Disparition des Nordiques: Geoff Molson pris la main dans le sac

Disparition des Nordiques: Geoff Molson pris la main dans le sac

Par David Garel le 2025-12-08

Le journaliste de Sportsnet, Eric Engels, a lancé la bombe avec une simplicité presque innocente : la LNH envisagerait finalement de permettre à l’Avalanche de porter le chandail bleu des Nordiques lors du match du 29 janvier au Centre Bell.

Et Geoff Molson, questionné sur le sujet, a répondu avec un sourire "de poker" qu’il « n'avait pas été contacté », mais qu’il « approuverait volontiers » si la LNH le demandait.

Sauf qu’en coulisses, la vérité qu’il tentait de tenir sous la table depuis des années venait de lui exploser au visage.

Car au même moment où Molson jouait l’homme ouvert, prêt à collaborer, Michel Therrien et Jean Martineau, deux figures qui connaissent par cœur les dessous du hockey québécois, ont dévoilé publiquement ce que le Canadien refuse d’avouer depuis quinze ans : Geoff Molson ne veut pas des Nordiques. Il ne veut pas de leur retour, ni de leur symbole, ni de leur héritage. Et il préfère mentir plutôt que de l’assumer.

Therrien l’a dit sans détour, dans une phrase qui a dynamité une décennie de demi-vérités :

« Le groupe de propriétaires du Canadien… ils ne veulent pas des Nordiques. Mets-toi à sa place. Il ne peut pas sortir et dire ça. »

Cette phrase, c’est la pierre tombale de toutes les déclarations publiques de Molson depuis son arrivée à la tête du CH.

Et quelques heures plus tard, c’est Jean Martineau qui est venu confirmer la même réalité avec un détail accablant :

Joe Sakic avait personnellement contacté le Canadien cet été pour obtenir le feu vert afin de porter le chandail des Nordiques au Centre Bell. Et Montréal n’a jamais rappelé.

« Et on attend encore un retour d’appel », a lancé Martineau, qui a été directeur des communications des Nordiques, puis a suivi l’organisation au Colorado, où il est devenu pendant près de trois décennies le vice-président des communications et l’un des cadres les plus influents de l’Avalanche.

Proche collaborateur de Pierre Lacroix, puis de Joe Sakic, il connaît intimement les relations entre l’Avalanche, le Canadien et la LNH.

Lorsque cet homme, reconnu pour sa discrétion et son sérieux, affirme publiquement que Joe Sakic a contacté le Canadien cet été pour obtenir la permission de porter le chandail bleu au Centre Bell et que Montréal n’a jamais retourné l’appel, il ne s’agit plus d’une spéculation ni d’une interprétation médiatique : c’est une information provenant de quelqu’un qui a vécu au cœur de la structure décisionnelle de la franchise depuis 1995.

Et si Martineau ajoute que « c’est encore difficile pour le CH quand il est question des Nordiques », c’est parce qu’il parle d’une réalité qu’il a observée pendant trente ans.

Le Canadien a ignoré l’Avalanche. Délibérément.

Martineau l’a exprimé sans détour: le territoire québécois est toujours considéré comme un monopole montréalais, et tout geste qui redonne la moindre respiration à l’identité des Nordiques est perçu comme une intrusion. Les Nordiques n’existent plus, mais leur fantôme dérange encore autant qu’en 1985.

Et pendant que Sakic tend la main, Molson la garde dans sa poche.

La vérité, pourtant, n’est pas nouvelle. En 2017, lorsque la LNH a ouvert la porte à l’expansion, Geoff Molson a voté contre l’entrée de Québec, préférant Vegas, préférant préserver son territoire, préférant tuer dans l’œuf toute résurgence possible d’un rival provincial.

Mais aujourd’hui, pris de court par l’aveu de Therrien et l’exposé de Martineau, Molson tente soudain de réécrire l’histoire.

Ce soir, il est présenté comme un homme ouvert, un promoteur du retour des Nordiques, un grand conciliateur. Une mise en scène d’autant plus grotesque que ses propres archives, ses votes, ses décisions, ses silences, racontent exactement le contraire.

« J’ai toujours dit que si un jour il y a un vote, mon vote sera pour », affirme-t-il.

Molson ne contredit pas seulement Therrien. Il se contredit lui-même.

Et plus il parle, plus il s’enfonce.

Car lorsqu’un ancien coach, un homme qui a vécu dans son organisation, affirme publiquement que le propriétaire du CH ne veut pas des Nordiques, la réaction normale serait une défense publique, une explication, ou un minimum de transparence.

Molson, lui, choisit la diversion. Il choisit de prétendre que tout cela n’existe pas. Et que, finalement, il est l’allié d’un retour qu’il a lui-même freiné pendant des années.

Comme si la vérité n’avait pas déjà été dévoilée par ceux qui l’ont vu agir de près. Comme si Martineau avait inventé son histoire d’appel ignoré. Comme si Therrien n’avait pas risqué sa réputation en révélant l’hypocrisie institutionnelle du CH.

Dans cette lumière nouvelle, sa réponse à Eric Engels devient le symbole parfait de sa stratégie : faire semblant d’être ouvert pour mieux cacher qu’il a fermé toutes les portes.

« On me demande et je dis oui… »

Il dit « oui » pour la galerie. Il agit « non » dans les coulisses. Et depuis quinze ans, il joue simultanément les deux rôles.

Mais cette fois, les masques tombent.

Et l’homme qu’on découvre n’est pas un bâtisseur de rivalité, ni un promoteur du hockey québécois, mais un propriétaire obsédé par la protection de son empire économique, incapable d’assumer publiquement ce qu’il a toujours fait en privé.

Mais le public n’est plus naïf.

On voit un propriétaire qui s’est fait prendre la main dans le sac, et qui tente désespérément de sauver la face avant que les caméras s’allument.

Geoff Molson, aujourd’hui, se retrouve face à une vérité qu’il ne peut plus maquiller : les Nordiques n’existeront jamais tant qu’il sera en place, pas parce que la LNH ne veut pas de Québec, mais parce que lui n’en veut pas.

Et plus Molson tente de nier, plus il confirme ce que tout le monde a enfin compris.

Le Canadien n’a jamais voulu partager le Québec. Et Geoff Molson n’a jamais voulu des Nordiques.

Pas hier, pas aujourd'hui... et pas demain...