Résurrection des Nordiques : un frisson traverse la ville de Québec

Résurrection des Nordiques : un frisson traverse la ville de Québec

Par André Soueidan le 2025-10-10
nordiques

C’est arrivé en douce, comme une claque de nostalgie dans la face.

L’Avalanche du Colorado a levé le voile sur son troisième chandail : un uniforme bleu azur, orné du logo mythique des Nordiques.

Pas un clin d’œil. Pas un hommage discret.

Une véritable résurrection.

Dans les images publiées par l’organisation, on distingue clairement la fleur-de-lis, les teintes d’un bleu d’un autre temps et ce N courbé qui, pour toute une génération, ne voulait dire qu’une chose : Québec.

Le choc est immédiat.

Les réseaux explosent.

Les partisans de la vieille garde sentent quelque chose remonter ... une chaleur dans la poitrine, une colère dans la gorge.

Parce qu’au fond, ce n’est pas qu’un chandail.

C’est une cicatrice qu’on vient de rouvrir.

À Denver, on parle d’un geste “historique”, d’une façon de souligner les 30 ans de l’Avalanche, née de ce déménagement brutal de 1995.

Les dirigeants de l’équipe, eux, parlent de “reconnexion avec leurs racines”.

Sur les blogs locaux comme Colorado Hockey Now, on évoque une initiative marketing, un coup de génie pour relier passé et présent, réveiller la passion autour du club.

Mais pour le Québec, ce n’est pas une célébration.

C’est une invasion.

Car au moment même où le chandail bleu refait surface, à des milliers de kilomètres de la colline Parlementaire, le souvenir des Nordiques reprend vie.

Les partisans québécois en parlent comme d’un fantôme qui revient hanter la LNH.

Sur les forums, les commentaires se succèdent :

« Ils n’ont pas le droit. »

« C’est comme si on volait notre passé pour le revendre. »

« Je pensais que j’étais rendu ailleurs… mais là, j’ai mal. »

Et c’est là tout le paradoxe : à Denver, on voit de la fierté; à Québec, on ressent une trahison.

Le même logo, deux histoires diamétralement opposées.

Les fans du Colorado célèbrent la beauté du design, l’hommage au hockey d’antan.

Les fans du Québec, eux, voient le symbole de ce qu’on leur a arraché — et qu’on ose maintenant réexhiber, comme une relique d’un autre peuple.

Ce maillot, pourtant, est superbe.

Les premières images montrent un tissu plus clair que celui de la série “Reverse Retro” de 2022, où l’Avalanche avait simplement adapté le logo des Nordiques à ses couleurs bordeaux et bleu marine.

Cette fois, c’est le vrai bleu, le vrai blanc, le vrai rouge.

Le vrai logo.

Sans filtre, sans compromis.

Et surtout, sans le mot “Québec”.

Pour plusieurs, c’est plutôt une plaie qu’on gratte sans remords.

Pendant ce temps, à Québec, les radios s’enflamment.

Les animateurs parlent d’“insulte”, de “provocation”, de “cruauté corporative”.

Mais d’autres y voient une reconnaissance involontaire : preuve que les Nordiques n’ont jamais vraiment disparu.

Preuve qu’ils habitent toujours le cœur collectif, qu’ils existent encore dans les couloirs de la mémoire, entre la rivalité et la tendresse.

Et c’est là que réside la vraie magie ... ou la vraie douleur ... de cette histoire.

Quand un simple chandail réveille tout un peuple, c’est qu’il n’a jamais cessé d’exister.

Quand un logo fait battre plus fort les cœurs d’une province entière, c’est qu’il représente plus qu’une équipe de hockey.

Alors oui, le 29 novembre prochain, quand le Canadien débarquera à Denver, la scène risque d’être surréaliste.

Les fleurs-de-lis flotteront sur les épaules de ceux qui les ont un jour arrachées à Québec.

Le bleu des Nordiques brillera dans une autre patinoire, sous d’autres bannières.

Et quelque part, dans les bars du Vieux-Québec, des partisans regarderont ça en silence, les yeux un peu humides, le cœur un peu serré.

Parce qu’ils le savent : on ne ressuscite pas les Nordiques sans ressusciter le Québec.

Misère...

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