personne ne remarque.

Dans un Centre Bell en ébullition, Noah Dobson vient de livrer l’un de ses matchs les plus complets depuis son arrivée à Montréal : deux buts, dont la finition appartient à Dobson, le calme aussi, et la constance surtout.

La fiche ne ment pas. Trois buts, douze passes en vingt-et-une rencontres.

Quinze points qui, à ce rythme, l’amènent vers une saison autour de cinquante, voire soixante points si la machine continue de tourner comme elle tourne.

Et pendant qu’on s’extasie, à juste titre, devant la magie d’Hutson, la vérité crue est que sans Dobson, cette magie-là serait beaucoup plus risquée, beaucoup plus exposée, beaucoup plus fragile.

Dobson a retrouvé ce qu’il avait perdu à Long Island : de la liberté.

Le gars ne cherche pas les projecteurs, il cherche l’équilibre. Il a parlé d’un match “énergique”, d’un groupe qui “reste connecté”, d’un environnement où il peut jouer “à toutes les sauces” sans se sentir obligé de forcer le jeu.

Cette tranquillité-là, on ne la fabrique pas. On la voit, ou on la manque.

Noah Dobson n’a pas cherché à voler le spotlight après sa performance de deux buts.

Comme d’habitude, il a expliqué sa soirée avec une sobriété presque désarmante.

« C’était simplement un beau jeu de passes. Slaf a fait un super jeu vers Demidov, et Demi a tellement bien vendu le tir qu’il me l’a pratiquement mis sur un tee », a-t-il raconté en décrivant son deuxième but.

Une phrase qui résume parfaitement sa personnalité : pas d’esbroufe, pas d’autopromotion… juste un défenseur qui fait tout correctement.

Il est même allé plus loin dans la déconstruction de sa lecture du jeu :

« J’essayais juste de toucher la cible, et encore une fois, c’est un super jeu de leur part. Un gros but, et je suis content d’avoir contribué. »

Rien d’autre. Pas de prétention. Juste l’efficacité clinique d’un gars qui comprend que le système marche quand tout le monde joue la bonne note.

Et quand on lui a demandé comment il avait choisi le moment exact pour sauter dans le cercle et compléter la séquence, Dobson a expliqué :

« J’essayais simplement de lire si Slaf avait la possession, s’il allait envoyer la rondelle en fond de territoire ou non. Dès que j’ai vu qu’il avait tout le temps voulu, j’ai juste essayé de me joindre au jeu le plus vite possible. »

Enfin, interrogé sur la performance collective, il a résumé la clé avec la même lucidité :

« On a joué avec beaucoup d’énergie, beaucoup de vitesse. On a rendu la soirée difficile pour eux. En jouant une game profonde, en forecheckant, tout s’ouvre en zone offensive. »

Ce n’est pas juste un gars qui fait ses minutes. C’est un défenseur qui comprend le pourquoi derrière le comment.

L’an dernier, Dobson terminait la saison à moins-16. Cette année? Plus-2.

Même opposition, même responsabilités contre les meilleurs trios adverses… et soudain, le jeu semble moins lourd.

La présence de Mike Matheson lui ouvre de l’espace, mais c’est son calme intérieur qui fait la différence. Un calme dérangeant, même, pour une équipe qui a passé les dernières saisons à vivre dans le chaos.

Et puis, il y a la comparaison impossible à éviter : Lane Hutson. Trois buts, quinze passes. Dobson?

Trois buts, douze passes. Dans les faits, ils produisent presque au même rythme. L’un fait tourner les têtes, l’autre stabilise les tempêtes.

L’un charme la foule, l’autre rassure l’organisation. L’un joue comme un prodige de 21 ans, l’autre comme un vétéran de 25 déjà habitué à absorber la pression des minutes lourdes.

Sans Noah Dobson, Hutson serait obligé de jouer le rôle qu’on veut absolument éviter de lui donner trop tôt : celui du pilier.

Le Canadien sait très bien qu’il doit protéger son joyau.

Dobson permet exactement ça. Il avale 22 minutes 44 en moyenne, joue en avantage numérique, en désavantage numérique, ferme la porte à droite, ouvre les lignes de passe et laisse Hutson respirer, littéralement.

Hier encore, quand on lui a posé la question sur ses deux buts, sa réponse était d’une simplicité désarmante : jamais centré sur lui, toujours recentré sur l’équipe.

Le genre de discours qu’on associe aux défenseurs qui vieillissent bien. Ceux qui jouent quinze ans. Ceux dont on réalise la valeur seulement quand ils ne sont plus là.

Montreal s’est cherché un stabilisateur pendant des années. Une valeur sûre. Un gars qui peut compenser la fougue, équilibrer l’audace, absorber le chaos.

Ce rôle-là, ce costume-là, cette responsabilité-là… Dobson la porte déjà.

Et pendant que la planète CH se projette constamment vers le futur,  Demidov, Hutson, Slafkovsky...  quelqu’un vient discrètement de s’incruster dans le présent : un défenseur complet, constant, dangereux quand il le faut, invisible quand il doit l’être.

Noah Dobson ne fait pas de bruit.

Mais il fait gagner.

Et pour Lane Hutson, c’est peut-être exactement ça… la vraie définition d’une assurance-vie.

AMEN